Vous êtes ici

Pierre Gunther, Le mercredi 04 décembre 2024
Grand angle

Notre itinéraire d’une semaine en Irlande

Le long de la côte atlantique, la Wild Atlantique Way déroule ses kilomètres le long des falaises, passe sur les îles, traverse le Connemara et nous livre des paysages du bout du monde. Une semaine en Irlande offre un dépaysement rare en Europe. On trace la route.
  • Notre itinéraire d’une semaine en Irlande sur la Wild Atlantic Way © Pierre Gunther
    Notre itinéraire d’une semaine en Irlande sur la Wild Atlantic Way © Pierre Gunther

Si proche de la France et pourtant si différente. Un itinéraire en Irlande séduit dès les premiers instants. Au cœur de cette expérience, la Wild Atlantic Way, la plus longue route côtière balisée au monde, dévoile ses 2 500 kilomètres de falaises déchiquetées, de plages désertes et de criques protégées par des phares et des îles. Plus qu’un voyage, c’est une immersion dans un pays où chaque virage offre un nouveau décor saisissant, un nouveau pub où l’on partage une Guinness en musique, et où l'on parle de l'histoire du pays, marquée par la colonisation, la famine, et la fierté des Irlandais. Les panneaux en gaélique le rappellent, on est loin de Dublin, et les habitants partagent, avec leur chaleur naturelle et une simplicité désarmante, leur amour pour leurs paysages et leurs traditions.

  • L’océan, fil rouge de notre itinéraire en Irlande de 7 jours © Pierre Gunther
    L’océan, fil rouge de notre itinéraire en Irlande de 7 jours © Pierre Gunther

 

Itinéraire en Irlande - Jour 1
 

11h50 – Se poser à Shannon

Après 2 heures de vol depuis Paris, la compagnie AerLingus dépose ses passagers dans le petit aéroport de Shannon, dans l’Ouest du pays. À la sortie de l’avion, la température se rafraîchit, les nuages défilent rapidement dans le ciel, notre itinéraire d’une semaine en Irlande débute dans cet aéroport qui connut de grandes heures quand tous les vols transatlantiques étaient obligés de faire étape ici pour faire le plein avant de traverser l’océan. Aujourd’hui, on y loue notre voiture et l’on taille la route direction l’Atlantique.

13h00 — Admirer les falaises de Moher

Après une heure de route, on arrive à l’un des sites les plus impressionnants d’Irlande, les falaises de Moher, qui plongent dans l’océan depuis leur 214 mètres de hauteur. Un paysage à la Tolkien que l’on admire depuis la tour O'Brien, construite en 1835, où la vue porte jusqu’aux îles d’Aran qui flottent à l’horizon, notre prochaine étape. Le bruit des vagues qui s’écrasent sur la roche se mêle au cri des mouettes et au vent. On parcourt si l’on souhaite une partie du Doolin Cliff Walk (4 heures) qui longe la muraille naturelle sur 8 kilomètres. Par endroits, des fleurs sauvages colorent discrètement les sentiers, ajoutant une touche de douceur à ce paysage grandiose. 

  • Falaises de Moher © Clay Banks
    Falaises de Moher © Clay Banks

 

14 h — Déjeuner à The Ivy Cottage à Doolin

Dans ce petit village touristique et coloré dont les maisons s’allongent le long de la rivière Aille, The Ivy Cottage propose, sous la tonnelle ou dans une salle chaleureuse, de goûter aux produits locaux. Exit l’image d’Épinal peu flatteuse de la cuisine british, ici, on mange sain et local. Soupe de poisson du jour, pinces de crabe, plateau de saumon fumé (irlandais) et fromage de chèvre frais du coin, le tout arrosé de notre première bière brune, une Sarsfield Stout de la Treaty City Brewery. Notre itinéraire en Irlande de 7 jours commence sous les meilleurs auspices gourmands…


16 h — Prendre le bateau pour Inis Mór (Inishmore) 

On se rend à pied au port, et après 45 mn de ferry, on débarque à Inis Mór en gaélique irlandais, Inishmore en anglais, la plus grande des îles Aran, que l’on connaît surtout pour leurs moutons et leurs pulls en laine. Sur Inis Mór à la beauté sauvage, les 800 habitants parlent l’irlandais en plus de l’anglais et veillent sur des paysages qui semblent inchangés depuis des siècles. Ici, des murets de pierre délimitent d’étroites parcelles de terre où paissent des chevaux, indifférents au passage des rares voitures. En parcourant l’île à vélo ou à pied, on découvre des églises remontant au VIe siècle, un vieux cimetière et des forts antiques comme Dún Aonghasa, perché au sommet d’une falaise vertigineuse. 

