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David UkaleqDavid Ukaleq, Le mercredi 13 mars 2019
Grand angle

Notre itinéraire en Laponie : sur les traces du renne Aïlo

Après avoir visionné le film « Aïlo, une Odyssée en Laponie », un film qui retrace, à mi-chemin entre conte et documentaire, la première année d'un petit renne, partons pour un itinéraire en Laponie finlandaise exceptionnel. Atmosphère hivernale féerique, balades en traîneau à chiens... et rencontre avec Aïlo lui-même !
  • Itinéraire en Laponie, Traineau à chien avec Kota Husky © Thierry Chevillard
    Itinéraire en Laponie, Traineau à chien avec Kota Husky © Thierry Chevillard
  • Vue aérienne du Naali Lodge. © YONDER.fr
    Vue aérienne du Naali Lodge. © YONDER.fr
  • Thierry Chevillard, guide du Naali Lodge, dans le parc du Riisitunturi. © Sarah Tschenn
    Thierry Chevillard, guide du Naali Lodge, dans le parc du Riisitunturi. © Sarah Tschenn
  • L'une des deux adorables chiennes du Naali Lodge.
    L'une des deux adorables chiennes du Naali Lodge.
  • Christina et Manne, les propriétaires de la
    Christina et Manne, les propriétaires de la "maison des rennes" où habite Aïlo © YONDER.fr
  • Christina Löther, de ##Ylitalon Poromatkailu@@http://poromatkailu.fi caline un jeune renne.
    Christina Löther, de Ylitalon Poromatkailu caline un jeune renne.
  • Skieurs dans le parc national du Riisitunturi. © YONDER.fr
    Skieurs dans le parc national du Riisitunturi. © YONDER.fr
  • Vue aérienne de Kota Husky. © YONDER.fr
    Vue aérienne de Kota Husky. © YONDER.fr
  • La boutique et centre culturel (galerie, musée, cafétéria) de Pentik, à Posio. © YONDER.fr
    La boutique et centre culturel (galerie, musée, cafétéria) de Pentik, à Posio. © YONDER.fr
  • Le rukatunturi survolé en hélico. © YONDER.fr
    Le rukatunturi survolé en hélico. © YONDER.fr
  • Balade en raquettes sur les pentes du Rukatunturi. © YONDER.fr
    Balade en raquettes sur les pentes du Rukatunturi. © YONDER.fr
  • Dans le parc national d'Oulanka, à Myllykoski. Pas plus d'une personne à la fois sur la passerelle ! © YONDER.fr
    Dans le parc national d'Oulanka, à Myllykoski. Pas plus d'une personne à la fois sur la passerelle ! © YONDER.fr
Où est-ce

 

À la découverte de la forêt boréale et des rennes, itinéraire en Laponie finlandaise

Ceux qui ont lu nos reportages sur le Groenland ou le Spitzberg devineront que je suis amateur de grands espaces à la vue dégagée, tels qu'on les trouve notamment dans le Haut-Arctique. Cette fois, la beauté mystérieuse des paysages de l'odyssée d'Aïlo m'a convaincu de partir plus au sud, sur les traces du petit renne en Laponie finlandaise. Là règne la taïga - ou forêt boréale - qui couvre la majorité de la Finlande. Nous nous envolons pour Kuusamo, 65.97°N - légèrement en-dessous du cercle arctique donc - à une vingtaine de kilomètres seulement de la frontière russe.
 

Le Naali Lodge, une oasis de confort dans un décor de conte de Noël

À mon arrivée à l'aéroport de Kuusamo je suis accueilli par Thierry Chevillard, un Français installé depuis trois ans en Laponie avec sa femme Catherine. Nous prenons la route en direction de Posio, petite ville de 3,500 habitants, dans les environs de laquelle le couple a reconverti deux bâtiments centenaires en un lodge et son restaurant. Le Naali Lodge a une capacité de 24 lits répartis en huit chambres mais Thierry m'explique que pour l'instant il limite le nombre de visiteurs à huit. Si les chambres peuvent être louées à la nuit en été, la vocation principale du lodge est d'offrir des séjours multi-activités que Thierry encadre lui-même, ayant suivi la formation pour devenir guide en Finlande. Et comme je ne tarde pas à m'en rendre compte, il est effectivement incollable sur la nature finlandaise !

