
Les meilleurs restaurants à Châtelet Les Halles, que reste-t-il du Ventre de Paris ?
1. Réminiscences du passé : La Renommée
Il suffit de pousser la porte à façade boisée et dorée de La Renommée pour être transporté dans un Paris fantasmé des années 30. Sous l’impulsion du groupe américain Hogsalt (à qui l’on doit notamment Au Cheval à Chicago), ce restaurant à Châtelet Les Halles revisite avec faste la grande tradition de la brasserie française : boiseries sombres, tapisseries fleuries chinées en Europe, banquettes en cuir patiné et vaisselle d’apparat. On imagine sans peine une gouailleuse débarquer, cigarette au bec, sous les lustres d’époque et les miroirs piqués.
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© Mary Devinat
En cuisine, le chef Didier Elena (ancien d’Alain Ducasse et du restaurant de Reims Les Crayères) signe des plats aussi généreux que réconfortants. Langoustines ouvertes en deux, fermes et grillées, escargots de Bourgogne en format XL, ou encore l’impressionnant os à moelle – tout ici célèbre la démesure à la française, si prisée de la clientèle américaine qui se presse ici en masse. On aurait presque l’impression de rentrer dans un film de Woody Allen. La tradition est respectée jusqu’au service : couteaux Perceval, soupières en argent, gestes précis et serveurs attentionnés, allant jusqu’à freiner l’enthousiasme des clients face aux portions gargantuesques. Parmi les incontournables : la côte de veau fondante, escortée de son ail en chemise et de sa réduction à tomber, ou encore le carré d’agneau servi à partager, accompagné de petits pois à l’estragon ou d’un Mont d’Or façon mac and cheese à la truffe. Mention spéciale aux viandes rouges de bœuf maturées.
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© Mary Devinat
Pour le dessert, il est permis d’hésiter : mousse au chocolat Valrhona, crème caramel ou généreuses glaces artisanales Berthillon à la pistache. Le clou du spectacle se joue au sous-sol, dans un bar à cocktail speakeasy baroque et feutré, tout en velours rouge et lampes à franges. Ici, cocktails d’inspiration old-school (Vesper, Pastis Pearl) côtoient une belle sélection de spiritueux français – armagnac, cognac, chartreuse, eaux-de-vie – ou américains. On peut aussi y venir en fin d’après-midi, dès 17h, pour s’offrir un Shino Sour ou une mirabelle en attendant l’heure du dîner. La Renommée, c’est un peu le fantasme d’un Ami Louis new-yorkais revisité, un hommage opulent à la tradition culinaire hexagonale.
La Renommée
95 rue Saint-Honoré, Paris, France 75001
@renommee_paris
2. Classé : Le Cochon à l’Oreille
Dans ce restaurant de Châtelet Les Halles, tout est resté « dans son jus » ou presque. Derrière ses fresques murales en céramique signées Boulanger, les banquettes de moleskine et le zinc d’époque, ce bistrot historique fait partie des rares vestiges des Halles d’antan. Le chef Téodore Apostolski (passé chez les restaurants gastronomiques à Paris de Robuchon et Conticini) a repris ce lieu emblématique pour en faire un repaire de cuisine bourgeoise accessible. L’ambiance est sans détour, et les assiettes sentent bon la cuisine du marché : millefeuille d'agneau de Lozère, blette et pomme de terre ; paleron de bœuf racé confit au Cahors, pomme de terre, lardons, champignons et oignons grelots ou gratinée des Halles servie dans les règles de l’art.
À midi, le menu du jour reste imbattable à 20 €, avec un plat et un dessert bien troussés comme le fondant au chocolat ou un baba au rhum réputé comme l’un des meilleurs de Paris. Côté cave, la sélection est courte mais juste : un verre de gamay fait le job et matche sans faute avec cette cuisine de terroir sans fioritures. Le Cochon à l’Oreille reste une adresse précieuse pour les amoureux du bistrot parisien, sans nostalgie figée, mais au service chaleureux et enlevé. Un coup de cœur.
Le Cochon à l'oreille
15 rue Montmartre, 75001 Paris
lecochonaloreille.com
3. Traditionnel : Chez Denise
Chez Denise, alias La Tour de Montlhéry, tient bon face à l’histoire et aux groupes de restauration. Si le Groupe Bertrand (Saint James Paris, Lipp, Flora Danica…) a racheté l’institution, il a su préserver l’âme de ce bistrot historique, ancien repaire des artistes et noctambules autrefois ouvert 24h/24. Avec aux manettes, toujours, Denise Benariac et son mari Jack Paul. Ouvert jusqu’à minuit, l’adresse perpétue la tradition des plats canailles et des portions généreuses.
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© Chez Denise
Pied de cochon grillé, rognon de veau à la moutarde, daube de joue de bœuf aux coquillettes ou marmite de tripes s’invitent à table dans un décor inchangé, avec banquettes rouges et larges ardoises. Les vins sont toujours servis à la ficelle et la maison régale avec des desserts maisons du millefeuille vanille à la mousse au chocolat. Un service gouailleur et une ambiance d’un autre temps que les habitués continuent d’adorer, et un restaurant de Châtelet Les Halles remarqués par C’est Meilleur Quand C’est Bon.