Inis Mor © Pierre Gunther

 

Mais loin d’être des insulaires renfrognés, ses habitants, chaleureux et accueillants, partagent volontiers les histoires et les traditions de leur île. On peut découvrir Inishmore de multiples façons : parcourir ses sentiers à pied ou à vélo, s’aventurer en plongée sous-marine pour explorer ses fonds marins ou visiter des fermes locales pour en apprendre davantage sur les méthodes agricoles ancestrales. C’est le cas de Gabriel Faherty, ancien pêcheur devenu agriculteur et fromager, à qui l’on rend visite dans sa ferme Aran Island Goat Cheese Farm. Si la production de fromage n’est pas du tout une tradition ici, l’entrepreneur ravive pourtant une vieille coutume de récolte des algues, comme la dulse rouge, qu’il ajoute à ses fromages frais pour leur apporter un goût délicieusement iodé. 

  • Sur notre itinéraire en Irlande, Inis Mor © PG
    Sur notre itinéraire en Irlande, Inis Mor © PG

 

17 h — Poser ses valises à Kilmurvey House

Au milieu des terres, Kilmurvey House est un havre de paix au charme authentique, dont l’histoire remonte à sa construction en 1860 par le riche propriétaire Anglais des terres alentour. Le manoir, qui a accueilli plusieurs célébrités dont Hayao Miyazaki, Katherine Hepburn et Sharon Stone dans la chambre 1, a également vu passer plusieurs générations de la famille Joyce, dont la grand-mère des propriétaires, qui y résidait depuis 1947. Les 15 chambres et suites, toutes simples, accueillent les hôtes venus pour des retraites de yoga ou d’écriture, de 3 à 6 jours. Avec ses vues sur les champs, ses cheminées, ses couloirs cosy, son chien Peg qui se joindra à vous pour une balade, on se sent immédiatement chez soi à Kilmurvey House.

Kilmurvey House
15 clés à partir de 135 € la nuit
Kilmurvy, Inishmore, Co. Galway, H91 CF5X

kilmurvey-house.com

Kilmurvey House © Pierre Gunther

 

19 h — Profiter d’un craic à Tí Joe Wattys

Treasa la propriétaire vous accueille dans ce pub où toute l’île se réunit les soirs de grand vent, et aussi les belles nuits d’été, pour une Guinness au bar, un brin de cosette et un peu de musique. Le résumé du craic en somme, un terme gaélique qui évoque un moment plaisant, de joie et de partage. Ici, il s’agrémente d’un plateau de fruits de mer où trône homard entier, pinces de crabes et crevettes royales, de moules vapeur à l’ail et d’une salade de fromage de chèvre de l’île. En dessert, délicieuse tarte aux pécans, toujours en musique. Un moment chaleureux que l’on souhaite sans fin et une première soirée en Irlande, parmi tant d’autres à venir, qui reste gravée en mémoire. 

Tí Joe Wattys
Stáisiun Doiteain Inis Mor, Kilronan, Aran Islands

Tí Joe Wattys

 

Jour 2 – Sillonner Inis Mór
 

Au réveil, un petit-déjeuner généreux à Kilmurvey House prépare une journée d’exploration sur l’île : un porridge (avec une larmichette de whiskey), des prunes pochées, du granola et une omelette garnie de fromage d’Aran offrent un avant-goût des saveurs locales. À quelques pas de l’hôtel, on continue notre itinéraire en Irlande sur la plage de Kilmurvey White Beach qui s’étend, déserte et préservée, bordée de murets en pierre typiques. Ici, la nature règne en maître et le silence n’est troublé que par le bruit des vagues. En remontant vers l’hôtel, on s’arrête pour une glace à Paudy’s Ice Cream, avant de grimper sur l’à-pic des falaises qui bordent la côte sud de l’île, vers la vieille forteresse de Dún Aonghasa qui semble défier le temps et le vent. De ce point de vue impressionnant, on aperçoit les falaises de Moher se profiler au loin, tandis que la lumière joue sur les rochers et l’océan et nous livre un tableau qui change de minute en minute. 