Après une petite heure de route dans l'obscurité, la nature n'étant éclairée que par les phares du véhicule, nous empruntons finalement un chemin privé de 1,2km au coeur de la forêt. Au bout surgit le fameux lodge: wow, on comprend pourquoi la Laponie revendique être le pays du père Noël ! Comme dans les contes, la maison rouge est éclairée au beau milieu d'une forêt toute blanche.

Le Naali Lodge de nuit. @ Thierry Chevillard

 

Pourtant, se lamente Thierry, la température a fait une incursion au-dessus de zéro il y a quelques jours. Ce qui a fait fondre une partie de la neige sur les arbres. Que le touriste de 2019 se rassure, il en reste bien assez pour s'émerveiller. Mais c'est aussi, hélas, un des signes inquiétants du changement climatique. Ces épisodes, jusqu'ici exceptionnels, risquent de devenir de plus en plus fréquents.

Il est déjà tard et avant d'aller m'installer dans la chambre, Thierry m'accompagne prendre une collation. Belle surprise en entrant dans l'élégante salle du restaurant Tapio, sobre et chaleureuse. Hyggelig dirait-on au Danemark. L'une des photos noir et blanc décorant la salle retient tout de suite mon attention : un ours faisant face au photographe, qui n'est autre que mon hôte lui-même, apparaît à portée de main. Thierry m'explique qu'il était caché dans un abri mais que ces ours, craintifs, fuient les hommes et ne représentent donc pas un danger, contrairement à leurs cousins polaires. Ouf !

Le programme du séjour est chargé mais cela tient à nos contraintes de calendrier. La philosophie du lodge est au contraire de prendre son temps pour mieux s'imprégner des lieux. Ainsi, les séjours proposés aux clients n'incluent normalement qu'une activité par jour. 

PRATIQUE

Naali Lodge
Saarisiulantie 16, 97900 Posio

Séjour 6 jours/7 nuits, ca. €1650 par personne, base chambre double, incl. activités et repas.
Plus d'info sur le site du Naali Lodge

  • Bande-annonce du film « Aïlo: Une odyssée en Laponie »
  • Vidéo de présentation du Naali Lodge

 

Un des producteurs du film a surnommé Manne « celui qui murmure à l'oreille des rennes ».

 

La visite au petit renne Aïlo, star du film

Puisqu'on est venus inspirés par le film, autant commencer par là ! Nous nous rendons le lendemain matin à Ylitalon Poromatkailu pour rendre visite à Aïlo lui-même. Ou plutôt à Prinssi, comme se nomme à la ville (ou en l'occurence à la ferme) le renne-acteur. Il ne s'agit pas d'une ferme de rennes ordinaire. En dépit d'une petite activité d'élevage traditionnelle, la plupart des rennes s'ébattent ici en semi-liberté et sont choyés comme des animaux domestiques. C'est de ces heureuses créatures que font partie Prinssi et sa mère.

Nous sommes accueillis par les propriétaires Christina Löther, originaire du nord de l'Allemagne et par son mari Manne Mourujärvi. Tous deux portent une tenue en partie inspirée par celle des Sâmes. Une manière de rendre hommage aux origines de Manne. Car si aujourd'hui la population Sâme en Finlande se limite au nord du pays, il n'en était pas de même autrefois. Jusqu'au 17ème siècle la région de Kuusamo était exclusivement habitée par des Sâmes, dits des Forêts. Mais l'arrivée de Finlandais pratiquant la culture sur brûlis, conjuguée à une famine meurtrière, y anéantirent la culture sâme en l'espace de deux à trois décennies. Les familles qui survécurent furent rapidement assimilées au reste de la société finlandaise. C'est de l'une d'elles dont descend Manne, son nom de famille, Mourujärvi, étant celui du village dont il est originaire. Quant à Christina, c'est son mari... et les rennes qui l'ont amenée à s'installer ici. 

