5 routes des vins en France à parcourir absolument
« Parcourir le vignoble français est presque aussi long que d’accomplir le tour du monde.» Enrico Bernardo, élu meilleur sommelier du monde en 2004, ne pouvait pas mieux résumer le vignoble français… on pourrait presque s’y perdre tant il regorge de richesses. C’est pour cela que les routes des vins existent ! Des villages alsaciens aux paysages rêvés de Corse, nous vous guidons à travers ce pèlerinage bachique pour que vous n’en perdiez pas une goutte.
1. L’Alsace, route des vins en France la plus emblématique
La route des vins d’Alsace, qui a soufflé ses 70 bougies cette année, s’étire sur 170 km, de Marlenheim au nord, à la ville de Thann, à l’extrémité sud du vignoble. On y foule l’impressionnant patchwork de sols qui font la diversité de ses vins, ainsi que ses charmants villages colorés, tout droit sortis d’une illustration de Guy Untereiner, où s’alignent bons restaurants alsaciens et hôtels de charme.
La route : première escale au domaine de Frédéric Mochel à Traenheim pour s’ouvrir les papilles avec un riesling à la minéralité fumée, typique du grand cru attenant au village : Altenberg de Bergbieten. Puis, direction Molsheim pour découvrir le grand cru de Bruderthal, où les vins puisent leur salinité dans le muschelkalk, un terroir de calcaire coquillier. On s’attarde ensuite à Mittelbergheim, un joli village de pierre où l’on peut emprunter un sentier viticole offrant de superbes points de vue. L’un d’eux surplombe le terroir de Zotzenberg, le seul grand cru alsacien qui admet le sylvaner, cépage longtemps considéré comme de second rang. Ici, il se livre avec élégance et se montre capable de grande garde.
Puis, passage obligé à Riquewihr et Kaysersberg, deux des plus beaux villages de la région, avant de rejoindre Colmar, la capitale des vins l’Alsace. Sur les hauteurs de la ville, non loin du superbe château-fort du Hohlandsbourg, on ne manquerait pour rien au monde les vins gracieux et toujours équilibrés du domaine Josmeyer. Les plus curieux poursuivront la route jusqu’à Thann, commune située à l’extrême sud de la route des vins. Elle abrite la colline du Rangen, terroir volcanique d’exception dont les crus restituent la puissance tellurique à travers un bouquet fumé intense et une capacité de garde sans pareille.
Les domaines à ne pas manquer : hormis les domaines cités précédemment, il faut goûter les vins blancs ciselés du domaine Ostertag (Epfig) ainsi qu’à ceux de la maison Trimbach (Ribeauvillé), deux grands incontournables du vignoble alsacien. Ne manquez pas non plus le domaine Zind Humbrecht (Turckheim), pour goûter au caractère volcanique du terroir du Rangen, sans oublier le domaine Marcel Deiss (Bergheim), où vous pourrez vous essayer à la dégustation géo‐sensorielle, une expérience qui permet de comprendre comment le terroir se reflète dans les vins alsaciens.
L’adresse gourmande : Pour goûter à une gastronomie alsacienne dans une version aussi authentique que raffinée, il faut s’attabler au restaurant Chez Julien, une auberge familiale des Vosges tout ce qu’il y a de plus typique, du décor à l’assiette ! Et pour poser ses valises, direction Le Chambard à Kaysersberg, où Olivier Nasti propose une cuisine 2 étoiles Michelin et un cadre bucolique pour la nuit.
Le Chambard
33 chambres à partir de 220 € la nuit
9-13 Rue du Général de Gaulle, 68240 Kaysersberg
2. La Corse, la route des vins la plus sauvage
Loin de se résumer à ses eaux turquoise et ses paysages de carte postale, la Corse est aussi une grande terre de vins. Elle brille par la diversité de ses cépages autochtones et celle de ses terroirs entre mer et montagnes, qui offrent un relief incomparable aux vins. Pour saisir la beauté du vignoble insulaire, il vous faudra prendre le maquis en empruntant ses routes sinueuses et sauvages. Un périple aussi grisant qu’enivrant sur la route des vins corses !