Sur notre itinéraire en Irlande, Inis Mor © PG

 

Pour ceux qui souhaitent plonger plus profondément dans l’univers marin d’Inis Mór et qui n’ont pas froid aux yeux, la Dive Academy, installée sur le port, propose des plongées sous-marines parmi des forêts d’algues qui ondulent sous la surface. Les sites de Brocklinmore et d’Áit Spraoi révèlent des labyrinthes de cavernes et de récifs pleins de vie, dans une eau vivifiante qui dépasse rarement les 14 °C, mais parmi les plus claires d’Europe. Le club propose également, sans bouteille, des initiations à la plongée en apnée. Les voyageurs les plus paisibles choisissent eux de parcourir les sentiers de randonnée, qui serpentent entre plages sauvages, landes fleuries et anciens champs où s’écroulent au fil des ans de vieilles églises en ruine, témoins silencieux du christianisme primitif.

  • Inis Mor © Pierre Gunther
  • Inis Mor © Pierre Gunther

 

Jour 3 – Départ pour le Connemara
 

9h45 — Décollage immédiat

Après le petit-déjeuner, il est l’heure de poursuivre notre itinéraire d’une semaine en Irlande et de passer sur la balance. Dans le hangar qui sert de terminal au petit aérodrome de l’île, les bagages et les passagers sont pesés avant d’embarquer dans un petit avion à hélice. Qu’il pleuve ou qu’il vente, l'appareil d’Aer Arann décolle et survole les îlots, les fonds marins chamarrés qui rappellent les Caraïbes, et nous dépose en douceur 8 minutes plus tard à Inverin, porte du Connemara. 

© Pierre Gunther

 

10 h — Sur les routes sauvages d’Irlande

Traverser le Connemara en voiture, c’est pénétrer dans une nature brute et fascinante. Tout au long de la route, les landes s’étendent, parsemées de lacs dont la plupart ne portent pas de nom, de bruyères violettes et de genêts, vibrant doucement sous le vent. De part et d’autre, les tourbières, brunes et profondes, se déploient à perte de vue. Bien plus que de simples marécages, elles témoignent d’une histoire ancestrale où l’on récoltait la tourbe pour se chauffer ou pour faire crépiter les barbecues familiaux du dimanche. Dans cette terre acide, des trésors enfouis ont été découverts par les scientifiques et les fermiers : bijoux, objets religieux des premiers chrétiens, et même des momies qui ont survécu aux siècles, protégés par le milieu pauvre en oxygène.

© Pierre Gunther

 

En approchant de la vallée d’Inagh, la route se met à serpenter entre les collines aux silhouettes majestueuses, soulignées par un ciel sans cesse changeant. Des moutons Scottish Blackface, avec leurs têtes noires et leur air nonchalant, broutent lentement, familiers du lieu. Au détour d’un virage, on aperçoit 7 poneys du Connemara en une seule fois, clin d’œil aux légendes locales, promettant sept ans de bonheur. 

 

11h45 — Visiter la Kylemore Abbey

L’Abbaye de Kylemore, nichée au cœur du Connemara, est bien plus qu’un simple monument. Avant de devenir un lieu spirituel, elle fut le rêve romantique de Mitchell Henry, chirurgien et industriel anglo-irlandais, qui l’a construite en 1871 en hommage à sa femme Margaret. Séduit par la beauté brute de cette région dont le nom signifie “grand bois” en gaélique, Henry acquiert d’abord une loge de chasse et 7 000 hectares de terres, pour y bâtir ce vaste domaine néogothique aux tourelles et créneaux, doté de grandes fenêtres ouvertes sur les paysages sauvages. Le château de Kylemore, conçu comme une résidence estivale, devient un lieu de vie luxueux avec ses 33 chambres, son aile vénitienne, son bain turc et ses salles de bal et de billard. Henry, qui rêvait de faire de sa propriété un modèle d’expérimentation sociale, y crée des emplois, investit dans le drainage des terres et la construction d’une école, et offre des salaires bien au-dessus de la moyenne.