Dans cette courte video Aïlo gambade avec un de ses congénères dans le "jardin" (plusieurs hectares !) de Christina et Manne Mourujärvi. 

« Celui qui murmure à l'oreille des rennes »

Ce qui frappe immédiatement c'est la proximité du couple avec leurs animaux. On accorde ordinairement au chien ou au cheval le titre de meilleur ami de l'homme. C'est la même complicité qu'on observe entre Manne et ses rennes. À tel point que l'un des producteurs du film l'a surnommé « celui qui murmure à l'oreille des rennes ». Il ne s'agit pourtant pas d'un don miraculeux mais d'un savoir transmis par son père et son grand-père. 

Mais de quoi cette maison des rennes tire-t-elle ses revenus si ces créatures ne finissent pas dans des assiettes mais... dans un cimetière à rennes ? Du tourisme comme vous l'aurez probablement deviné. La ferme propose plusieurs tours en traîneau à rennes mais aussi des séjours complets pour découvrir la vie des rennes et leur environnement. Et il est difficile de ne pas être conquis par ces sympatiques cervidés. Une précision pour ne pas se faire de fausses idées non plus. Si ces rennes se laissent si facilement approcher, cela ne tient pas uniquement au fait qu'ils ont été habitués très tôt au contact avec les hommes, c'est aussi parce que les mâles ont été castrés. N'essayez donc pas de caresser des rennes mâles dans un autre contexte !

PRATIQUE
Ylitalon Poromatkailu
Alajärventie 12
97895 Mourujärvi

Site web : www.poromatkailu.fi/

  • Manne joue avec ses rennes comme on le ferait avec un chien.
  • Christina Löther caline un jeune renne.

 

La méthode pour s'aventurer dans le parc ? Des skis de randonnée à peau de phoque.
Retrouvez tous les endroits sur la carte

 

Le Parc national du Riisitunturi

Après avoir pris congé d'Ailo, nous poursuivons notre itinéraire en Laponie vers le Parc national du Riisitunturi. Si comme moi vous avez au début du mal à retenir le nom c'est en fait assez facile... une fois qu'on sait que tunturi signifie montagne en finnois (le mot est d'ailleurs un emprunt aux langues sâmes). Puisqu'on est en Finlande, il s'agit évidemment d'une montagne assez peu élevée et arrondie que les locaux traduisent en anglais par fell, cousin du suédois fjäll et autres analogues scandinaves.

Sur le chemin, Thierry me décrit la vue à 360° qu'on a depuis les hauteurs du parc, sur les forêts environnantes et sur le grand lac de Yli-Kitka. Mais la météo laisse peu d'espoir de profiter du panorama aujourd'hui. La méthode pour s'aventurer dans le parc ? Des skis de randonnée à peau de phoque. Plus courts et plus épais que des skis de fond, ces skis remplissent la même fonction que des raquettes - ne pas s'enfoncer dans la neige - tout en étant souvent plus rapides et moins fatigants, surtout bien sûr en descente ! Mais, et c'est leur spécificité, la peau de phoque collée en-dessous évitent qu'ils ne glissent vers l'arrière en montée. Dernière précision : puisque nous ne sommes ni au Groenland, ni dans les années 1930, la peau de phoque est en fait un mélange de fibres synthétiques - et parfois de mohair.

Une ambiance hivernale mystérieuse

Le temps est à la neige. On ne verra effectivement pas le lac. Pas de regrets pour autant, on a droit à la quintessence de l'ambiance hivernale, mystérieuse sans être angoissante. Car la Taïga est une forêt qui, si j'ose dire, ne se prend pas trop au sérieux. Sous leur déguisement de neige, les arbres ne sont plus vraiment des arbres. L'esprit se plaît à imaginer les ressemblances les plus variées. Thierry me fait remarquer qu'à mesure que l'on monte, les branches sont plus inclinées vers le bas. Une adaptation nécessaire pour supporter la masse de la neige pouvant atteindre trois ou quatre tonnes sur un seul arbre ! La forêt se fait aussi de moins en moins dense et les arbres dont sont parsemés les vastes champs de neige évoquent alors plutôt d'étranges formations géologiques.

