
Notre avis sur la croisière CroisiEurope en Afrique australe, au fil du Zambèze et de la saison des pluies
La croisière CroisiEurope en Afrique australe en un coup d’œil
- Jour 1 – Johannesburg
- Jour 2/3/4 – Nuits au lodge et safaris de chaque côté de la frontière Namibie-Botswana
- Jour 5/6/7 – Croisière sur le lac Kariba au Zimbabwe
- Jour 8 et 9 – Chutes Victoria
Jour 1 - Émotion à Johannesburg
Après un vol de nuit, l’atterrissage se fait tout en douceur à Johannesburg. Ceux qui ont dormi dans l’avion sont frais et dispos, ceux qui ont regardé 4 films sans s’arrêter seront ravis de retrouver Leonard, notre guide francophone, venu nous chercher à l’aéroport pour fluidifier l’arrivée. À l’hôtel 54 on Bath, on récupère sa chambre, ou pas tout à fait, cela traîne parfois, il faut se mettre au tempo de l’Afrique Australe, lâcher prise sur les horaires et faire face à l’imprévu.
-
Le musée de l’apartheid à Johannesburg
C’est après le déjeuner que l’on part à la découverte de la capitale économique de l’Afrique du Sud. Une émouvante tournée des sites emblématiques de l’histoire contemporaine du pays : musée de l’apartheid, maison de Nelson Mandela, quartier de Soweto, le South West Township qui a concentré la rébellion en 1976 lors d’émeutes réprimées dans le sang. « Jobek » comme la surnomme les Blancs, « Josi » pour les Noirs, sortie de terre lors de la découverte de l’or dans le Transvaal au XIXe, est une entrée en matière un peu sombre en Afrique australe jugeront certains, venus pour découvrir la riche faune locale et les parcs naturels. Mais finalement, s'immerger dans l'histoire de Johannesburg permet de ne pas s'extraire du contexte social et politique local. Comprendre les fractures du passé et les luttes pour la liberté donne une profondeur aux paysages magnifiques et aux safaris qui suivront. Regarder le contexte en face, c’est aussi rendre hommage à la résilience des habitants et mieux appréhender la complexité de cette région du monde, au-delà de sa faune spectaculaire et de ses panoramas à couper le souffle.
Jour 2 – Premiers pas en Namibie
13h30 - Arrivée à Kasane au Botswana, et premier safari aquatique vers la Namibie
Depuis le hublot, la savane qui s’étend sous nos ailes est vert tendre et ressemble à une forêt européenne. C’est l’un des avantages d’un safari en Afrique lors de la saison des pluies : les paysages sont verts, spectaculaires. Sous une légère bruine, à peine le temps de poser le pied au Botswana que notre guide West, derrière ses lunettes de soleil d’explorateur, nous emmène au poste de Kasane, frontière avec la Namibie. Passeport tamponné, nous traversons la rivière Chobé avec nos bagages pour faire viser nos passeports côté namibien. Des allers-retours et des pages de passeports qui se remplissent, qui rythmeront la croisière CroisiEurope en Afrique australe. Notre bateau à fond plat glisse dans les méandres du canal de Kasaya, entre les hauts papyrus, les martinets qui batifolent et les hippopotames qui s’enfoncent sous la surface a notre approche, jusqu’au Zambèze. 40 minutes sur l’eau et déjà nous entrons en contact avec cette nature du bout du monde, à la frontière de 4 pays : on croise un pêcheur solitaire, un crocodile lymphatique se repose sur la berge, un vol d’aigrettes blanches s’enfuit sur notre passage. L’eau est sombre et lisse, et reflète comme un miroir le ciel d’orage qui hésite entre éclaircies et nuages sombres.
-
Sur le canal de Kasaya © PG
15h - Prendre ses quartiers au bord du fleuve
Arrivés sur le Zambèze, des rapides se profilent devant nous, mais notre capitaine oblique et nous amarre à un ponton dissimulé entre les roseaux. Quiétude. Un chemin en bois sur pilotis serpente entre les arbres, surplombe des ruisseaux et se faufile entre les 8 lodges du Cascades Safari Lodge. Il mène au bâtiment principal ouvert, avec ses canapés confortables, ses statuettes et livres sur la faune locale. Une plateforme surplombe l’eau, où nous attend une coupe de champagne bienvenue. Les sourires se lisent sur les visages des participants, 16 au maximum par safari.