  • Kylemore Abbey © Pierre Gunther
    Kylemore Abbey © Pierre Gunther

Mais la tragédie frappe en 1875 lorsque Margaret meurt de dysenterie lors d’un voyage sur le Nil. Dévasté, Henry fait construire une église gothique en marbre du Connemara et un mausolée pour sa femme, scellant leur histoire dans ce lieu d’exception. Plus tard, après des années de changement de propriétaires et de déclin, l’abbaye est reprise par les bénédictines d’Ypres fuyant la Première Guerre mondiale, qui y installent une école de jeunes filles, fermée en 2010. Aujourd’hui, Kylemore est un site vivant de visites, où l’on peut aussi admirer les magnifiques jardins victoriens restaurés, avec leurs serres abritant une étonnante variété de plantes exotiques et de légumes, témoignages du rêve de Mitchell Henry et de l’histoire fascinante de cette abbaye irlandaise.

Abbaye de Kylemore
Pollacappul, Co. Galway, Irlande
ireland.com/fr-fr/kylemore-abbey

  • Kylemore Abbey et ses jardins © Pierre Gunther
    Kylemore Abbey et ses jardins © Pierre Gunther

 

13 h — Déjeuner au Kylemore Kitchen

Une tartine au crabe ou au saumon, une soupe du jour à la pomme de terre ou à la tomate, des scones en libre-service… et une grosse théière de thé bien noir pour se réchauffer après la visite des jardins. Le restaurant sans prétention de l’Abbaye (Kylemore Kitchen) est idéal pour déjeuner sur le pouce dans la grande verrière au milieu des jardins.

15 h — Pédaler sur la Sky Road à Clifden

Comme en Bretagne, les 4 saisons se succèdent dans la même journée, et ce n’est pas une raison pour rester enfermé. Depuis la petite ville de Clifden où on loue nos vélos électriques au Clifden Bike Shop, notre guide Jonathan nous emmène le long de la côte sur la Sky Road qui surplombe la mer. Pas de chance, la vue est un peu bouchée mais les buissons qui bordent la route sont étonnamment fleuris en ce début d’automne. Fuchsias flamboyants et rhododendrons touffus explosent de couleurs tandis que les bruyères en train de faner tâchent de pourpre les pentes qui descendent à l’océan. Au loin, des chapelets d’île émergent du paysage marin, des poneys et des ânes au poil ruisselant nous regardent passer. Un grand bol d’air frais lors de notre road trip en Irlande, guidé par l’enthousiasme communicatif de notre guide.

Clifden Bike Shop
Market St, Clifden, Co. Galway, H71 DW67

  • La Sky Road sous la pluie © PG
    La Sky Road sous la pluie © PG

 

17 h – Check-in à la Quay House 

Installée sur le petit port de Clifden, la Quay House nous raconte l’histoire de la plus vieille demeure de la ville, construite en 1820 pour le directeur du port et devenue ensuite monastère franciscain, couvent et enfin maison d’hôtes tenue par Paddy et Julia Foyle. Depuis les chambres, toutes différentes, on regarde les bateaux de pêche traditionnels aux voiles carrées amarrés au quai, qui montent et descendent au rythme de la marée. 

Les Foyle ont l’hospitalité dans le sang depuis plusieurs générations et cela se respire. On se sent chez soi et pas à l’hôtel sous la verrière du petit-déjeuner ou dans le salon principal, qui expose une collection éclectique de sofas et chaises moelleuses, de tableaux et d’objets anciens, de famille, chinés ou de souvenirs de voyage. Côté chambres, chacune est unique et révèle tour à tour un style de cottage anglais, de safari lodge, une ambiance Empire, une cheminée et de vastes salles de bain avec baignoire sur pied. Un îlot chaleureux dans ce grand Connemara sauvage.

The Quay House
Beach Rd, Clifden, Co. Galway
À partir de 85 € la nuit

Voir les prix sur booking.com

  • The Quay House © PG
  • The Quay House © PG

 

19h30 – Un dîner mémorable à l’Abbeyglen Castle

Dans l’ambiance feutrée de l’Abbeyglen Castle, construit en 1832, le dîner commence comme une soirée entre amis. À 18h30, les hôtes sont invités pour une petite réception avant que le directeur, Brian Hughes, partage avec passion l’histoire de ce château emblématique et de la région. Son charisme et sa convivialité donnent immédiatement le ton : ici, on est chez soi, dans une ambiance aussi élégante que décontractée.

