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Emmanuel Laveran, Le lundi 28 avril 2025
Interviews

Interview de Bertrand et Anne-Caroline Frey, propriétaires des sublimes Loire Valley Lodges

Comment opérer 18 cabanes arty dans les arbres au cœur d’une forêt de 300 hectares, avec parties communes, restaurant de haute volée, et toutes les commodités et le confort d’un hôtel 5 étoiles ? Propriétaires de Loire Valley Lodges, Bertrand et Anne-Caroline Frey nous racontent leur vision avant-gardiste.
  • Séjourner dans la forêt © Loire Valley Lodges
    Séjourner dans la forêt © Loire Valley Lodges

Loire Valley Lodges, c’est ce lieu hors du commun situé proche de Tours, à deux heures de Paris en voiture (et seulement 50 minutes en TGV) qui fut l’un de nos coups de cœur de l’année. Une immense forêt, une longère hébergeant la réception, un bar, un salon, trois restaurants l’été, dont un gastronomique vraiment remarquable ouvert à l’année. Dans le jardin s’alanguit une longue piscine turquoise, bordée d’œuvres d’art… mais le clou du spectacle réside bien dans les 18 cabanes arty (décorées entre autres par messieurs JonOne, Aurele...), toutes uniques, hyper design, avec jacuzzi privatif sur les vastes terrasses et la possibilité de vivre en plein milieu des arbres et de la nature. Les petit déjeuners, garnis de produits ultra frais et locaux sont montés à la poulie à l’heure qu’il nous plaira. Chaque suite offre le confort d’un 5 étoiles (bien que l’hôtel soit officiellement classé 4) : douches à l’italienne, doubles vasques, toilettes séparées (avec eau courante), chauffage, lit douillet XXL et baies vitrées donnant sur les chênes, les chevreuils et les oiseaux. Un vrai bol d’air frais dans le paysage hôtelier hexagonal et un concept abouti unique, à apprécier comme on en a envie : le temps d’un week-end romantique à deux, en famille, en mode total detox, connoté sportif ou non (40 VTT disponibles à la location sur place, nombreux itinéraires de balades)…

  • Séjourner au Loire Valley Lodges © GeraldineMartens
  • Séjourner au Loire Valley Lodges © GeraldineMartens

 

Yonder : Après vos parcours respectifs, pourquoi vous être lancés dans l'hôtellerie ?

Anne-Caroline Frey : Nous adorons voyager, les beaux lieux, la nature… et aussi la gastronomie et les vins ! Pour vous exposer la genèse du projet, nous avons formé une famille recomposée avec trois enfants chacun, et nous avons compris assez vite que c'était entourés par la nature que nous allions construire notre nouveau foyer. Nous avons toujours passé nos vacances en camping sauvage, au milieu de nulle part, sans réseau ni téléphone.

  • Anne-Caroline Frey, propriétaire de Loire Valley Lodges
    Anne-Caroline Frey, propriétaire de Loire Valley Lodges


Après avoir quitté mon travail chez Carat, je me suis installée ici avec notre petit dernier qui voulait venir vivre à la campagne tout seul. C’est là que je me suis intéressée à la sylvothérapie, que je suis devenue « hyper nature ». J'ai fait plusieurs stages chez l'habitant pour finalement annoncer à Bertrand : « comme on a cette maison, ce relais de chasse et cette forêt, on va en faire un centre de sylvothérapie de luxe ». Un vrai hôtel. C’était il y a 12 ans et on avait un petit projet, construire 4 cabanes perchées avec des toilettes sèches. Au lancement, nous voulions créer l'hôtel dont nous avions toujours rêvé sans jamais le trouver. Le nom de Loire Valley Lodges, c’est aussi pour nous différencier des cabanes dans les arbres.

 
  • Zome au Loire Valley Lodges © Olivia Travers
  • © Emmanuel Laveran

 

Comment est arrivé l’art dans ce projet ?

J’ai monté un petit business dans l’art pour m’occuper, sur un concept hors les murs, hors galeries. C’est ce que l’on faisait, chez nous. C’est là que l’on a commencé à développer un relationnel avec des artistes comme Jon One, et CharlÉlie Couture. On a fait les 18 lodges en même temps, dès le début.