La route : après une traversée en mer, arrivée au port de Figari, l’un des vignobles les plus anciens de l’île de Beauté. Sur ce terroir granitique battu par les vents, on découvre le vermentinu, cépage blanc emblématique qui révèle ici des vins blancs frais et floraux, aux exquises nuances minérales. Passage obligé chez Yves Canarelli, le vigneron le plus emblématique de Corse-du-Sud, avant de rejoindre le domaine familiale De Peretti della Rocca, petit havre de paix niché sur les hauteurs de Figari. On peut y siroter une cuvée de vermentinu et de biancu gentile des plus rafraîchissantes, les pieds dans une magnifique piscine à débordement qui surplombe les vignes. Puis, direction Bonifacio, ancienne cité génoise perchée sur les impressionnantes falaises calcaires de l’extrême sud de l’île. On s’arrête face à la mer pour déguster Crocci, un vermentinu du domaine Zuria né de ce même calcaire, dans lequel on goûte aux embruns aussi dans le verre. Le périple se poursuit à Sartène, « la plus corse des villes corses », selon Prosper Mérimée. Une escale de choix s’offre à nous au domaine Saparale, où l’on peut se délecter de vins rouges profonds et parfumés, issus de vieilles vignes de la propriété.
On gagne ensuite Ajaccio, terroir granitique bordé par la Méditerranée, où il faut goûter les vins rouges à base de sciaccarellu, cépage endémique qui se livre ici avec beaucoup de finesse. On traverse les paysages de Balagne qui surplombent la mer en passant par Calvi et sa splendide citadelle, avant de terminer le périple à Patrimonio, où fleurissent de grands vins rouges taillés pour la garde ainsi que des vins blancs cristallins, aussi vivifiants qu’une brise de mer.
Les domaines à ne pas manquer : ce pèlerinage bachique ne saurait être accompli sans une visite au domaine Antoine Arena à Patrimonio, l’un des noms qui a fait la renommée des vins corses. Il faut aussi évoquer le mythique domaine Comte Abbatucci, qui élève en biodynamie le plus large éventail de cépages autochtones de l’île dans la vallée du Taravo. Sur la route de Sartène, faites une halte à Propriano pour goûter aux vins à la fois charnels et affûtés du domaine Sant Armettu et ne manquez pas le domaine de Vaccelli sur le chemin d’Ajaccio, dont les vins minutieusement élevés sous bois n’ont pas à pâlir devant les grands bourgognes…
L’adresse gourmande : pour une immersion totale dans le vignoble insulaire, le domaine De Peretti della Rocca offre l’expérience idéale. Le restaurant de la propriété, construit tout en baies vitrées pour mieux admirer les vignes, propose une cuisine corse très intime arrosée par les délicieux vins du domaine.
Domaine De Peretti della Rocca - Restaurant A Spartera
Ouvert tous les jours pour le dîner
Route de Pruno 20114 Figari
Tel : 04 95 72 96 81
3. La Provence, la route des vins la plus solaire
Le bruit des cigales qui murmurent à nos oreilles, l'envoûtant parfum du thym et du romarin que l’on retrouve aussi dans les vins, tantôt solaires, tantôt éclatants de fraîcheur, et ces paysages baignés de lumière que Van Gogh, Cézanne et bien d’autres ont tenté de capturer… Emprunter la route des vins de Provence, c’est mettre tous ses sens en émoi.
La route : le vignoble provençal s’étend sur 200 km et traverse trois départements : le Var, les Bouches-du-Rhône et une partie des Alpes-Maritimes. Bien que toutes appellations du vignoble de Provence valent le détour, il s’agit de faire une sélection pour ne pas les survoler. Nous entamerons notre périple au majestueux hôtel de Provence château de Berne, situé près de Draguignan, où luxe et art de vivre provençal ne font qu’un. Nous poursuivons notre route au cœur de l'AOC Côtes-de-Provence, au château de Saint-Martin, qui élabore un rosé parmi les plus élégants de la région. On rejoint ensuite Bormes-les-Mimosas, commune de charme lovée entre le massif des Maures et le littoral méditerranéen – ici encore préservé du tumulte touristique. Dans cet écrin entre mer et montagne, le château Léoube offre une parenthèse idéale pour goûter à la dolce vita provençale. Au café Léoube, qui fait face à la magnifique plage du Pellegrin, on peut siroter un verre vin blanc rafraîchissant, façonné par l’air marin.
Puis, cap vers Bandol, appellation où les vins rouges allient finesse, puissance et potentiel de garde. Pour y goûter, deux institutions de choix : le domaine Tempier et le domaine de Terrebrune. On franchit ensuite le département des Bouches-du-Rhône pour rejoindre Cassis, petit village côtier et petit vignoble où naissent de grands vins blancs, marqués par une irrésistible morsure saline. Prochaine escale en terre de lumière : les Alpilles. Passage obligé aux Baux-de-Provence, forteresse de pierre classée parmi les plus beaux villages de France, avant de rejoindre le domaine Milan, à Saint-Rémy-de-Provence, dont les vins joviaux valent certainement le détour. On termine ce périple par une visite du château Romanin et son impressionnant chai cathédrale, où reposent des vins tout aussi admirables.