Abbeyglen Castle

 

Le repas, servi en cinq plats, est une ode aux saveurs locales, avec en point d’orgue l’agneau du Connemara. Parfaitement cuit, il s’accompagne de purées onctueuses de carottes et pommes de terre, de légumes et d’une sauce délicatement parfumée à la menthe. Même le gras de la viande, légèrement croustillant, est une gourmandise. Les petites attentions font tout : une photo souvenir imprimée dès l’arrivée, un drapeau personnalisé sur la table, et même la possibilité de choisir une chanson pour le pianiste — à condition d’oser pousser la chansonnette en sa compagnie.

Après le dîner, la soirée se prolonge au bar dans une atmosphère cosy, façon retour de pêche à la mouche, éclairée par la lumière des bougies. Entre un Irish coffee et une mélodie jouée par le pianiste, et parfois le directeur lui-même, les rires et les conversations remplissent la pièce.L’hospitalité irlandaise n’est pas une légende.

Abbeyglen Castle
Sky Rd, Church Hill, Clifden, Co. Galway, H71 NX28

  • Pas de road trip en Irlande sans Irish coffee © PG
    Pas de road trip en Irlande sans Irish coffee © PG

 

Jour 4 – Huîtres et moutons
 

11 h – Les moutons du Killary fjord

Rendez-vous est pris à la Killary Sheep Farm pour une démonstration de chien de berger par P.J., quatrième génération d’éleveurs dans cette ferme fondée il y a 105 ans. Les prés qui débordent d’une herbe verte et touffue s’étagent jusqu’à la mer le long du fjord de Killary, le plus long d’Irlande, qui s’enfonce dans les terres sur 14 km et compte de nombreuses exploitations conchylicoles. P.J. y travaille d’ailleurs l’hiver quand les moutons ont moins besoin de lui. A la seule commande « walk on », sans même élever la voix, le fermier guide son chien Rex jusqu’au troupeau pour rassembler les bêtes et les mener jusqu’à l’enclos « J’ai commencé à entraîner Rex quand il avait 6 mois. Il peut rassembler jusqu’à 120 moutons seul, et il doit le faire sans les stresser. »

  • Killary Sheep Farm © Pierre Gunther
    Killary Sheep Farm © Pierre Gunther

 

Par leur cadre de vie idyllique et en plein air, on comprend pourquoi les agneaux du Connemara sont si réputés. Et à la question « pourquoi c’est la meilleure herbe ici ? », P.J. de répondre : « parce que c’est l’herbe du Connemara ». Tout simplement.

En remontant le fjord vers l’intérieur, on peut s’arrêter pour un café en extérieur sur la terrasse du Misunderstood Heron, embarquer pour une croisière de quelques heures, ou continuer notre itinéraire en Irlande vers la stupéfiante vallée de Doolough. Un pêcheur à la mouche tente sa chance dans la cascade d’Aasleagh, deux cyclistes font une pause, un immense lac se profile, entouré de puissantes montagnes de chaque côté, recouvertes de lande verte, épaisse, gorgée d’eau. On se sent une nouvelle fois minuscule. 

  • La pêche à la mouche © PG
    La pêche à la mouche © PG

 

14 h – Les huîtres de la famille Gannon

Après une petite promenade dans la ville de Westport aux façades colorées, avec ses ponts en pierre fleuris qui enjambent une petite rivière, et ses boutiques — coffee shop, barbers’ shop, chocolatier… — on retrouve l’océan, à marée basse, à Croagh Patrick Seafoods & Tours. Les algues brunes gisent sur le sable alors que Padraic Gannon et sa femme Sheila nous accueillent tout sourire, tablier bleu noué à la taille, dans leur ferme ostréicole de ClewBay. Depuis le ciel, des dizaines d’îles, îlots et péninsules se jettent dans l’océan d’est en ouest et ferment un archipel où s’installent 8 exploitations, certaines détenues par des Français. Ici, le père de Padraic possédait une petite ferme et récoltait les algues avant de se lancer dans l’huître en 1987, un pari un peu fou dans un pays où l’on n’a pas l’habitude de consommer ce coquillage et où la majorité des mollusques sont exportés vers la France. 