  • Les arbres recouverts de neige aux formes fantaisistes du parc du Riisisunturi. © Thierry Chevillard
  • Parc du Riisisunturi.
  • Parc du Riisisunturi.
  • Parc du Riisisunturi. Une famille prend une collation à côté d'un petit refuge à l'intérieur du parc.

PRATIQUE

Parc National du Riisitunturi
Site web : www.nationalparks.fi/riisitunturinp

La cuisine locavore du restaurant Tapio, bonne surprise du séjour

Ce soir, dîner au restaurant du lodge, Tapio, qui emprunte son nom à celui du dieu des forêts de la mythologie finlandaise. C'est l'une des (excellentes) surprises de ce séjour. La Finlande, il faut bien l'admettre, n'est guère réputée pour sa bonne chère. Et dans un lodge aux dimensions modestes - et aux tarifs accessibles - on s'attendait au mieux à trouver une cuisine roborative, "comme à la maison" dans le bon sens du terme. Mais le couple finno-britannique en cuisine a de tout autres ambitions. Si Connor, le jeune chef, ne prétend pas offrir de la cuisine gastronomique à proprement parler - selon le site web il s'agit d'un casual dining restaurant - il est clair qu'il en maîtrise parfaitement les codes et techniques. Son restaurant s'inscrit dans une forte tendance contemporaine : celle d'une cuisine locavore, redécouvrant des ingrédients traditionnels délaissés, et dont la qualité est mise en valeur par la simplicité des recettes, en évitant l'esbroufe. De fait, il est bien placé pour s'approvisionner en produits locaux : les parents de sa femme Johanna ont une ferme à... Mourujärvi, le même village dont vient Manne.

Mentionnons quelques unes des créations de ce dîner-dégustation. Parmi les hors-d'oeuvre, des chips de peau de porc assaisonnées aux Matsutake. Ces champignons si prisés en Asie... poussent naturellement à seulement vingt mètres du restaurant. Incontestablement le plus local de tous les ingrédients ! L'espuma de butternut avec son sorbet d'argousier et graines de tournesol grillées offre une palette de goûts rafraîchissante et originale ; l'excellente poitrine de faisan arctique, issue de la ferme familiale. Et de simples mais délicieux cônes de fraises, fourrées à la crème de reine-des-prés. Une dernière salve de mignardises est l'occasion de découvrir des substitutions intéressantes : là où on utiliserait vanille et fruit de la passion, on trouve gaillet odorant (cultivée par les propriétaires) et épilobe.

Non moins originale est la carte de vins naturels et bio(dynamiques) servis au verre grâce à un Coravin. L'étiquette du Silvaner Pet-Nat (2NaturKinder), un très intéressant vin pétillant bavarois, semble représenter Tapio lui même. Pet-Nat ? C'est l'abbrévation trendy pour Pétillant Naturel. Des convives non familiers des vins naturels pourraient s'inquiéter des dépôts au fond de la bouteille : ce sont les levures de fermentation, ce qui est parfaitement normal avec ce type de vin.

 

  • Une mosaïque de plats d’été servis au restaurant Tapio. Ceux d’hiver sont tout aussi beaux ! © Tapio

 

PRATIQUE

Restaurant Tapio
Repas inclus dans les séjours au Naali Lodge.
€39 le menu de 3 plats, €49 le menu de 5 plats.

Site Web : tapio.restaurant

La Taïga est le décor des romans de Jack London. Une balade en traîneau, tiré par un attelage de huskies, a un charme indéniable.

 

La pêche sur glace avec Timo

Première activité de la matinée : pêche sur glace. A Hyväniemi, presqu'île qui s'avance sur le lac Kitka, nous retrouvons Timo, un ancien courtier en assurances qui a décidé de se consacrer à la pêche et complète ses revenus en la faisant découvrir aux touristes.