  • Une lodge arty au © Loire Valley Lodges
    Une lodge arty au © Loire Valley Lodges


On a dîné au restaurant Ardent et on a littéralement adoré. Est-ce que vous pouvez nous parler plus en détail de la restauration ?

Le restaurant principal témoigne d'une vraie philosophie des lieux, proposant une cuisine identitaire inspirée de l'environnement direct du restaurant et du terrain de jeu de 300 hectares de forêt. Il est dirigé par le chef Thomas Besnault. Il est jeune, il avait besoin de se créer une identité, et je pense qu'on l'a énormément aidé à affirmer sa personnalité forêt, voire un peu brusqué parfois ! Mais aujourd'hui on peut voir qu’il a envie, qu’il est inventif et c’est respectable qu’il ait déjà conçu une carte axée sur la nature. Thomas et son équipe déambulent dans la forêt — pour assurer la cueillette de lichen, de lierre terrestre, de pousses de jeunes ronces, d 'orties, de fleurs d'acacias, d'épines de de pins Douglas, de livèche, d'ail des ours, de fleurs d'ajoncs... mais aussi à l'automne, de trompettes de la mort, de pieds de moutons ou encore de cèpes — avec lesquels ils proposent avec créativité des plats  éxécutés avec précision et aux saveurs délicates comme du beurre fumé aux fleurs d'ajoncs, des bouillons d’épluchures de légumes à l'huile de pin, du thon à l'huile de ronce...

  • Le chef Thomas Besnault du restaurant l'Ardent à Loire Valley Lodges
  • Le restaurant l'Ardent à Loire Valley Lodges © Emmanuel Laveran

 

Puisque beaucoup de non-résidents viennent dîner ou déjeuner, nous avons décidé d’ouvrir un autre restaurant l’été — de mai à octobre — de 30 couverts et 36 avec la terrasse. Cette année, nous avons un partenariat avec Carla Rebeiz, qui a un restaurant libanais à Paris, venue former notre futur chef.

  • Déguster des mezzés libanais au Loire Valley Lodges © Emmanuel Laveran
    Déguster des mezzés libanais au Loire Valley Lodges © Emmanuel Laveran

Peut-on dire que vous êtes agriculteurs ?

Nous avons acheté une ferme de 30 hectares en lisière de forêt, où l’on peut se rendre à vélo par les bois. C’est une exploitation qui est plus bio que bio. C'est à dire qu'elle n'a reçu aucun intrant pendant presque un siècle. C’était déjà une entreprise familiale, du grand-père au petit-fils, avant que nous arrivions et que nous demandions le classement bio. 

  • Le potager du Loire Valley Lodges © Geraldine Martens
    Le potager du Loire Valley Lodges © Geraldine Martens


Aujourd’hui, on a relancé un élevage de volaille à l’ancienne, avec des poules noires du Berry, qui bénéficient de 180 jours d’élevage sur 2 hectares de maraîchage. On va en vendre aux restaurants et aux particuliers. En parallèle, nous relançons les agneaux dans les prairies, avec des races Suffolk et Charmois — pour la chair et leur résistance, car ils évoluent sur des terres assez humides. Notre dernier gros projet est de créer 4 hectares de serres photovoltaïques dans lesquelles pousseront même la moitié d’agrumes. 

  • Les poules des Loire Valley Lodges © Geraldine Martens
    Les poules des Loire Valley Lodges © Geraldine Martens


Actuellement, tout l'été, on produit nos propres légumes. Il faut ajouter à cela les 1 500 volailles du premier lot aux alentours du 13 mai. Il y a 7 ans déjà, j'ai créé une truffière. Nous avons 3 800 chênes truffiers, qui ont porté leurs premières truffes l’hiver dernier, en novembre. Il faut savoir que la trufficulture est née en Touraine, à Richelieu. De plus, c’est moi qui ai dessiné tout le jardin de roses. Je suis passionné de roses et d’herbes aromatiques.

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