Les domaines à ne pas manquer : dans les Baux-de-Provence, il faut faire escale au château d’Estoublon, véritable éden de vignes et d’oliviers situé à Fontvielle, où les vins rouges ont tout ce que l’on recherche du charme provençal : un caractère chantant sans être assommants. Lors de votre passage à Saint-Rémy-de-Provence, ne manquez pas le domaine de Dominique Hauvette, vigneronne de premier plan dans les Alpilles, dont les vins rivalisent d’équilibre et de finesse. Toujours dans les Alpilles, le domaine de Trévallon est sans doute la propriété la plus mythique de la région et ses vins, parmi les plus prisés de Provence, si ce n’est du monde. A Cassis, il ne faut pas manquer les vins blancs du Clos Sainte Magdeleine, dont l’empreinte minérale reflète parfaitement le style de l’appellation.
L’adresse gourmande : « Chapeau de Paille - Bistrot Provençal ». Voilà une table qui porte bien son nom ! En plein cœur de Saint-Rémy-de-Provence, ce bistrot adoubé par les locaux se démarque par son charme authentique, ses assiettes aux prix justes mariant produits locaux et tradition, et sa carte des vins qui fait la part belle aux (bons) vins de la région.
Chapeau de Paille - Bistrot Provençal
Ouvert tous les jours pour le déjeuner et le dîner sauf mercredi et dimanche
29 Bd Mirabeau, 13210 Saint-Rémy-de-Provence
Tel : 04 90 92 85 78
4. La Loire, la route des vins la plus romantique
Ses châteaux de la Renaissance, la beauté de son vignoble… Suivre le cours de la Loire à la découverte de ses vins est une escapade des plus romantiques. Mais emprunter la route des vins de Loire, c'est aussi parcourir l'un des vignobles français les plus étendus : il s’étire sur près de 1000 km ! Pour que vous puissiez saisir le charme du vignoble ligérien sans risquer de vous y perdre, nous avons sélectionné quelques-unes des étapes incontournables.
La route : on entame cette route à Sancerre, appellation qui a contribué à la renommée internationale du vignoble ligérien. Ici, le sauvignon blanc règne en maître. Sur les collines calcaires, il donne un vin blanc vif, aux notes végétales et fumées si particulières. Pour mieux appréhender cette complexité aromatique, il faut se rendre au jardin des arômes de la maison des Sancerre, qui cultive une multitude de végétaux aux arômes analogues des vins de l’appellation (citronniers, cognassiers, rosiers...). Puis, escale obligée au château de Chambord. On marche sur les pas de Peau d’Ane, avant de déguster les vins issus des vignes préphylloxériques de la propriété. Ces derniers, souple et miellée pour le blanc (cépage romorantin) et friand pour le rouge (assemblage de gamay et de pinot noir), sont une agréable introduction aux vins de Cheverny.
On continue ensuite la route vers la Touraine, vaste appellation qui regorge de vins aussi délicieux qu’accessibles. Pour ne citer qu’eux, le domaine des Hauts Baigneux, près d’Azay-le-Rideau, et le domaine Vincent Ricard, non loin de Chenonceau, vous offriront un aperçu des plus enthousiasmants. Le périple se poursuit à Chinon, ville royale où le cabernet franc est roi. Planté sur les sols de tuffeau, celui-ci donne un vin rouge profond et velouté, à l’image de celui proposé par le château de Coulaine. Pour finir en apothéose, une dernière étape s’impose au domaine le plus mythique du vignoble ligérien : le Clos Rougeard (appellation Saumur et Saumur-Champigny). Ses vins rouges longuement élevés en barriques, à l’instar des légendaires cuvées « Les Poyeux » et « Le Bourg », peuvent défier les décennies.
Les domaines à ne pas manquer : à Sancerre, ne manquez pas le splendide château de Lestang et ses vignes centenaires, l’incontournable domaine Pascal Jolivet (appellation Sancerre et Pouilly-Fumé), qui cajole ses vignes de sauvignon blanc pour faire naître des vins blancs d’une pureté impeccable, sans oublier le domaine Pierre Morin, qui réalise l’un des pinots noirs les plus réussis de l’appellation. En Touraine, vous pouvez compter sur le travail soigné de Coralie & Damien Delecheneau (domaine La Grange Tiphaine). Parmi les incontournables, il faut citer Bernard Baudry et Philippe Alliet, deux vignerons de référence à Chinon, ainsi que le domaine des Roches Neuves, qui fait des merveilles sur le terroir de Saumur-Champigny.
L’adresse gourmande : Les Sources de Cheverny, l’hôtel de Loire pendant des Sources de Caudalie, offre un moment suspendu au cœur des vignes. À la table de l’Auberge, le restaurant champêtre du domaine, on se réchauffe au coin de la cheminée, dans laquelle rôtissent viandes et légumes du Val de Loire. Mention spéciale pour l’échine de porc Roi Rose de Touraine, dont la chair léchée par les flammes sera parfaite escortée d’un cheverny rouge du domaine des Huards, proposé à la carte.