Quand nous descendons du van, c'est pour monter dans un petit traîneau que Timo remorque avec sa motoneige jusqu'au point où il a installé ses filets. Ceux-ci, tendus sous la glace, peuvent coulisser d'un point à un autre le long d'une corde mise en place en début d'hiver quand la glace est encore peu épaisse (voir la vidéo sur instagram de cet ingénieux dispositif). Il n'y a plus alors qu'à en extraire les poissons. Ce que fait Timo avec une facilité déconcertante mais qui ferait perdre patience à plus d'un débutant. C'est habituellement par ce moyen que le pêcheur attrape ses plus gros poissons, des brochets. Le premier filet en livre quelques uns mais le deuxième nous laissera bredouille.  «Pas de sous-marin russe aujourd'hui » s'en amuse-t-il.

  • Timo est habile à récupérer les poissons dans les filets.
  • Pêche au trou sur le lac gelé avec Timo.

 

 

Nous reprenons alors la motoneige en direction d'un autre endroit où Timo me propose de m'essayer à la pêche au trou. Plusieurs fois je crois déceler un frémissement mais cela s'avèrera être mon imagination. Finalement, quelques minutes avant de repartir une perche mord à l'hameçon, bingo ! Bon, soyons francs, je suis davantage motivé par les photos que je peux tirer de cette petite aventure. Malgré la météo maussade, l'environnement garde un attrait visuel certain. Il faut reconnaître que par temps de neige ce type de paysage a l'avantage sur la toundra ou la banquise, dont la beauté ne se laissent appréhender que lorsqu'une visibilité suffisante permet d'en saisir l'ampleur. Mais ici, arbres et maisons colorées forment un premier plan que le voile de mystère enveloppant le reste ne rend que plus intéressant. 
 

  • La vue depuis notre site de pêche sur la glace. Poisson ou pas cela vaut le coup de venir !

     

Les balades en traîneau à chiens à Kota Husky

Si Posio est connu pour compter plus de rennes que d'hommes, le traîneau à chiens y est aussi très populaire auprès des touristes. Après tout, la Taiga est le décor des romans de Jack London. Une balade en traîneau, tiré par un attelage de huskies, a un charme indéniable. Malheureusement, ce succès donne aussi lieu à des abus. Mais m'assure Thierry, la ferme à huskies vers laquelle nous faisons route est un des établissements les plus sérieux qu'on puisse trouver. Pour l'anecdote, les deux chiennes du lodge y sont d'ailleurs nées. Là aussi il s'agit d'une affaire familiale, dirigée par Lauri, un passionné qui avant de s'installer a Posio a travaillé à Ivalo.

  • Les huskies sibériens de Kota Husky.

     

L'intérêt de cette visite à Kota Husky commence avant la balade elle-même : il n'y a pas besoin d'être un grand amateur de chiens pour être fasciné par cette multitude de huskies sibériens. Tous les chiens ont un nom, inscrits sur la porte du box qu'ils occupent. Au milieu de cet étonnant hôtel canin, deux retraités sont assis, paisibles, sur un canapé. C'est bien de chiens qu'on parle : ceux trop vieux pour les sorties en traineau restent à la maison ! Mais bientôt on m'appelle, notre attelage est prêt. C'est parti pour une heure de traineau et le soleil a le bon goût de refaire son apparition juste à ce moment.

Bien entendu, Kota Husky offre aussi des tours plus longs, de vingt à trente kilomètres, à l'intérieur du parc du Riisitunturi. C'est ce type de tours que le Naali Lodge inclut dans ses séjours et que je recommanderais aussi. Le traîneau est une activité qui se laisse apprécier dans la durée.

PRATIQUE

Kota-Husky
Jaksamontie 60, 97890 Karjalaisenniemi
A partir de €115 (€70 pour les enfants)
Site web : www.kota-husky.fi

  • Lauri, de Kota-Husky, avec ses huskies sibériens.
  • Balade en traineau dans la forêt avec Kota-Husky.

 

Au Pentik Manor, on peut aussi prendre un bain de pieds dans une décoction d'herbes à composer soi-même.

