On a testé Es Saadi, palace historique et gourmand de Marrakech

Le pitch

En feuilletant l’histoire du Es Saadi, c’est une saga haute en couleurs avec Marrakech en vedette qui se déroule sous nos yeux… Dans les années 50, le jeune entrepreneur Jean Bauchet, ancien acrobate dirigeant alors le Lido, le Moulin Rouge et le Casino de Paris, achète un terrain de 8 hectares dans le quartier de l’Hivernage, non loin de la célèbre Mamounia. En véritable visionnaire, épaulé par sa femme Henriette, ex « Bluebell Girl », il décide d’y ériger un casino et une salle de spectacles. Dès son inauguration en 1952, où l’on croise Henri Salvador, Charles Aznavour, Joséphine Baker, Maurice Chevalier... le succès est au rendez-vous : tout le gratin de la planète, des têtes couronnées au monde du spectacle, se presse au casino.

Pour héberger ce beau monde, les Bauchet inaugurent en 1966 un hôtel de luxe à Marrakech, le Es Saadi, un nom qui signifie « le bienheureux », d’après le nom de la dynastie au pouvoir à l’époque où Marrakech était la capitale du Maroc. C’est là qu’entre en scène, sous l’impulsion de son père, Elisabeth Bauchet, 23 ans, qui se destinait à être interprète. Une carrière qu’elle n’embrassera jamais, devenant la toute jeune directrice de l’hôtel 5 étoiles. Quelques années plus tard elle se marie à Jamil Bouhlal qui, après avoir étudié à Paris, était alors secrétaire général des chemins de fer du Maroc. Avec ce dernier, féru d’art, elle initie une formidable collection d’art marocain contemporain. Ensemble, ils développent l’entreprise familiale en imaginant le Palace inauguré en 2007 et, cachés dans le parc, 8 ksars et 10 villas toutes différentes (de 110 à 260 m²), chacune dotée d’une piscine. Aujourd’hui, leur fils Jean-Alexandre et sa femme, Caroline, qui dirige le spa, ont rejoint Elisabeth aux commandes des divers établissements.

Comment est l’hôtel ?

On parlera ici plutôt d’un resort abritant deux hôtels : le Es Saadi historique et le Palace plus récent, 2 spas, 7 restaurants et un casino avec la boîte de nuit Il Theatro, créée en 2003 par Jean-Alexandre dans l’ancienne salle de spectacles où 30 performeurs se relaient sur scène chaque soir. Ambiance garantie, on comprend pourquoi elle a été élue meilleur club d’Afrique en 2023 ! 

Au Es Saadi on trouve 135 chambres et 15 suites (de 35 à 85 m² avec loggia). Les rénovations successives ont su conserver son cachet authentique affichant une déco d’inspiration marocaine mâtinée de design. On aime la palette de couleurs, affichant tons pastel et acidulés, typique du look californien des 60’s. Depuis la vaste terrasse, entièrement repensée et restaurée en 2022, ornée de parasols et de lits de repos orange, on admire la piscine et son île où trône un palmier, devenu l’emblème de l’hôtel-spa à Marrakech. Au palace, l’architecte marocain Aziz Lamghari a recréé l’ambiance d’un palais des Mille et Une Nuits en mixant artisanat proche-oriental et hispano-mauresque, un étonnant métissage pour un résultat époustouflant. Dès le lobby le la est donné : 17 m de hauteur et 12 m de diamètre. Sous l’immense coupole ce n’est que profusion de marbre, zelliges, bois sculpté ou « gebs », le plâtre marocain ouvragé. Un balcon mezzanine dominant le lobby abrite la fameuse sélection d’œuvres d’artistes marocains réunie au fil des ans par Elisabeth Bouchet-Bouhlal. 

Enfin, on citera l’incroyable spa du palace. Sur 3 000 m², construit autour d’un eucalyptus centenaire, il abrite 15 cabines de soins dont une « Spa Suite », une salle de repos avec lits à eaux, 6 hammams marocains et un Dior Institut pour la première fois en Afrique du Nord, sans oublier un salon de coiffure et un barber shop.

