Aux confins du Brésil et de l'Argentine, Iguazú, la Garganta del Diablo
Les chutes d’Iguazú/Iguaçu, situées à la frontière entre l’Argentine et le Brésil, sont constituées d’environ 257 chutes individuelles sur plus de 2,7 kilomètres. Le parc national a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984 et a été choisi, en 2011, pour rejoindre les sept nouvelles merveilles de la nature. Il fait parti des endroits les plus époustouflants au monde où la nature à son état le plus sauvage vous submerge et vous effraie.
À la croisée des mondes
Je me souviens très bien de cette journée pluvieuse du mois de juin où nous sommes arrivés dans la ville de Puerto Iguazú en Argentine. Nous sommes à quelques kilomètres à peine du Brésil mais l’ambiance qui règne ici transpire tout ce que l’Argentine a de plus authentique : asado, vino tinto, franc parler et convivialité. On se sent bien dans cette ville frontalière qui déborde d’infrastructures touristiques bien pensées et respectueuses de la nature environnante. Sur les recommandations de voyageurs rencontrés nous nous concentrerons sur la partie argentine des chutes, plus riches et plus diversifiées.
Nous passons la soirée dans un bar à vin où les odeurs de boeuf grillé et la couleur grenat profond du vin que l’on nous sert nous ravissent. On savoure notre dîner dans un charmant brouhaha où s’entrechoquent espagnol, brésilien, français, anglais et italien. Il fait chaud et très humide.
A minuit, il est temps d’aller dormir, les chutes se découvrent de la plus belle manière au petit matin et il y aura du monde à en croire le nombre de touristes attablés en terrasses des restaurants. Nous passons la nuit à l’hôtel La Aldea De La Selva Lodge situé à l’extérieur de la ville sur la route des chutes qui offre un vrai dépaysement au milieu de la jungle.
La découverte du parc d’Iguazú commence à 8 heures. Après 10 minutes de voiture, nous arrivons à l’entrée du parc. Aucun véhicule n’est autorisé à entrée, la visite se fait à pied ou à bord d’un petit train. Documentation en main, nous voilà prêts à en découdre avec l’une des plus grandes réserves forestières de l'Amérique du Sud : 67 000 hectares en Argentine et 173 000 au Brésil, environ 2 000 espèces de plantes, 400 espèces d’oiseaux, plus de 80 espèces de mammifères et un nombre incalculable d’espèces d’invertébrés.
Parmi les espèces rares emblématiques des lieux, citons le caïman à museau large, le tamanoir, la harpie féroce, l’ocelot et le jaguar.
À la découverte d'Iguazú, incontournable de l'Amérique Latine
Côté Argentin, il existe deux sentiers de découverte : le circuit supérieur et le circuit inférieur. Impossible de se perdre tout est balisé et heureusement ! Nous prenons le train à la gare de Cataratas et admirons au cours du trajet un paysage unique et luxuriant. Pour nous Européens c’est du jamais vu.
Le train s’arrête après une vingtaine de minutes, nous sommes arrivés au terminus. Une pluie fine commence à tomber, nous avions prévu le coup. Imperméables sur le dos, nous entamons le chemin qui doit nous amener jusqu’au point le plus grandiose du parc : La garganta del diablo.
La pluie se fait plus dense, plus violente. Non, ce n’est pas la pluie mais bien les projections d’eau des chutes que nous sentons sur nos visages. L’apocalyptique gorge du diable est devant nous, 80 mètres de chutes d’une puissance indescriptible.
C’est beau. C’est incroyable.
Les sensations que l’on expérimente sont multiples et opposées : peur à l’idée de tomber, joie de contempler ce spectacle, questionnement sur notre place dans le monde et notre implication dans la détérioration de ce genre de lieu…
Impossible de dire combien de temps nous passons sur le mirador mais au moment de quitter les lieux un nouveau phénomène naturel nous cloue au sol. Douceur et pureté dans un environnement hostile et déchainé, l’apparition d’un arc-en-ciel est notre cerise sur le gâteau, une invitation de la nature pour que l’on s’attarde encore un instant dans son antre.
Les chutes d’Iguazú, comme toutes les merveilles de la nature éparpillées aux quatre coins du monde, ne laissent personne indifférent. Chaque visiteur ira de son anecdote et aura sa façon de raconter sa rencontre avec ce lieu. Nous avons choisi d’en conserver une leçon de vie : prenons conscience que rien ne nous appartient, acceptons notre position d’invité et profitons-en en parcourant le monde à la recherche de lieux vierges de notre empreinte.