 

Pentik, l'usine de céramique la plus septentrionale du monde

Nous prenons la direction de Pentik, l'usine de céramique la plus septentrionale du monde, pour rencontrer sa fondatrice Anu Pentik. Plus que ce record géographique, c'est l'histoire et la personnalité inhabituelles de cette fringante septuagénaire qui étonnent. Au début des années 1970, Anu et son mari Topi s'installent à Posio. Ce dernier, prof de sport, y enseigne à l'école. Anu met en dépôt-vente ses créations en céramique... à la station-service locale. Un jour, un automobiliste, arrêté pour faire le plein, repart avec tout le stock. C'est ce qui lui donne l'idée de monter son affaire !

Aujourd'hui, Pentik compte plus de 80 magasins de décoration intérieure en Finlande. La maison que le jeune couple occupait dans les années 1970 servait en même de temps de siège à l'entreprise. Elle a été intégrée au vaste complexe abritant un magasin avec outlet et cafétéria (où on peut boire de vrais espresso et autres cappuccino, une rareté dans une région où le café filtre tient encore le haut du pavé) et compte un musée d'intérieurs et objets traditionnels finlandais, et bien sûr un espace pour les créations en céramique. En face du magasin se trouve un beau bâtiment à la façade colorée : c'est la galerie Pentik, où sont présentées les créations des artistes du monde entier. À l'invitation d'Anu, ils viennent en résidence à Posio.

  • Installation murale en céramique dans le centre culturel Pentik
  • Une oeuvre de l’artiste Riita Talonpoika  dans la galerie Pentik

 

 

Dîner au Pentik Manor, maison-atelier pour des céramistes venus du monde entier

Nous remontons dans le van de Thierry pour aller dîner à Timisjärvi, lieu-dit situé à côté du lac éponyme (järvi veut dire lac en finnois) où les Pentik ont entièrement rénové une ferme de rennes vieille de quelque 150 ans. L'imposante bâtisse y connaît une seconde vie sous le nom de Pentik Manor. La jeune assistante d'Anu y déambule pieds nus tandis qu'Inga, la maîtresse des lieux, s'affaire en cuisine.

Comme dans la première maison du couple, Anu Pentik brouille la frontière entre espace privé et public. Ce soir je suis invité à un dîner privé dans cette maison qui accueille les artistes en résidence et à qui elle sert aussi d'atelier. Mais elle s'ouvre aussi au public le temps de visites en groupes, à l'occasion de cours de céramique ou d'ateliers sur l'utilisation des herbes naturelles. On peut aussi, comme je l'ai moi même testé, y prendre un bain de pieds dans une décoction d'herbes à composer soi-même. L'intérieur mélange habilement céramiques contemporaines, comme les créations espiègles du Coréen Suku Park, céramiste de renommée mondiale, ou les amusantes créatures de la plus jeune Sung-mi Ha.

PRATIQUE

Centre culturel et boutique Pentik à Posio
Maaninkavaarantie 3, 97900 Posio
Entrée gratuite
Site Web : www.pentik.com

Pentik Manor à Timisjärvi
Timisjärventie 26, 97820 Posio
En groupe et sur rendez-vous : visite du complexe (€50/groupe), bains de pieds (min. 4 personnes, €50/pers.)
Café et Galerie ouverts l'été.
Plus d'infos sur www.pentik.com/pentik-kartano

 

  • L'entrée du Pentik Manor avec des céramiques de l'artiste coréen de renommée mondiale Suku Park.
  • Catherine, du Naali Lodge, et Riina, l'assistante d'Anu Pentik à la table du dîner dans le Pentik Manor.

 

Le tremplin du Rukatunturi accueille une des épreuves de la coupe du monde de saut à ski.

 

Ruka, une station de sports d'hiver prisée des Finlandais, mais pas seulement

Après deux jours au Naali Lodge, je prends la direction de Ruka, situé à une vingtaine de kilomètres de Kuusamo. Changement complet d'ambiance : il s'agit d'une petite station de sports d'hiver, fréquentée majoritairement par des Finlandais mais pas seulement. La différence est que si les Finlandais viennent y faire du ski (alpin !), les Britanniques ou Allemands viennent, comme moi, pour tout le reste. Sachant que le Rukatunturi culmine à 492m, soit à peine plus de 100 mètres au-dessus de la station, il est difficile d'imaginer l'attrait que pourrait exercer Ruka sur des skieurs habitués aux stations alpines. Malgré tout, Ruka s'est fait un nom dans les compétitions internationales. Le tremplin du Rukatunturi, datant de 1964, accueille une des épreuves de la coupe du monde de saut à ski.

