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Florence ValencourtFlorence Valencourt, Le vendredi 27 septembre 2024
Restaurants

On a testé Le Cornichon, éloge du néo-rade

Fashion week parisienne oblige, l'adresse de la semaine est le lieu qui fait courir le Tout-Paris de la mode depuis son ouverture cet été. Tout dans la gueule d'atmosphère et rien dans le ventre ? Loin de là !
  • Le Cornichon © Félix Dol Maillot
    Le Cornichon © Félix Dol Maillot

On ne saurait dire exactement pourquoi, mais les branchés (parisiens) ont toujours adoré les rades de quartier : Le Zorba, Chez Jeannette, La Coquille, Le Mansart, etc. Ce sont des aimants à fashionistas qui, il est vrai, viennent s'y encanailler pour pas cher et apprécient sans doute le relief et la dégaine que leur donne la lumière des néons. En revanche, sauf rare exception, côté assiette, si elle existe, c'est plutôt morne plaine... Mais ça c'était avant. La nouvelle génération mode est également « foodie » et aussi nostalgique d'une époque qu'elle n'a pas connue. Les patrons du Cornichon l'ont bien compris et lui servent à même le zinc tout ce qui la fait rêver. Carton plein assuré dans ce restaurant de Paris.

  • Le Cornichon © Félix Dol Maillot
    Le Cornichon © Félix Dol Maillot

 

N'est pas rade qui veut 

Si le décor imaginé par l'agence Claves est plutôt joli et coche les cases de ce qu'on attend d'un tel lieu : grand comptoir rétro, sol en mosaïque, plafond laqué, banquettes vertes, formica, néons et flipper dans un coin, il n'a pas la patine et le vécu d'un vrai rade. En un mot, on se croirait dans un film de Sautet, mais sans les acteurs et la verve de l'époque. 

Comme le dit Guillaume Blot, qui en connaît un rayon car il a sillonné la France à la recherche des derniers de leur espèce (avant extinction ?), leur consacre un livre entier et expose sa série de photos en ce moment aux Photaumnales : « Qu'est-ce qui fait un vrai rade ? Son authenticité. Et elle n'est insufflée que par l'âme des patrons et des habitués. Ça prend du temps. N'est pas rade qui veut. Il ne suffit pas d'avoir une décoration vintage ou une carafe Ricard ». CQFD. 

Mais un peu raide. S'il lui faudra encore quelques années pour s'ancrer et gagner ses galons de rade, pour l'heure, le Cornichon est quand même une chouette cantine de quartier dans un style 70's sympatoche et déjà un vrai repaire d'habitués. Qu'est-ce qui fait donc son succès, dans un quartier qui ne manque pourtant pas de propositions ? L'assiette et son rapport qualité-prix, pardi ! 

  • Le Cornichon © Florence Valencourt
  • Le Cornichon © Florence Valencourt

 

Une cuisine qui donne la frite ! 

Côté ambiance en salle, c'est Paul Henri et son équipe qui s'y collent et c'est plutôt pas mal. On aurait pu craindre l'amateurisme, c'est tout le contraire, le sourire en plus. Mais, ce qui fait venir et revenir la clientèle, c'est la cuisine du chef Bertrand Chauveau (ex David Toutain et J-F Piège). Lui aussi joue à fond la carte de la nostalgie, avec son semainier, ses intitulés pète-sec et ses plats d'autrefois, mais c'est diablement bon ! 

Ce jour-là, salade d'endives, sublimée par une vinaigrette bien moutardée qui en fait une vraie bonne entrée, ainsi qu'un « poisson pané, salade de chou blanc », qui lorgne plus du côté du très bon fish&chips croustillant et moelleux que du surgelé du self. Bingo. 

  • Le Cornichon © Félix Dol Maillot
    Le Cornichon © Félix Dol Maillot

 

Et, puisqu'on était rassérénés, on a continué à taper dans la carte : super terrine de foie de volaille fumé, avec le proverbial cornichon. Originale et bien poivrée. Délicieuse « salade de laitue grillée, voile de lard, bleu d'Auvergne et croûton grillé » avec des herbes aromatiques à foison et une vinaigrette très échalote, sans oublier un croûton parfaitement doré. Top. Quand soudain, LE plat qui fait courir Tout Paris est arrivé : le tournedos Rossini et ses frites maison à la graisse de bœuf. Et là, on a compris, même si a priori on n'est pas fan du foie gras poêlé et que le steak baignait dans la sauce... Exit nos réserves sur la déco, notre obsession du dressage et notre quête de l'authenticité à tout prix, on a failli pleurer de joie tant c'était redoutablement bon. Pas de dessert pour rester sur cette émotion, mais on se souvient quand même que la carte des vins est plutôt bien faite et pas chère. Promis, la prochaine fois, on viendra goûter à l'ambiance du soir, à condition qu'on puisse quand même plonger la main dans un cornet ! 

Semainier : E/P ou P/D 19 €. E/P/D 22 en semaine, 25 € le samedi 
À « la carte des habitués » : entre 30 et 50 € 

  • Le Cornichon © Florence Valencourt
  • Le Cornichon © Félix Dol Maillot

 

Ce qu'il faut retenir 

Outre un décor trop « bon élève » - trop référencé à notre goût - et une clientèle un poil trop branchée pour pouvoir se lâcher, une cantine qu'on aimerait vraiment avoir en bas du bureau, pour se régaler tous les jours au déjeuner, à un tarif imbattable. Directement dans le Top 3 des meilleures frites de Paris !

LE CORNICHON
2, rue des Goncourt, 75011 Paris 
Ouvert du mardi au vendredi, de 9 à 2h et le samedi de 10h à 2h
lecornichon.paris