On a testé Vinello, table de copains à l’accent italien aux Batignolles
Si les habitants des Batignolles sont heureux que leur quartier devienne de plus en plus coté et gourmand – l'installation de Maxime Frédéric avec sa pâtisserie Pleincœur en face de l'église en est un récent exemple – ils craignent en même temps le côté modeux, éphémère et trop touristique qui va avec et qui a abîmé bien d'autres coins de Paris avant lui. Par conséquent, dès qu'il y a des travaux quelque part, la curiosité, l'excitation et l'inquiétude affleurent en même temps dans les conversations...
Lieu ravissant et accent chantant
Vinello n'a pas échappé à la règle. Surtout que L'Envie du Jour avait ses afficionados... Dès l'inauguration cependant, tous les doutes se sont envolés comme une bulle dans un Spritz bien servi. Un « soft opening » ouvert aux riverains, une grande générosité, des produits de qualité, des sourires communicatifs et un décor très réussi - entre tables en marbre, cuisine ouverte, baie vitrée et jolies lumières tamisées. Le public était déjà conquis avant même de s'être attablé !
Il faut dire que les joyeux lurons qui ont repris sont affables et compétents : Louise Azoulay, Andrea Focardi et Emanuele Quattrochi, sans oublier le chef Roberto Cubeta (ex Le Squer), ont fait leurs classes un peu partout, entre France et Italie, comme trattorias et étoilés, avant d'ouvrir leur premier restaurant à Paris.
Leur idée : proposer le meilleur de l'Italie et de la France, sans s'enfermer dans un genre et en mettant le vin au centre de la table. Ma che bella idea ! Puisqu'on parle italien, « vinello » veut dire « piquette » de l'autre côté des Alpes, mais un seul coup d’œil à la carte des vins suffit à comprendre que les jeunes patrons manient aussi l'humour et l'ironie. À table !
Un bistrot transalpin
Dès que les entrées arrivent, on sait qu'on va passer un bon moment et que le restaurant italien va faire partie illico de nos valeurs sûres du quartier. Appelez ça l'instinct ou l'expérience, en tout cas, ça ne trompe pas. « Le minestrone nostro » est un modèle du genre : généreux, bouillon goûteux, légumes bien taillés et bien assaisonné. Servi avec un morceau de pain toasté, gratté à l'ail et arrosé d'huile d'olive. Quant au « Vitello », il est quelque peu réinterprété, avec une mousse tonnata et un jus de veau, mais franchement il y gagne au change.
Côté plats, la signature du chef : des « ris de veau, câpres, citrons confits, erinji » (ndlr : sortes de pleurotes japonaises) qui ont la particularité d'être énormes et cuits dans de l'huile de pépins de raisin plutôt qu'au beurre (l'aversion des Italiens pour le beurre n'est pas proverbiale !). Un vrai délice. Pour ce qui est des tagliatelles au ragoût de sanglier, c'est simple, on pourrait en manger tous les jours !
Attendu que le vin est ici choyé, attardons-nous sur les références dégustées... Beaucoup de propositions au verre, ce qui est toujours bien, et une carte qui fait le grand écart entre France et Italie, avec quelques embardées en Espagne et en Autriche. On a découvert ce jour-là un « Langhe rosso - Olek Bondonio - 2022 » des plus soyeux et un « Lifasi » - Nero d'Avola de Sicile, en accord parfait avec la pasta al ragù.
Andrea a raison quand il dit que Vinello est un bistrot transalpin. En tout cas, c'est un lieu qui fait du bien et qui, en un mois à peine, a déjà trouvé ses habitués. Les Batignolles sont ainsi faites : méfiantes, mais rapidement ralliées, quand la bonne humeur, le tarif et la qualité sont au rendez-vous.
Menu déjeuner, du lundi au vendredi midi : E/P ou P/D : 25 € et E/P/D : 30 € + la carte Suggestions de pièces à partager (côte de bœuf, pithiviers, bœuf Wellington, etc)
Menu dégustation en 4 temps à 50 €.
Ce qu'il faut retenir
Une vraie belle table de quartier, que les nombreuses facettes transalpines permettent d'appréhender côté italien ou français, selon l'humeur, le budget et la compagnie. Menu déjeuner imbattable. Sélection de vins très aboutie.
Vinello
106, rue Nollet, 75017 Paris
Ouvert du lundi au vendredi, midi et soir
vinello-restaurant.com