Mais si après avoir pris le remonte pente vous traversez les pistes pour vous enfoncer, en raquettes, dans la forêt qui les bordent, vous vous retrouvez immédiatement au milieu des mêmes arbres magiques qu'au Riisitunturi. Évidemment, on reste très près de la civilisation, comme en témoignent les sculptures de glace, éparpillées au milieu de la forêt et éclairées la nuit. C'est aussi un avantage. On peut ainsi faire une balade très agréable sans avoir besoin de prendre aucun moyen de transport (les plus courageux se passeront du remonte-pente).

  • Les magnifiques rapides de Myllykoski dans le parc d’Oulanka

 

Des activités hivernales pléthoriques

Et comme toujours, la concentration de touristes signifie aussi une offre absolument pléthorique d'activités : des raquettes à la motoneige en passant par l'escalade de chutes gelées. Sans parler des tours en hélico : je n'ai pu m'empêcher de rajouter au programme un rapide survol de cinq minutes a bord d'un petit Robinson R44. Très court, certes, mais pas trop cher (60€). Pour des vols plus longs, au-dessus des parcs nationaux, il faut évidemment compter davantage.

En fait une bonne partie des excursions proposées par les tours opérateur ont lieu en dehors de Ruka, notamment dans les parcs, mais le point de départ est situé dans la station, résolvant la question du transport. Certaines ont même pour destination le parc de Korouoma, fameux pour ses chutes gelées, qui se situe une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Posio (et qui figure d'ailleurs au programme du Naali Lodge).

Avec Anastasia, la jeune femme de l'office de tourisme de Ruka, nous nous rendons au Parc national d'Oulanka, situé lui à une trentaine de kilomètres au nord de Ruka. Limités par le temps nous nous contenterons d'aller au lieu-dit de Mylliykoski ("le vieux moulin"). Un endroit particulièrement pittoresque, où des rapides tiennent la glace en échec et les remous interrompent la blancheur du paysage d'une infinité de nuances bleu-vert. L'accès à Mylliykoski est aisé mais par contre certains escaliers du parc ne sont pas déblayés et j'aurais autant aimé avoir avec moi de petits crampons amovibles. Avis donc aux amateurs de randonnée, qui pourront aussi louer des raquettes au grand centre de visiteurs à l'entrée du parc. Ou bien y déjeuner ou y prendre un café. 

Quant à nous nous devons rentrer à Ruka, rendez-vous étant pris pour un dîner au Riipinen Wild Game Restaurant. Le nom de ce très populaire restaurant n'est pas usurpé car on y sert même... de l'ours ! Je me contenterai d'un plus conventionnel omble chevalier. Cuisine rustique mais de qualité.

Alors où loger à Ruka ? Dans ce haut lieu des sports d'hiver en Finlande, les possibilités de logement ne manquent pas mais sont surtout orientés vers les appartements, chalets et autres cottages avec des durées de location variables. Du côté des hôtels nous avons retenu deux adresses : le Ruka Peak, un boutique hôtel situé en haut du Rukatunturi et plus loin, à 6.5 km de Ruka le Iisakki Glass Village avec ses mini-villas aux parois vitrées pour profiter de la nature même depuis son lit. Et si vous avez de la chance, vous verrez peut être une aurore boréale... à travers le toît, transparent lui aussi.

PRATIQUE

Parc National d'Oulanka
Plus d'infos sur le site : www.nationalparks.fi/oulankanp

Ruka Peak - Boutique Hotel & Restaurant
Juhannuskalliontie 27, 93825 Rukatunturi
A partir de €265 / nuit
Infos et réservations : www.rukapeak.fi

Iisakki Glass Village
Myllylahdentie 4, 93820 Kuusamo
A partir de €349/ nuit
Site Web : www.iisakkiglassvillage.fi/fr

 

Toutes images © DB / YONDER.fr sauf mention particulière
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