Vive les huîtres © PG

 

Aujourd’hui, un centre de visite accueille les curieux pour découvrir l’exploitation, déguster et acheter des fruits de mer. On goûte à la perle locale, mais aussi à des huîtres sauvages, plus petites et beaucoup plus iodées à la longueur en bouche étonnante, mais aussi au saumon fumé d’Achill Island, à des moules vapeurs et à des huîtres chaudes. Autant dire que l’on a bien fait de sauter le déjeuner quand la dégustation reprend dehors, alors que Padraig voulait simplement nous faire une démonstration d’ouverture de coquille et finit par payer sa tournée une nouvelle fois.

Croagh Patrick Seafoods
Roslaher, Westport, Co. Mayo, F28 AV96, Irlande

  • Padraic Gannon © PG
    Padraic Gannon © PG

 

17h30 — Poser ses valises au Mulranny Park Hotel

En hauteur de la baie de Clew, le Mulranny Park Hotel offre une halte idéale pour profiter de la côte irlandaise. Cet hôtel 4 étoiles, à quelques minutes de la plage par un sentier escarpé, séduit par son charme old school. Dans les chambres confortables, c’est véritablement la vue sur la baie à marée basse qui joue le premier rôle. Le restaurant Nephin, convivial et accueillant, se distingue par ses plats de poisson et fruits de mer, mettant à l’honneur les produits frais de la région (on pense à réserver). Après une journée le visage fouetté par le vent du large, un passage dans la piscine chauffée ou au jacuzzi est un luxe simple et bienvenu. Peut-être aurez-vous la chance de dormir dans la même chambre que John Lenon, qui a organisé une fête dans cet hôtel dans les années 1960 alors qu’il était propriétaire de l’île proche de Dorinish. On raconte qu’il aurait chanté la chanson Revolution avant qu’elle ne soit enregistrée. 

Mulranny Park Hotel
Murrevagh, Mallaranny, Co. Mayo, F28 N2H9
À partir de 90 € la nuit

Voir les prix sur booking.com

Mulranny Park Hotel © PG

 

Jour 5 – Suite de l’itinéraire en Irlande
 

9 h — Aller sur une île sans prendre le bateau

Achill Island, sauvage et empreinte d’histoire, invite à une journée de découverte fascinante à 10 mn en voiture de l’hôtel, en suivant les 14 étapes du Achill Maritime History Trail (et un peu nos envies, aussi). En suivant le sentier maritime, l’histoire singulière du comté de Mayo se dévoile, marquée par une forte émigration et les récits de pirates audacieux. La légende de Grace O’Malley, la « reine des pirates », résonne encore. Née ici au XVIᵉ siècle, cette femme puissante et redoutée a bravé les mers et affronté la couronne anglaise elle-même. La Reine Élisabeth Ière, intriguée par son pouvoir et son influence, l’a convoquée à Londres pour une rencontre en latin car Gráinne Mhaol, de son vrai nom en gaélique, ne parlait que l’irlandais. Entre ses nombreux châteaux et ses possessions, Grace a laissé une empreinte indélébile sur ces rivages. Un arrêt près du château de la pirate, en réalité construit par son clan en 1429, offre des vues imprenables sur les falaises blanches d’Ashleam, avant que la route ne serpente vers des paysages encore plus rudes et grandioses.

  • Wild Atlantic Way © Pierre Gunther
    Wild Atlantic Way © Pierre Gunther

 

Le paysage enchanteur d’Achill, avec ses bruyères pourpres et ses ciels lumineux, a inspiré Paul Henry (1876 - 1958), peintre et fierté nationale. Ses toiles capturent la magie des landes et des montagnes, là où les teintes vibrantes des rhododendrons et des fuchsias illuminent la verdure. La mer se fracasse sur les rochers tandis que la petite plage de Keem cache son sable caribéen au pied des falaises. Une beauté sauvage qui cache une vie rude, poussant de nombreux habitants à quitter l’île, et même l’Irlande. La preuve au village déserté de Slievemore, hameau solitaire d’une centaine de cottages en pierre, aujourd’hui sans toit, dont l’abandon s’est accéléré lors de la Grande Famine au XIXᵉ siècle. Cet événement, ainsi que la colonisation anglaise, marquent encore aujourd’hui les Irlandais.