Chez Denise
5 rue des prouvaires, Paris, France 75001
@chezdenise_
4. Bistrot de chef revisité : À L’Épi d’Or
À deux pas des Halles, dans le cœur battant du vieux Paris, À l’Épi d’Or ressuscite sous l’impulsion d’un duo de choc : Jean-François et Élodie Piège. Cette institution bistrotière, fondée à la fin du XIXe siècle, retrouve son aura populaire, celle des jours où les Halles étaient encore le « Ventre de Paris ». Ici, pas de chichis ni de grands discours gastronomiques : le chef multi-étoilé et sa complice revisitent les « recettes de ménagère » d’antan. Le semainier régale d’une cuisine de bistrot typique : poulet rôti au four purée, petit salé aux lentilles ou blanquette de veau et légumes du jardin à saucer jusqu’à la dernière goutte.
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L’Epi d’or © MB Yonder
Les indémodables croque-madame, pâté en croûte et steak tartare complètent la carte, avec en finale un riz au lait ou un gâteau au chocolat et marmelade de coing régressifs à souhait. Si la modernité s’invite par petites touches – couteaux rustiques portugais, assiettes chamarrées – l’essence du lieu reste intacte : banquettes en moleskine, bar en ronce de noyer, natures mortes et opaline des années 1940. Le tout escorté de vins naturels qui apparaissait à l’ouverture en 2020 pour la première fois chez Piège. Une adresse intemporelle.
A l'Epi d'Or
25 rue Jean-Jacques Rousseau, 75001 Paris
jeanfranoispiege-jpb.com/a-lepi-dor
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Parmi les meilleurs restaurants des Halles © MB Yonder.fr
5. 24h/24 : Le Pied de Cochon
Il y a des restos légendaires de Paris qui ont tourné piège à touristes (suivez mon regard) et d’autres qui résistent coûte que coûte. Le Pied de Cochon joue dans cette cour. Inoxydable, cette brasserie ouverte 24h/24 tient tête aux modes depuis 1947, fidèle au poste face aux Halles. On s’y attable avec une certaine nostalgie, pour savourer les grands classiques : soupe à l’oignon gratinée, escargots, os à moelle, pied de cochon bien sûr – servi farci ou grillé – ou encore châteaubriand béarnaise.
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© Simon Detraz
À côté des plats canailles, la carte s’ouvre aussi aux fruits de mer, du plateau d’huîtres plates du Bélon aux oursins et bigorneaux selon arrivage. Le restaurant de Châtelet Les Halles reste une halte prisée des noctambules comme des flâneurs du dimanche, ravis de retrouver dans ce décor inchangé l’esprit festif et populaire de la grande brasserie parisienne. Si le folklore est bien là, le sérieux est aussi en cuisine et dans le service, pour une institution qui défie les décennies.
Le Pied de Cochon
6 Rue Coquillière, Paris, France 75001
@pieddecochon
6. Gastronomique : La Halle aux Grains
C’est l’une des plus belles adresses perchées de Paris, au cœur de la Bourse de Commerce réinventée par Tadao Ando. Michel et Sébastien Bras rendent hommage à l’histoire du lieu, l’ancienne halle aux blés, en plaçant graines et céréales au centre d’une cuisine contemporaine et végétale. Ici, le sarrasin, le millet ou encore le kasha se retrouvent subtilement dans des assiettes à la créativité affirmée au déjeuner, l’après-midi ou au dîner : ris de veau poêlés au beurre de sarrasin, morue confite à la graine de courge, ou encore artichauts poivrade sur riz rouge de Camargue.
Un coulant au chocolat – interprétation d’un classique de 1981 – conclut cette partition gastronomique jouée face aux toits de Paris. Côté cave, la maison propose plus de 400 références et des « cuvées de grains » sélectionnée par son sommelier Sergio Calderon sur les routes des vins de France, créations exclusives d’artisans-vignerons amis. Une table singulière, délicate et poétique.
La Halle aux grains
Bourse de Commerce 3e étage 2 r Viarmes, 75001 Paris
halleauxgrains.bras.fr
7. Comptoir de quartier : Le Bistrot des Halles
Un rade à l’ancienne comme on les aime. Derrière le comptoir en cuivre et le bar en marbre, Vincent Limouzin, solide aubergiste vendéen, tranche son pâté de campagne maison et fait tourner le quincy dans les verres. Dans la salle, nappes à carreaux, ardoises généreuses et plats canailles perpétuent l’esprit bistrotier des Halles d’antan. On se régale d’un hareng-pommes à l’huile ou de tendre ris de veau à la grenobloise persillés escortés d’une purée de pommes de terre comme chez grand-mère.
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© Le Bistrot des Halles IG
L’assiette est rustique, bien exécutée, sans chichis – tout comme la cave où chénas, saint-amour et côtes-de-béziers coulent à flots. Les becs sucrés craqueront pour le Paris-Brest du voisin Laurent Dheilly ou une mousse au chocolat noir maison. Un restaurant de Châtelet Les Halles chaleureux, pour déjeuner entre copains et refaire le monde autour d’un verre.
Le Bistrot des Halles
15 rue des Halles, 75001 Paris
@lebistrotdeshalles