-
Cascade Lodge © PG
Chaque lodge dispose d'un bassin privatif dominant le Zambèze, d'une grande baie vitrée et d'une terrasse où l'on observe la lumière changer au fil du passage des nuages. La moiteur de l'air et le bruit de la pluie sur le toit nous plongent dans une sensation de bout du monde. En rejoignant la salle à manger, parapluie vissé sur la terre - savoureuse soupe de champignons, pièce de bœuf de Namibie et brownie - on écoute le concert nocturne des grenouilles, dont une, étrange, qui résonne comme un xylophone. Notre guide rit en nous disant qu’il s’agit des vocalismes des chauves-souris.
Jour 3 – Un safari lors de la saison des pluies
Levé aux aurores. Ce matin, des hôtes ont aperçu un hippopotame en prenant le petit-déjeuner. On embarque pour traverser le fleuve, et la frontière, direction le Botswana. Le poste frontière est fermé en ce dimanche matin, mais la fonctionnaire en charge est en train de jardiner juste à côté. Elle accepte de reprendre du service pour quelques minutes.
9h - Une game drive dans le Parc national de Chobe
Avec le delta de l’Okavango, Chobe est sans doute la réserve naturelle la plus connue du Botswana. Sur 11 000 km2 ont été recensé plus de 50 000 éléphants, que nos deux guides Christopher et Edgar cherchent avec leurs jumelles. Nous sommes à la fin de la saison des pluies, le ciel est sombre mais il ne pleut pas. La principale différence avec un safari lors de la saison sèche est que les animaux sont camouflés par la végétation - acacias, mopanes, acajous, tecks du Zambèze - et les rencontres se font souvent au dernier moment. Au détour d’un virage, un groupe de trois koudous aux grandes oreilles duveteuses. En passant la crête d’une colline, des cous de girafes dépassent des frondaisons épineuses des acacias. Les yeux d’un lion brillent à travers le feuillage d’un buisson. La collaboration entre les rangers est alors primordiale pour apercevoir les animaux et se donner des informations par talkie-walkie.
-
Première rencontre avec des koudous © PG
Cela n’empêche pas les moments suspendus, la rencontre fortuite avec une lionne, qui baille à s’en décrocher la mâchoire, les dizaines de papillons qui s’envolent au passage de notre jeep dans les flaques d’eau, les dizaines d’impalas qui broutent en horde, nettoyés de leurs parasites par les piquebœufs à bec rouge. Chobe est également un paradis pour les amateurs d’avifaune : calao à bec rouge, aigle pêcheurs, rollier à long brin (ou à gorge lilas), un oiseau rose et bleu comme un bonbon qui se détache sur la végétation. Une douce odeur de basilic sauvage émane de la végétation humide et embaume le parc.
14 h – Déjeuner sur le bateau face aux hippopotames
Le parc de Chobe est bordé au nord par la rivière du même nom, qui sépare le Botswana de la Namibie. Après le 4x4, on embarque sur un bateau à fond plat qui glisse sur les eaux calmes, entre les îlots tapissés d’herbes hautes, entrecoupés de larges nappes de nénuphars et des corolles de châtaignes d’eau. La nature déroule son spectacle pendant que le déjeuner est servi sur le pont : hérons cendrés immobiles sur leur perchoir, reflets des roseaux sur l’eau, et, au loin, la silhouette d’un hippopotame émergeant lentement, puis deux, puis une troupe complète, que notre guide appelle « un radeau », sans ciller. Après déjà 2 jours, se méfie déjà de son humour pince-sans-rire…
Entre les méandres, l’île de Sedudu apparaît, immense étendue d’herbe fraîche et grasse où les animaux du parc viennent se nourrir lors de la saison sèche. Du moins, ceux qui savent nager : « le lion est le roi de la brousse, mais dans l’eau, le roi, c’est le crocodile » déclare West, notre guide. Buffles, antilopes, éléphants, hippopotames et leurs petits, c’est tout une troupe qui batifole sans prédateurs que l’on découvre lors de ce safari aquatique. Sur la rive, la savane s’ouvre en une vaste plaine où paissent les éléphants, tandis que des oies égyptiennes et des aigrettes blanches guettent le moindre mouvement. Un aigle pêcheur africain, perché sur une branche, scrute l’eau.