Pour le déjeuner, on mange sur le pouce à The Beehive Coffee Shop ou l’on retourne à Westport dans un pub typique, le Grainne Uaile Pub. En poursuivant l’itinéraire en Irlande, on passe par le Lough Conn et la rivière Moy, réputée pour la pêche.

  • Slievemore © PG
  • The Beehive © PG

 

16 h — Goûter au whisky irlandais 

La Connacht Distillery, nichée dans une ancienne boulangerie devenue par la suite une usine de jouets, perpétue une tradition irlandaise oubliée et éclipsée par le voisin écossais. Fondée en 2016 par des Américains aux racines irlandaises, elle a relancé la distillation de whisky dans le comté de Mayo, un siècle après la dernière production locale. Ici, tout est du pays, à commencer par l’orge maltée cultivée dans le sud-est de l’Irlande, distillée deux fois. Parmi les pépites à déguster au petit bar attenant à la boutique, le Connacht Single Malt Whisky se distingue par sa maturation en fûts de bourbon et de xérès pendant quatre ans, qui lui confère des arômes de fruits secs, de cannelle et légèrement vanillés. Le Ballyhoo, plus sucré, passe six mois dans des fûts de porto pour révéler des notes de miel et d’épices. Et pour une expérience plus rustique, le poitín complètement transparent, l’ancêtre du whisky irlandais, surprend par sa fraîcheur brute, rappelant les productions clandestines d’autrefois que chacun faisait dans son garage.

Connacht Distillery
Belleek, Ballina, Co. Mayo, F26 P932, Irlande

Connacht Distillery © PG

 

17h30 — Passer la nuit au Ice House Hotel

Installé sur les rives paisibles de la rivière Moy, le Ice House Hotel mêle harmonieusement histoire et design contemporain. Ancienne glacière destinée à conserver les prises des pêcheurs locaux, le bâtiment abrite aujourd’hui des chambres et suites aux larges baies vitrées qui s’ouvrent sur un paysage vivant. Le soir, les intérieurs se parent des teintes du coucher de soleil, tandis que des hérons élégants pêchent tranquillement dans les eaux calmes. Le restaurant, niché sous une verrière lumineuse, est un lieu agréable où savourer une cuisine inspirée des produits locaux. Quant au spa, il offre dans une extension moderne un moment de détente au raz de l'eau, avec son jacuzzi en plein air et ses baignoires sur les berges dans lesquelles on peut se prélasser dans un bain d'algues récoltées sur la côte voisine.

Ice House Hotel
À partir de 150 € la nuit
The Quay Ln, Quignalecka, Ballina, Co. Mayo

Voir les prix sur booking.com

 

  • The Ice House © Pierre Gunther
  • The Ice House © Pierre Gunther

 

Jour 6
 

Matin – Les bienfaits des algues chez Voya

Carrowbunnaun, avec son air marin vivifiant et ses vagues idéales pour les surfeurs, est une ville sur le chemin de notre itinéraire en Irlande qui respire l’énergie de l’Atlantique. Sur la promenade, on croise des écoliers en classe de mer, des magasins de surf colorés et des amateurs de plein air prêts à affronter les rouleaux. Ce coin de l’Irlande, rendu célèbre par William Butler Yeats, poète national et Prix Nobel de littérature en 1923, est l’image d’Épinal de la petite ville balnéaire anglo-saxonne.

En plus de marcher dans les pas de géants littéraires, on se plonge aussi dans les bienfaits de l’océan. Chez Voya, marque emblématique de cosmétique irlandaise, un bain d’algues de 50 minutes promet un moment de régénération. Après un passage au sauna pour ouvrir ses pores, on s’installe dans une baignoire remplie d’eau chaude où flottent des algues récoltées à la main. Ces plantes marines, comme le varech dentelé et son cousin vésiculeux, libèrent au contact de l’eau un gel riche en minéraux, oligo-éléments, vitamines (A, C, E, D, K) et polyphénols antioxydants. La sensation sur la peau est surprenante, l’eau se gélifie et les bienfaits sont immédiats : peau hydratée, circulation boostée, cheveux luisants. Une expérience aussi thérapeutique que naturelle, à l’image de cette région tournée vers la mer.

