On a testé Dame, petite sœur de Bonhomme et esprits seventies

Le neuvième arrondissement est devenu un terrain de débats. La vague de coffee shops et de restaurants aux concepts importés, servis avec une familiarité forcée, peut agacer. Au milieu de cette curée, Dame tient bon. Aux commandes ? Le chef Matthieu Charriaud, également chef exécutif chez Bonhomme. 

Dix minutes à pied depuis Pigalle. Rue de Châteaudun, en pente douce, une succession de devantures. Puis, Dame. Un espace à la lumière franche, ses grandes vitrines ouvrant sur la rue comme un aquarium. Une trentaine de couverts. Des tables carrées, des banquettes où l’on s’enfonce légèrement, un décor qui convoque les années 70 sans les singer. Du orange, du marron, des vinyles rétro aux murs, une platine qui tourne, un vague écho au jazz fusion entre funk et groovy. Une playlist soignée, lointaine, qui flotte dans l’air sans chercher à imposer quoi que ce soit.

Une fois installé, la carte est une surprise. Pas de mises en scène inutiles, pas d’intitulés pompeux. Dans ce restaurant de Paris, une idée redoutablement efficace : tous les plats sont disponibles pour une, deux ou quatre personnes. Le partage est une option, pas une injonction. Le libre arbitre est préservé. On commande en fonction de ses affinités, de ses désaccords ou simplement de son humeur. L’intelligence, parfois, tient à peu de choses... Fraîcheur et saisonnalité obligent, le menu du midi change tous les quatre jours, avec obligatoirement une alternative végétarienne. Ce jour-là : coppa de la Maison Montalet ou velouté de chou-fleur rôti en entrée. Puis un suprême de volaille accompagné de carottes glacées et en purée. Ou, pour les âmes végétales, une tartelette d’oignons et choux blancs caramélisés. Tentant, mais nous lorgnons la carte. L’entrée arrive : haddock fumé, crème de thym et menthe, radis noir frais. Une petite assiette où les portions de poisson maigre sont finalement plus généreuses qu’il n’y paraît. En face, la coppa. Servie en quantité modeste, mais suffisante. L’essentiel est là.

Côté plat principal, deux vedettes se partagent l’affiche : la sole de l’île d’Yeu et le filet de bœuf d’Aubrac. On choisit de ne pas choisir. La sole, dont les filets ont été levés en cuisine à notre demande, s’effeuille en lamelles fines sous la fourchette, avec ce goût d’iode qui rappelle le bord de mer. Le bœuf, juteux et saignant, est servi à parfaite température grâce à un repos de cinq minutes après cuisson. En accompagnement, les inévitables frites. Et un brocoli poêlé, tentative dérisoire d’équilibre. On commande le dessert : des choux à la crème, qui, malheureusement, manquent de volume et une mousse au chocolat qui fait exactement ce qu’on attend d’elle — replonger en enfance à l’heure du goûter. 

Les prix ? 

Au déjeuner, une formule Entrée/Plat ou Plat/Dessert à 22€ ou Entrée/Plat/Dessert à 26€ qui change chaque semaine. Au dîner, la carte s’étire en s’éloignant du traditionnel triptyque entrée/plat/dessert. Le menu se divise entre plats chauds et froids qui se déclinent en portions pour 1, 2 ou 4 personnes.

Notre avis en un clin d’œil 

On sort de là rassasié, content, avec ce sentiment rare d’avoir bien mangé sans avoir été pris pour un imbécile. Une belle adresse au style inimitable qui gagne à être connue, autant pour sa simplicité que pour la qualité de ses produits. On recommande chaudement. 

DAME
38 Rue Condorcet, Paris 9
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