Soir – Retour au lodge et détente
La lumière dorée de fin de journée nimbe les rives alors que le bateau reprend la route du lodge. Le temps semble suspendu. De retour dans la fraîcheur de la chambre, un bain dans la piscine privée, réchauffée tout au long de la journée, prolonge cette sensation de détachement. Plus tard, lors de l’apéritif-briefing, on partage les impressions de la journée. Un dernier verre sous le ciel étoilé, et la nuit enveloppe le lodge.
-
La table est déjà dressée à notre retour au lodge © PG
Jour 4 – Sur l’île d’Impalila
Matin – Promenade sur la « tête de la Namibie »
Au confluent du Zambèze, de la rivière Chobé et du canal de Kasaya, Impalila est une île namibienne singulière, bordée par trois autres pays, que ses habitants surnomment « la tête de la Namibie » pour sa position géographique. Lennon, notre guide et habitant de l’île, résume : « Ici, on ne peut pas vivre sans passeport » car Kasane, la ville la plus proche, est au Botswana, et chaque déplacement impose de franchir une frontière. Cette visite à pied est l’occasion de découvrir un projet touristique vertueux mené par CroisiEurope, qui a installé ses 2 lodges sur des terrains appartenant au village de Kamavosu — un nom qui signifie « lieu où poussent les baobabs ». En contrepartie, CroisiEurope en Afrique australe, gestionnaire du lodge, fournit l’eau courante aux habitants, l’électricité et emploie les habitants. Une dynamique d’échange qui permet à l’île de se développer tout en préservant son mode de vie.
-
Sur l’île d’Impalila © PG
Ici vivent les Subia, pêcheurs, agriculteurs et désormais professionnels du tourisme. Les villages, composés de familles étendues, s’organisent autour des cultures vivrières : tomates, oignons, aubergines, potirons, mangues. Les maisons, construites en torchis — un mélange d’argile de termitière et de cannes séchées — côtoient quelques bâtisses de pierre. Un groupe de femme qui fait partie d’une association culturelle, drapées de châles et de jupons colorés, entame des chants et des danses traditionnelles très émouvants. Leurs chants racontent la vie ici, les récoltes de maïs volées par les vautours, les incursions nocturnes des hyènes et des hippopotames.
Après-midi – Une partie de pêche sur le canal de Kasaya
Après un barbecue traditionnel appelé « braai », nous embarquons sur un canot pour une partie de pêche sur le canal de Kasaya, qui relie le fleuve Zambèze et la rivière Chobé. C’est la saison de la reproduction et les poissons se font discrets. Les hirondelles rasent la surface pour attraper les insectes, tandis que les agriculteurs traversent le canal à bord de leurs bokoros, des embarcations creusées dans un tronc d’arbre. Les hippopotames soufflent bruyamment dans l’eau, les crocodiles paressent sur les berges, indifférents à notre passage.
Alors que la journée s’achève, le Zambèze s’illumine d’un coucher de soleil vaporeux, rose et doré. Nous nous arrêtons sur une plage pour un apéritif au bord du fleuve, côté Zambie, savourant l’instant, bercés par la douceur du crépuscule.
-
Coucher de soleil © PG
Jour 5 - CroisiEurope en Afrique australe : cap sur le lac Kariba
Il est temps de quitter la Namibie et de rejoindre la prochaine étape de notre safari-croisière CroisiEurope en Afrique australe. Durant ce voyage, les surprises s’enchainent et un ultime safari fluvial est organisé sur une branche différente de la rivière Chobé au petit matin. Au loin, une troupe de 6 éléphants vit sa vie. Des femelles nous informe Lennon, que l’on reconnaît à leur front carré (les mâles ont le front rond), accompagnées de deux bébés d’environ 5 ans. Le pilote coupe le moteur, notre embarcation glisse lentement vers la berge, sans bruit, instant suspendu d’admiration.