Plus d'infos sur les Voya Seaweed Baths

  • Carrowbunnaun © PG
    Carrowbunnaun © PG

Midi – Promenade gourmande « A taste of Sligo »

Traversée par une rivière pittoresque, Sligo nous dévoile ses charmes gourmands au fil d’un food tour imaginé par Anthony Gray, restaurateur et entrepreneur local. Le concept ? Découvrir les meilleures adresses de la ville en une seule promenade, en goûtant à ses spécialités culinaires, entre restaurants, bars et pubs emblématiques.On commence au Eala Bhán par une soupe épicée au potiron avant de poursuivre chez Hooked, où tout est sourcé dans un rayon de 25 kilomètres. On se régale de saumon fumé, de pork belly fondant après 12 heures de cuisson ou encore de poulet grillé servi en bun, le tout accompagné d’une IPA brassée localement.

A Taste of Sligo © PG

 

Le parcours continue chez Little Oysters, où Ashleen, la propriétaire, raconte l’histoire maritime de Sligo alors que nous savourons les huîtres d’une fraîcheur inégalée provenant de la ferme ostréicole de son mari. Pour finir cette exploration culinaire, direction The Wine Buff pour un verre de vin soigneusement sélectionné, suivi d’un arrêt whisky au pub typique Hargadon Bros, établi en 1868. 

A Taste of Sligo 
Pour 6 et plus, à partir de 86 € pp
tasteofsligo.ie

A Taste of Sligo © PG

 

Après-midi — Passer la nuit au Markree Castle Hotel

Avec ses créneaux et ses murs en pierre épais, le Markree Castle semble tout droit sorti d’un conte de fées. Cet ancien manoir devenu château en 1883 accueille ses hôtes dans un grand hall romantique où la tourbe brûle dans les cheminées et embaume l’atmosphère, les immenses tapis étouffent les pas des visiteurs tandis que les croisées d’ogive en pierre et les marqueteries en bois sombre surplombent des tableaux et des bibelots du fond des âges. De-ci de-là, au bout d’un couloir, une chapelle où l’on peut se marier, un bar à cocktail aux profonds fauteuils, un billard gigantesque où l’on s’imagine manier la canne avec un notable du coin.

  • Markree Castle © PG
    Markree Castle © PG

 

Les 31 chambres, dont certaines avec lits à baldaquin, s’inscrivent dans cette atmosphère historique. Se perdre dans le dédale de couloirs pour retrouver son lit fait partie du plaisir. Côté gastronomie, le restaurant offre une cuisine raffinée avec vue sur les jardins, et l’on ira se détendre le soir venu dans les sous-sols du château où quelques sucreries et du thé sont toujours en libre-service.

À l’extérieur, les 200 hectares du domaine s’étendent entre jardins parfaitement entretenus et arbres centenaires. La rivière Unshin serpente à travers le parc, offrant la possibilité de faire une promenade en barque. On rêve de se faire demander en mariage dans le petit hangar bucolique où repose la barque.

Markree Castle Hotel
Markree Demesne, Collooney, Co. Sligo, F91 AE81
À partir de 200 € la nuit

Voir les prix sur booking.com

Markree Castle © PG

 

Jour 7
 

Ce matin, on prend son temps au petit-déjeuner, on joue avec Roisin dans les jardins du château, le lévrier irlandais si affectueux, avant de monter en voiture, direction l’aéroport de Dublin à 2h30 de route. Pour faire étape sur notre itinéraire en Irlande d’une semaine, on peut s’arrêter à mi-chemin dans la charmante ville de Longford pour le déjeuner. Sinon, un détour de 30 mn nous mène vers le monastère de Clonmacnoise sur les rives du Shannon. Fondé au VIᵉ siècle, il offre un aperçu fascinant de l’histoire et de la spiritualité irlandaises avec ses croix celtiques et ses ruines anciennes.

Pratique

Plus d'infos sur la Wild Atlantic Way sur le site de l'office de tourisme d'Irlande et sur leur Instagram 

Réserver son vol vers Shannon avec AerLingus