A Paris, le Peninsula réinvente le luxe
Le pitch
Ca y est, c’est fait. Le tant attendu Peninsula Paris a finalement ouvert ses portes au public le 1er août dernier. Plus de cinq années de travaux et un investissement estimé à plus de 700 millions d’euros (on murmure que le coût moyen d’une chambre est le plus élevé jamais enregistré dans l’histoire de l’hôtellerie) auront été nécessaires pour inaugurer ce nouveau temple du luxe parisien, première incursion de Peninsula en territoire européen et seulement la dixième adresse dans le monde du groupe asiatique célèbre pour son service extraordinaire et la constance de ses établissements.
On l’a visité et on vous raconte tout.
Ca se passe où ?
À deux pas de la place de l’Etoile à Paris. Le Peninsula a choisi un immeuble à la hauteur de ses ambitions en s’installant avenue Kléber dans ce qui fut au début au XXème siècle l’Hôtel Majestic. Une adresse mythique où l’élite artistique et intellectuelle de l’époque avait ses habitudes. Le genre d’hôtel où l’on pouvait retrouver à la même table, comme ce 18 mai 1922, James Joyce, Marcel Proust, Pablo Picasso, Igor Stravinsky et Serge Diaghilev. En 1928, George Gershwin y écrit Un Américain à Paris avant que l’immense bâtiment ne soit racheté par le gouvernement français qui y installa en 1936 le Ministère de la Défense. Après le départ des Allemands qui l’occupèrent jusqu'en 1944, l’ex-Majestic hébergea temporairement le premier siège de l’UNESCO avant de devenir un Centre international de conférences dépendant du Quai d’Orsay. Y seront signés, en 1973, les Accords de fin de guerre du Vietnam négociés par Henry Kissinger, dans un salon qui est aujourd’hui le bar de l’hôtel. Un lieu au riche passé donc.
Pourquoi on s’y intéresse ?
Bien connu des voyageurs internationaux pour son hôtel flagship hongkongais et ses rares adresses dans les capitales asiatiques et les grandes villes américaines, le groupe Peninsula n’avait jusqu’alors jamais tenté sa chance sur le Vieux Continent. L’arrivée de ce géant du très grand luxe (le service Peninsula est réputé, à raison, être l’un des meilleurs du monde) dans la capitale française est donc un événement en soi.
Et quand on connaît les arcanes du projet et la débauche de moyens dont a fait preuve le duo qatari-chinois pour faire de cette adresse parisienne une vitrine du savoir-faire de Peninsula en matière de luxe, on comprend immédiatement qu’il s’agit de l’une des ouvertures qui marquera la décennie.
La première impression
En un mot : Wow ! Après avoir croisé les fameux grooms du Peninsula dans l'uniforme blanc traditionnel immaculé, poussé la porte d’entrée du palace sur l’avenue des Portugais, on comprend pourquoi la rénovation du Peninsula a demandé autant d’investissement, humain comme financier.
Le lobby est impressionnant d’espace, le travail de restauration sur les fresques, stucs et dorures d’une précision diabolique, l’ensemble spectaculaire. En poursuivant son chemin vers le second lobby, où est servi le petit-déjeuner, on découvre tour à tour des œuvres d’art élégamment installées dans les parties communes, des galeries aussi impressionnantes que fastueuses, des boutiques de luxe qui se sont installés dans l’enceinte de l’hôtel comme à Hong Kong et enfin la vaste terrasse recouverte d'une verrière contemporaine.
Pas nécessaire d’attendre la découverte des chambres pour savoir que l’on atteint un niveau d’opulence rarement égalé dans le monde.
Comment sont les chambres ?
En un mot encore : magnifiques. Nous avons pu visiter une chambre Grand Premier et on doit avouer qu’on a rarement été aussi impressionné par une chambre dans un hôtel urbain.
Tout y est : une surface immense (près de 60 mètres carrés), un décor élégant qui évite l’écueil du luxe tapageur que l’on pouvait craindre, une débauche technologique (le système de domotique propriétaire est une merveille dans son genre, permettant de tout commander depuis les différentes tablettes installés dans la chambre, des rideaux à la température de la chambre en passant le lecteur Blu-Ray ou les interactions avec le room service ou les Concierges Clefs d’Or), une salle de bain tout en marbre absolument somptueuse ou un vaste dressing qui suffirait à lui-seul à nous convaincre de venir vivre au Peninsula.