Après le déjeuner, un avion privé à hélice nous attend et nous emporte vers le Zimbabwe. Notre jeune pilote, qui fêtera ses 23 ans le lendemain, nous offre un survol des chutes Victoria, dont le panache de vapeur est visible depuis les airs. Nous suivons le Zambèze jusqu’au lac Kariba, notre terrain de jeu pour les 3 jours à venir, qui fait la frontière entre Zambie et Zimbabwe. Depuis le ciel, l’eau bleue pénètre la savane en fractales infinies. Il est 16 heures quand nous embarquons sur notre nouvelle maison, l’African Dream, doté de 3 ponts et seulement 8 cabines. Vous avez dit exclusif ? Le bateau a été inauguré en 2018 par le vice-président du Zimbabwe lui-même.
-
Le Lac Kariba depuis les airs © Pierre Gunther
Au premier étage, on découvre un salon avec un bar entièrement vitré et deux terrasses : l’une à l’avant, équipée d’un bassin pour se rafraîchir, et l’autre à l’arrière, depuis laquelle monter vers le pont supérieur en plein air, idéal pour admirer les levers et couchers de soleil. La décoration mêle harmonieusement bois et tissus, statuettes et masques africains, cartes du lac Kariba et sculptures en bois représentant les poissons du lac. C’est contemporain, chic, local mais sans folklore. Les cabines quant à elles offrent un confort remarquable avec leurs larges baies vitrées, qui laissent entrer une lumière naturelle généreuse, et leur vraie douche. On se sent rapidement chez soi sur cette maison flottante dans la nature sauvage. Au bout de quelques heures seulement, il n’est pas rare de voir les passagers se promener en chaussettes jusque dans la salle à manger pour le dîner, arrosé de vin sud-africain.
Jour 6 – Sur le lac Kariba, hippos et crocos
8h – Un safari en bateau dans la baie de Changa
Au petit matin, l’annexe nous attend pour une excursion de trois heures dans la baie de Changa, un lieu à l’atmosphère presque irréelle. Ici, le lac Kariba dévoile des centaines d’arbres mopanes pétrifiés émergeant des eaux calmes, vestiges des terres englouties lors de la construction du barrage entre 1955 et 1959. Ce projet titanesque, réalisé à l’époque où la région était encore divisée entre Rhodésie du Nord (actuelle Zambie) et Rhodésie du Sud (Zimbabwe), a bouleversé la vie de 22 000 familles Tonga, déplacées pour laisser place à ce réservoir artificiel. Aujourd’hui encore, les discussions sur leur indemnisation restent ouvertes.
-
Les mopanis figés sur le lac © PG
Naviguer parmi ces silhouettes d’arbres figées est une expérience fascinante. Notre guide nous apprend que le mot mopane signifie « papillon » en langue shona, en référence à la forme de ses feuilles. Plus loin, un groupe d’hippopotames se prélasse dans l’eau. Le mâle dominant surveille son territoire avec vigilance tandis qu’un petit, âgé de quelques mois seulement, reste blotti contre sa mère. Ces géants patauds, capables de peser jusqu’à quatre tonnes pour les mâles adultes, impressionnent autant qu’ils amusent. Sur la rive, un hippo solitaire broute tranquillement, indifférent à notre présence. « Ici, pas d’icebergs, mais il faut faire attention aux hippos », sourit d’ailleurs notre capitaine Leonard.
Un peu plus loin, deux éléphants mâles solitaires marchent tranquillement sur la ligne d’horizon. Âgés d’environ 25 ans, ils secouent les plantes qu’ils arrachent pour en retirer la terre et préserver leurs précieuses dents, qui s’usent au fil des années. Autour d’eux, des aigrettes profitent de l’occasion pour se régaler des insectes déterrés. Ce spectacle rappelle l’incroyable diversité de la faune locale et l’histoire émouvante de l’Opération Noé : une mission héroïque menée lors de la montée des eaux du lac pour sauver près de 5 000 animaux sauvages.
16h30 – Une partie de pêche
En fin d’après-midi, alors que la lumière dorée donne au lac des teintes sépia, nous repartons pour un safari nautique. Les hippopotames sont encore nombreux à se montrer : certains plongent lourdement dans l’eau tandis que d’autres restent immobiles sur les berges avec leurs petits nés en début d’année. C’est l’avantage d’un safari en saison des pluies, période idéale pour observer ces scènes familiales.