Comment sont les chambres ?

Au palace, tout au long des 84 suites de 70 à 180 m², on remarque le mobilier affichant un esprit marocain : coffres, tapis, banquettes avec de gros coussins et les portes en bois sculpté venant d’Inde. Très bon point : elles bénéficient toutes d’une terrasse dotée de meubles en teck, avec vue sur le parc, la piscine-lagon et au loin sur la chaîne de l’Atlas. Les vastes salles de bains au look raffiné s’habillent de marbre et tadelakt et offrent baignoire et douche séparée. On a apprécié les produits d’accueil aux plantes arrivant droit de la vallée de l’Ourika, réminiscence d’un Maroc authentique. Ultime touche de raffinement : les toiles d’artistes marocains disséminés sur les murs.

La chambre à booker ?

Une des suites d’angle du Palace avec leur double orientation, une ou deux terrasses et deux espaces bien distincts.

Et la table ? 

Atout de taille du lieu : ses sept restaurants. Au restaurant « historique » de l’hôtel Saadi, l’ambiance se la joue élégante et feutrée : nappes blanches, fauteuils en velours, on se régale au son d’un piano des créations du chef Mohammed Mazgour. La carte propose aussi bien filet de bœuf au poivre vert flambé, carré d’agneau rôti en croûte d’herbes que briouates de poisson, tajines de poulet aux citrons confits, le tout agrémenté des légumes arrivant droit du potager du bled de 23 hectares, propriété de la famille. Entre deux parties de roulette ou de poker les joueurs filent à l’Épicurien. On y découvre des spécialités italiennes ou marocaines et une très bonne carte de brasserie.

Envie de cuisine vénitienne ? Au Palace, les fruits de mer règnent au restaurant Othello. Au menu : sardine alla veneziana, linguine alle vongole, fritures de calamars… Et, pour déjeuner dehors, la nouvelle table Lagon et Jardins menée par le chef Moulay Rachid Fadili, marie une cuisine à la fois saine et gourmande. Comme le prouvent les salades de légumes bio cultivés dans la ferme. Enfin on votera une mention très spéciale à la Cour des Lions. En pénétrant dans ce restaurant perché au 3^e étage du Palace, bordé de baies vitrées, on reste bluffé par le spectaculaire décor imaginé par l’architecte Aziz Lamghari. Ce dernier s’est inspiré de l’Alhambra de Grenade : voûtes d’ogives, suspensions en métal, marbres, rosaces et corniches en dentelles de plâtre, on s’y croirait ! Le tout bordé d’une immense terrasse offrant une vue superbe sur les jardins et l’Atlas. On embarque pour une expérience gustative qui met en scène les saveurs du Maroc et la qualité des produits cultivés toujours dans la ferme familiale bio, le Potager du Bled.

Les festivités commencent avec une harira, la soupe traditionnelle marocaine ou un zaalouk : une purée d’aubergines, tomates, coriandre fraîche et citron confit, mention spéciale pour les doigts de la mariée, de fines feuilles de warka farcies aux gambas. Ensuite, difficile de choisir entre la pastilla au pigeon ou aux cèpes et bar de ligne, les 4 différents couscous, les 5 tajines et que dire de la tangia marrakchia ? Rien si ce n’est qu’il ne faut pas zapper ce plat mythique ! Spécialité de la ville rose, il est composé de tendres morceaux de bœuf lentement cuits au four avec un savant mélange d’épices ! Bref, vous l’aurez compris, un repas à la Cour des Lions s’inscrit haut la main en tête de liste au hit-parade des repas gastronomiques.

Les 5 choses que l’on a aimées au Es Saadi :

• Le charme d’un hôtel historique appartenant à la même famille depuis sa création dans les années 60,
• La variété de l’hébergement entre l’hôtel historique, le Es Saadi, le Palace, les ksars et les villas,
• La large offre de restauration : du restaurant gastronomique aux bars de piscine,
• La possibilité de faire la fête sur place au Theatro, considéré comme le meilleur night-club du Maroc,
• La piscine lagon de 2400 m² et son parcours aquatique entre les arbres du parc et son bar l’Island bar.