On notera même quelques spécificités qui dénotent la volonté de Peninsula de marquer les esprits et de se démarquer de la concurrence : l’astucieux sèche-ongles pour Madame, la Valet Box permettant de se faire livrer son linge propre 24 heures sur 24 sans se faire déranger… ou encore l’anachronique fax dans un tiroir du bureau, un équipement signature des hôtels du groupe à travers le monde.
Les chambres confirment la première impression : le Peninsula Paris n’est pas un simple hôtel de luxe, il redéfinit les standards du luxe contemporain.
Et le reste de l’hôtel ?
Le Peninsula a vu les choses en grand pour ses clients mais aussi pour les Parisiens qu’il espère séduire.
Côté bien-être : un spa de 1 800 mètres carrés, le plus grand de tous les palaces de la capitale, des produits de la marque ESPA, une piscine de vingt mètres installée dans un cadre somptueux, des cabines privatives « spa dans le spa » pour les couples et des vestiaires fastueux avec des espaces hammam, sauna, et douches-expérience. Le granit et le marbre sont omniprésents, l’atmosphère lumineuse ultra travaillée. Peu de doute sur le fait que le Spa de l’hôtel s’impose comme l’un des plus exclusifs de la capitale et attire une clientèle bien plus large que celle de l’hôtel
Côté restauration, le Peninsula mise principalement sur deux tables. Au rez-de-chaussée, Lili, un restaurant de gastronomie cantonaise au cadre digne des plus beaux restaurants de Pékin ou Shanghai. Au dernier étage, L’Oiseau Blanc rend hommage au célèbre biplan ayant disparu durant la première tentative de traversée aérienne de l'océan Atlantique Nord sans escale entre Paris et New York. C’est d’ailleurs une impressionnante réplique de l’avion d’origine (à échelle 75%) qui accueille les convives au dernier étage de l’hôtel. Si nous ne pouvons juger de la qualité de la cuisine des deux tables, le décor est à la hauteur du faste de l’hôtel. Et la terrasse qui prolonge le restaurant sur les toits de l’hôtel saura sans nul doute séduire les Parisiens récemment convertis aux plaisirs des rooftops.
On est en revanche plus circonspect sur le choix du chef exécutif, Jean-Edern Hurstel, candidat de la saison 5 de Top Chef qui nous semble manquer d’envergure pour donner au Peninsula ses lettres de noblesse gastronomique… Seul l’avenir nous le dira.
Ce qui fait la différence
Le faste impressionnant de l’ensemble rénové à grands coups de boiseries d’époque et de feuilles d’or (plus de 40 000 au total) par des centaines d’ouvriers considérés ayant pour la plupart déjà œuvré à Versailles et dans les plus beaux édifices de la République.
Pour résumer
Une ouverture qui, de par son luxe, son faste et son opulence, fera date dans l’histoire dans l’hôtellerie de luxe française. Reste à savoir si le fabuleux service, véritable signature des établissements Peninsula à travers le monde, sera au rendez-vous de cette nouvelle adresse parisienne. Et si les 900 euros minimums (comptez près de 2 000 euros la nuit pour une chambre Grand Premier) sont réellement justifiés...
5 chiffres à retenir
- 200 : le nombre de chambres et suites du Peninsula, deux fois moins qu’à l’époque du Majestic ;
- 100 000 : le nombre de tuiles d’ardoises, venues tout droit des prestigieuses carrière d’Angers-Trélazé, nécessaires pour refaire la toiture du bâtiment ;
- 895 : le prix en euros pour s’offrir une nuit au Peninsula ;
- 5 : le nombre de suites disposant de terrasses privatives ;
- 2 : le nombre de Rolls-Royce, dont une Phantom 1934, dans la flotte de voitures de l’hôtel, également composée de 10 BMW série 7 et 2 Mini Cooper Clubman.
The Peninsula Paris
A partir de 895 € la nuit
19 avenue Kléber
75116 Paris - France
Tél : + 33 1 58 12 28 88
Site Web : http://paris.peninsula.com