Nous tentons ensuite notre chance à la pêche avec Pepe, notre guide sur cette croisière. Nos seules prises sont des korokoros, ou brown squeaker en anglais, qui émettent un étrange croassement rauque hors de l’eau. Pepe nous met en garde : « Ne le tenez pas trop près de vous ! Ces poissons peuvent piquer et même tuer un crocodile en gonflant dans sa gueule ! ». Alors que le soleil décline lentement à l’horizon, nous regagnons le bateau. Le ciel s’embrase de nuances roses et violettes, offrant un dernier tableau spectaculaire avant que la nuit africaine ne s’installe. Le dîner, comme tous les soirs sur l’African Dream, est un festin.
Jour 7 – Premières lueurs sur le parc national de Matusadona
7h30 – Safari dans le Matusadona National Park
Bordé par la chaîne de montagnes du même nom, le parc de Matusadona est ce matin embrumé d’une atmosphère lourde et moite, chargée des averses tombées durant la nuit. Le ciel, d’un bleu profond presque métallique, s’étire au-dessus de la savane détrempée. Encore un tableau typique d’un safari saison des pluies, où la végétation luxuriante dissimule les grands animaux. Les flaques encore fraîches ponctuent la terre rouge et compacte, et les animaux se font rares.
Sans les grands mammifères pour attirer l’œil, ce sont les petits trésors de la savane qui retiennent notre attention. Sur le sol, une colonne de fourmis défile en ordre impeccable. À proximité, les fruits acidulés des sourplum (ximenia afra) rappellent les traditions locales : ses racines sont utilisées contre les morsures de serpent. Plus loin, des brins de citronnelle sauvage embaument l’air et repoussent les insectes, tandis que le basilic sauvage se mêle aux parfums subtils de l’oranger du Natal dont les fruits, encore verts, alourdissent les branches.
-
Pour repousser les moustiques © PG
Puis la savane s’anime. Plusieurs troupeaux de zèbres surgissent, accompagnés des inséparables impalas avec lesquels ils coopèrent, l’un veillant grâce à son flair, l’autre avec sa vue perçante. Et tout d’un coup, une éléphante et ses trois petits s’avancent à travers la végétation, dont un bébé d’à peine six mois qui s’abrite sous le ventre protecteur de sa mère, maladroit et curieux. Le temps suspend sa course. Sans un mot, nous les suivons du regard jusqu’à ce qu’ils disparaissent à nouveau dans la savane humide et silencieuse. Un instant qui restera l’un des points culminant de ce voyage CroisieEurope en Afrique australe.
16h30 – En immersion sur le lac Kariba, la vie suit son cours
En fin d’après-midi, l’African Dream s’amarre à Antelope Island pour la nuit. Cette île, comme beaucoup d’autres, porte le nom des animaux sauvés lors de l’« Opération Noé », mission héroïque orchestrée par Rupert Fothergill dans les années 1950. À l’époque, la montée des eaux provoquée par la construction du barrage avait menacé des centaines d’espèces. Koudous, rhinocéros, éléphants, mais aussi serpents et oiseaux furent déplacés vers le parc de Matusadona pour échapper à la noyade.
À bord de l’annexe, nous explorons un monde aquatique baigné par la lumière dorée du crépuscule : les fermes d’élevage de tilapias s’étendent sur les eaux calmes, des cobes aquatiques paressent sur les berges, non loin des hippopotames qui bâillent en dévoilant leurs impressionnantes canines. Sur le rivage, des femmes ramènent leur pêche du jour au village, destinées à nourrir leurs familles ou à être échangées contre quelques pièces.
Le ciel est digne d’une peinture flamande, le calme n’est interrompu que par les moteurs pétaradants des « kapenta rigs », ces bateaux de fortune qui se préparent pour une nuit de pêche au lamparo. Leurs prises, de petites sardines d’eau douce, seront salées directement à bord et séchées au soleil dès l’aube. Alors que le soleil disparaît derrière l’horizon, les silhouettes fantomatiques des arbres pétrifiés s’élèvent vers le ciel.
Jour 8 & 9 – Face aux chutes Victoria
Au petit matin, après le débarquement et un détour vers l’impressionnant barrage de Kariba, un court vol nous emmène vers Victoria Falls. À l’atterrissage, notre guide nous accueille et nous conduit directement face aux célèbres chutes.