Les Sources de Cheverny - Restaurant l’Auberge
Ouvert tous les jours pour le déjeuner et le dîner
23 Rte de Fougère, 41700 Cheverny
Tel : 02 54 44 20 20
5. La Bourgogne, la route des vins la plus historique
On croit souvent à tort que la plus vieille route des vins en France est celle d’Alsace. Pourtant, c’est bien la route des grands crus de Bourgogne qui fut la première route à être inaugurée en 1937 ! La route sillonne la Côte-d'Or sur 60 km, de Dijon à Santenay. Mais cette distance relativement courte ne fait pas d’elle une route express, bien au contraire : elle fourmille de domaines à découvrir. Encore une idée reçue : la Bourgogne ne brille pas que par ses vins hors de prix, elle vous réserve aussi de nombreuses réjouissances accessibles. Alors, en route !
La route : départ de Dijon pour rejoindre le domaine Bruno Clair, installé sur la discrète appellation Marsannay. On s’y aiguise le palais avec sa cuvée Source des roches, un chardonnay aussi cristallin que son nom laisse deviner. Puis, on s’attarde à Fixin, dont les cuvées affichent encore un bon rapport qualité-prix. Défilent ensuite les noms qui font rêver : Gevrey-Chambertin et son Clos de Bèze dont raffolait Napoléon, Chambolle-Musigny, dont les pinots noirs offrent l’expression la plus délicate de Côte de Nuits, le Clos Vougeot, qui abrite le siège de la Confrérie des chevaliers du Tastevin, sans oublier Vosne-Romanée, joyau bourguignon où brillent les grands crus les plus légendaires : Romanée-Conti, Romanée Saint-Vivant, La Romanée, La Tâche, etc. Puis, cap vers Beaune et ses restaurants, cœur battant de ce pèlerinage bachique et gastronomique. On s’imprègne de l’héritage médiéval des lieux aux Hospices de Beaune avant d’assouvir sa curiosité (et sa soif) dans les nombreuses caves de la ville avec un atelier de dégustation.
Quelques escargots de Bourgogne enfilés au bistrot La Buissonière pour se remettre d’aplomb et on se remet en route ! Prochain arrêt au village bucolique de Pommard, dont les pinots noirs nous charment avec leur caractère profond, félin, où s’entremêlent les notes de cuir et de cacao. Un crochet dans le vieux village de Monthélie, qui offre des vins rouges aussi délicats qu’à Volnay... à moindre coût ! On atteint enfin Meursault, terre où fleurit ce vin blanc au charme si redoutable. Beaucoup plus rares, quelques vins rouges y réservent aussi de bonnes surprises. Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet viennent clore ce voyage en beauté. Comme pour atteindre cette dernière étape, il faudra s’armer de patience pour savoureux ces vins blancs : il faut les attendre au moins 10 ans…
Les domaines à ne pas manquer : hormis les étoiles dont les prix ont désormais atteint des sommets, il y a d’autres incontournables où se régaler sans payer une addition à 3 chiffres. Le domaine Berthaut-Gerbet à Fixin et le domaine Guy & Yvan Dufouleur à Nuits-Saint-Georges vous donneront un superbe aperçu de ce que la Côte de Nuits peut offrir. Plus au sud, à Beaune, le nom de Philippe Pacalet est sur toutes les bouches. C’est la figure emblématique du vin naturel en Bourgogne. Toujours dans le sillon du naturel, il faut goûter au travail de Marthe Henry Boillot, installée à Meursault. Et pour un rapport qualité-prix-plaisir imbattable, essayez les hautes-côtes-de-beaune du domaine Bourgogne Devaux !
L’adresse gourmande : le long de la route des vins, à Beaune, La Table Du Square est une adresse où les vignerons ont leur rond de serviette. Et pour cause ! Ce bistrot affiche une carte des vins qui ferait même tourner la tête à notre cher Gérard Depardieu. 1 200 références au compteur et pas des moindres : domaine Leflaive, Cécile Tremblay, Philippe Pacalet mais aussi de mythiques bouteilles hors Bourgogne. Après une longue journée à arpenter les vignes et à écumer les caves, on peut s’y régaler copieusement d’assiettes rondement menées à la bourguignonne : saucisson brioché, œufs en meurette revisités…
La Table Du Square
Ouvert tous les jours pour le déjeuner et le dîner sauf dimanche et lundi
26 Bd Maréchal Foch, 21200 Beaune
Tel : 03 80 24 03 32