Marie Akaneya : le premier sumibiyaki de Paris où le bœuf de Kobe atteint l’excellence
Derrière sa façade en bois brut éclairée par une simple lanterne, ce restaurant japonais pourrait presque passer inaperçu. Il est de ces lieux discrets, presque effacés, qu’on ne remarque pas. Et pourtant. Niché dans une petite rue tranquille à l’ombre de la Madeleine, ce restaurant du 9ᵉ arrondissement promet une échappée culinaire hors continent. Car Marie Akaneya, ouvert au printemps 2023, marque une première dans la capitale : il s'agit du tout premier sumibiyaki de Paris (un barbecue japonais sublimant des produits de première qualité) ainsi que du premier restaurant en dehors du Japon à servir la précieuse viande d’Ito Ranch, une ferme emblématique la plus primée et exclusive du pays. Leur trésor ? Le Matsusaka Beef, un bœuf à robe noire considéré comme l’une des trois meilleures viandes du Japon pour sa tendreté et son persillage incomparables. Les vaches de Matsusaka sont élevées pendant 30 à 32 mois, une durée plus longue que n’importe quel autre bétail de l'Empire du soleil levant, où la moyenne d'élevage se situe entre 24 et 30 mois. Et pour cause, ce bœuf veiné d’un gras fin atteint des prix stratosphériques, dépassant parfois 5,000 € le kilo...
Mais l’exclusivité, comme souvent, ne connaît pas de limites. Derrière les fourneaux, les chefs Chiho Murata et Ignasi Elias vont encore plus loin en introduisant un autre trésor de l’archipel nippon : le ‘muskmelon’ Crown Melon de Fukuroi. Autre star incontestée de l’agriculture japonaise, ce melon élevé à un rang quasi mystique est cultivé à la main pendant une centaine de jours, chaque arbre étant sacrifié au profit d’un seul fruit pour concentrer tous les nutriments possibles. Symbole de luxe absolu, on évoque un prix qui rivalise avec celui de la haute joaillerie. Vous avez dit exclusif ?
L’expérience commence de manière presque cérémonielle : il faut d’abord sonner, attendre et patienter quelques instants. Finalement, une porte vitrée s’ouvre sur deux espaces feutrés, protégés par des rideaux opaques et des paravents. L’atmosphère est celle d’un sanctuaire où l’on murmure. 11 tables sont disposées avec précision, au centre desquelles repose un barbecue encastré – machine silencieuse et fonctionnelle - qui attend les convives. Le décor, signé par la cheffe Chiho Murata, le cabinet d’architectes C97 et Arno Suzuki, mêle minimalisme fonctionnel japonais et esthétique traditionnelle de Kyoto : rien ne dépasse, rien ne distrait. Le personnel, vêtu de kimonos, ajoute au dépaysement total.
Mais c’est surtout dans l’assiette que l'esthétique du lieu prend son sens. Ce soir, le menu Fukuroi est à l’honneur : le sommet d’une gastronomie japonaise qui refuse tout compromis, avec des pièces comme le Matsusaka Beef A5 BMS12 d’Ito Ranch et le légendaire Crown Melon de Fukuroi. La cuisson, réalisée exclusivement au charbon binchotan préserve la pureté des saveurs. Ici, le rituel est unique : on grille soi-même chaque fine tranche de bœuf wagyu – Kobé, Omi, Matsusaka – directement sur les braises à la chaleur ardente.
Le dîner commence avec le rumsteak (ichibo), délicat et tendre, suivi de la surcôte (zabuton no tataki), fondante avec des notes subtiles. La hampe (harami) apporte une texture plus charnue, tandis que le faux-filet (shimofuri) impressionne par son persillage exceptionnel. Enfin, l’incontournable Matsusaka Beef A5 d’Ito Ranch, proposé en coupe du jour et en nigiri (comprenez sushi), clôt le festin carnassier. Sans artifices, juste une pincée de sel ou un peu de wasabi pour sublimer une viande qui fond littéralement en bouche et se suffit à elle-même. Au fil du repas, la viande sera accompagnée d’haricots de soja grillés légèrement fumés, de riz vinaigré et d’un hotpot de légumes et champignons. En prélude au dénouement, une mousse aérienne au thé matcha dévoile un cœur au fruit de la passion et aux baies (Howaitochoko no mori). Puis arrive le moment tant attendu, la consécration tranquille : le Crown Melon de Fukuroi (Kuraunmeron) se présente en tranches. Sa douceur pure et rafraîchissante effleure le palais et conclue le repas avec une simplicité presque désarmante.
Ce qu’il faut retenir
A Marie Akaneya, le wagyu est roi : Kobé, Omi et Matsusaka. Les trois viandes les plus prestigieuses du Japon se retrouvent sur la même table, et goûter aux trois lors d’une soirée est un privilège rarissime.
Les prix ?
Les menus s'entendent pour 2 personnes minimum
- Menu Akaneya : 120 €
- Menu Fukuroi (avec le melon Shizuoka Crown Melon) : 180 €
- Menu Sansekai : 520 €
Marie Akaneya
12 Rue Godot de Mauroy, 75009 Paris
marieakaneya.com