C’est ici, le 16 novembre 1855, que le missionnaire écossais David Livingstone aperçoit pour la première fois ces cataractes colossales, à l’orée de la saison des pluies. Il les baptise « Victoria Falls » en hommage à sa reine. Pourtant, bien avant Livingstone, les peuples Tonga et Nyanja, présents sur ces terres depuis des siècles, nommaient ce site sacré Mosi-oa-Tunya, « la fumée qui gronde ». Quand on demande ce que Livingstone représente pour les Zimbabwéens, notre guide sourit avant de répondre, malicieuse : « rien ». Car si Livingstone figure encore dans les livres d’histoire occidentaux, ici, les chutes appartiennent d’abord à la mémoire et aux traditions locales.
-
Le panache des chutes Victoria depuis l’hélicoptère © PG
Aujourd’hui encore, le grondement est assourdissant. Nous progressons sur le sentier longeant les chutes, trempés par la pluie fine qui s’élève en brume jusqu’à 300 mètres de hauteur. Par endroits, l’eau dévale d’une hauteur de 108 mètres pour s’écraser sur le Zambèze en contrebas. Sous le soleil, la lumière joue avec l’eau et forme des arcs-en-ciel fugaces. Fin avril, au débit maximum, le rideau de vapeur est parfois si dense qu’il en masque la vue. Depuis les airs, à bord d’un hélicoptère, le spectacle est tout aussi saisissant. En survolant le gouffre béant creusé par le Zambèze, on découvre l’immensité du fleuve, son écume tourbillonnante et la cassure abrupte des falaises qui déversent des rideaux d’eau en contrebas. Vu d’en haut, la brume s’élève en colonne blanche tandis que l’hélicoptère tourne lentement au-dessus de la gorge, offrant une vue à 360 degrés.
16 h — Poser ses valises au Victoria Falls Safari Lodge
À une quinzaine de minutes des chutes Victoria, sur les hauteurs d’une colline dominant le Parc National du Zambèze, le Victoria Falls Safari Lodge 4* conjugue avec brio immersion dans la savane et confort. Couronné meilleur lodge safari du Zimbabwe 22 années de suite, cet établissement en chaume et bois séduit par son cadre : face à un point d’eau où défilent éléphants, girafes et crocodiles, visibles depuis la piscine, le bar ou le restaurant Makuwa-Kuwa.
-
Victoria Falls Safari Lodge © PG
On adore flemmarder au bord de la piscine, avec vue sur la savane, tandis que les oiseaux tisserins s’affairent à leurs nids suspendus. Au coucher du soleil, la lumière dorée caresse les galeries en bois, le toit de chaume et le bassin où les animaux viennent s’abreuver. C’est ici, après 9 jours d’un voyage exceptionnel, organisé dans les moindres détails par l’équipe de CroisiEurope, que notre safari s’achève. En tête, nos souvenirs s’écoulent le long du Zambèze et de ses îles, ses rapides et ses chutes, se figent un instant à la surface du lac Kariba, puis continuent leur course comme le fleuve vers l’océan de notre mémoire, où l’Afrique australe gardera pour toujours sa place.
Long de 280 km et large par endroits de 40 km, le lac Kariba s’étend sur 5 400 km², avec une profondeur moyenne de 31 m et un point le plus bas à 78 m. Ce lac artificiel est né de la construction, entre 1955 et 1958, d’un impressionnant barrage de 128 mètres de haut, à l’époque le plus grand du monde. Édifié par 10 000 hommes, en grande partie des Italiens, le projet est entré dans la légende. Les populations Tongas étaient persuadées que Nyami Nyami, le dieu-serpent du fleuve Zambèze, s’opposerait à l’édifice. De terribles inondations endommagent effectivement le barrage en cours de chantier, mais les travaux finiront par aboutir et la production d’électricité démarre dès 1960.
Safari-croisière sur l'African Dream ou le Zimbabwean Dream de 9 jours à partir de 5019 € par personne, vols inclus
Plus d'infos sur croisieurope.com
Le prix comprend : les vols internationaux et intérieurs, les transferts, la croisière en cabine double et l'hébèrgement en chambre double en lodge CroisiEurope, la pension complète boissons incluses, les visites et excursions mentionnées au programme, l'assurance assistance / rapatriement - les pourboires (hors personnel du bateau et du lodge).