3 jours à Québec, les bonnes adresses de la ville au cœur de l’hiver
Quand on visite la « belle province », on se sent presque chez soi, les rues, les places, les monuments, les villages… Les noms ont une consonance familière, il n’y a pas besoin de parler anglais ! « Mon pays, c’est l’hiver » chantait Gilles Vigneault. Sa rigueur (il dure cinq mois) a forgé la culture québécoise. Même s’il fait « frette » (le thermomètre peut descendre jusqu’à - 30 °C), pas question de s’abandonner à la morosité. Le froid n'est pas un problème, mieux, c’est un art de vivre. Quand la neige recouvre ses fortifications, la ville de Québec se fait douce, sereine, romantique. Les patineurs s’approprient le Saint-Laurent, c’est un ballet de canots à glace. Festivals en plein air, carnaval et feux d’artifice illuminent la cité… Après avoir découvert Montréal en hiver, place à Québec !
Poser ses valises au Château Frontenac
Premier monument que l’on cherche des yeux quand on visite Québec, le Château Frontenac. Il est le symbole de la capitale, son ombre rassurante veille sur les habitants. Il a le nom d’un château, la forme d’un château, des tours de contes de fées, pourtant il a toujours été un hôtel. Commandé par le chemin de fer Canadien Pacifique en 1892 et nommé en l’honneur de Louis de Buade, comte de Frontenac et gouverneur de la Nouvelle-France, cette bonne adresse de Québec attire le regard. Plus extravagant encore sous un manteau blanc, il est l’hôtel le plus photographié au monde.
Agrandi à plusieurs reprises, rénové en 2014, l’hôtel de Québec compte aujourd’hui 610 chambres luxueuses qui ont accueilli les plus grands de ce monde. Certains ont laissé leur nom à des suites. Les vues sur le fleuve Saint-Laurent et la vieille ville sont uniques. Uniques comme son lobby, sa rotonde de la Grande Allée, son salon rose, son spa ; son bar le 1608, ses restaurants le Champlain et le Sam, son Salon Dufferin, son hôtel dans l'hôtel… 130 ans d’histoire et de prospérité.
Fairmont Le Château Frontenac
1 Rue des Carrières, Québec, QC G1R 4P5
A partir de 300 € la nuitée pour deux personnes
Mais aussi à l’Hôtel de Glace
A une vingtaine de minutes du centre-ville, l’Hôtel de Glace incarne le mysticisme de l’hiver au Canada. Unique sur le continent américain, cette œuvre se réinvente chaque hiver : nouvelles thématiques, nouvelles sculptures, nouveaux décors incrustés dans les murs, nouvelles prouesses architecturales. 2 300 blocs de glace et 15 000 tonnes de neige… On découvre le grand hall, le bar Absolut, le N'Ice Club, une galerie d'art, un espace ludique pour les enfants, une chapelle.
L'expérience ultime est bien sûr de passer une nuit dans une des 30 chambres, dont 22 suites. Est-ce qu’il fait froid ? Pas tant que ça, même si la température dans les chambres ne dépasse jamais les -5 degrés. On nous met à l’aise, on nous explique comment s’insérer dans un sac de couchage (fourni) sans laisser entrer l’humidité. Une étape cruciale pour dormir presque au chaud. L’hôtel inaugurera sa nouvelle saison le 5 janvier prochain. Douze jours plus tard, pour fêter son quart de siècle, il inaugurera un restaurant (éphémère), entièrement fait de glace et de neige évidemment, en collaboration avec le Château Frontenac.
Hôtel de Glace
2280 Bd Valcartier, Saint-Gabriel-de-Valcartier, QC G0A 4S0
À partir de 300 € la nuit
Les bonnes adresses de Québec - Jour 1
9 h - On prend la pause devant le buste de Louis XIV
Des drapeaux bleus et blancs frappés de la fleur de lys flottent sur la ville. Les plaques d'immatriculation des voitures portent l'inscription « Je me souviens ». Les Québécois se souviennent de leur passé et en sont fiers. Une peinture murale en trompe l'œil, la « Fresque des Québécois », restitue sur le pignon d’une maison près de quatre cents ans d’histoire. Chez les indiens algonquins, Québec signifiait « là où les grandes eaux se rétrécissent ». Fondée en 1608 par Samuel de Champlain, c’est juste une « Abitation » de bois où s’échangent des fourrures. Nous sommes dans la Basse-Ville. On prend la pause face au buste de Louis XIV, sur la place Royale ; devant la Basilique-cathédrale de Notre-Dame de Québec, l’École d’architecture de l’Université Laval… On se réchauffe avec un latté érable à La Maison Smith. Le Vieux-Québec est la seule cité fortifiée au nord du Mexique. On flâne rues Saint-Jean et Saint-Louis. Vieilles maisons de pierre, bistros d’antan, galeries d'art, sculptures de glace, restos traditionnels, Québec aligne ses bonnes adresses. La Côte de la Montagne se termine aux abords du Saint-Laurent. L'escalier « Casse-Cou » mène à la rue du Petit-Champlain, la plus belle rue piétonne du Canada. L’atmosphère est délicieusement européenne.
11 h - Maudits Français !
D’un coup de funiculaire, ou d’escalier pour les plus courageux, nous voici dans la Haute-Ville. Champlain fait construire sur la colline Cap Diamant, le fort Saint-Louis. On suit les remparts, la promenade des gouverneurs qui longe la citadelle. Une vaste esplanade en bois borde le Château Frontenac et offre une vue majestueuse sur la Basse-Ville, le Saint-Laurent, l’île d’Orléans. Nous sommes sur la terrasse Dufferin. Ici et là, des musiciens, des amuseurs publics, des petits kiosques au toit vert et blanc.
Les Plaines d’Abraham sont un parc urbain d’une centaine d'hectares, le poumon vert de Québec. C'est là qu’en septembre 1759, après une guerre de sept ans, Louis XV cède la Nouvelle-France aux Anglais. Maudits Français ! C’est là aussi que réside le Musée national des beaux-arts du Québec. Sa tâche : conserver et promouvoir l’art québécois. Plus de 42 000 œuvres, du XVIIe siècle à aujourd’hui. On y accède par le pavillon Pierre Lassonde (son principal mécène), un édifice aux parois de verre. On s’exalte devant un « Hommage à Rosa Luxemburg » de 40 mètres, signée Jean-Paul Riopelle, l’un des artistes canadiens les plus marquants du vingtième siècle ; devant 200 ans de création artistique autochtone.
13 h - Tourtière, cretons et fèves au lard…
Le Café́ Québecor… par Laurent Godbout, est dans le hall. On a l’impression d’être dedans dehors, au cœur des plaines d’Abraham. Le chef Laurent est bien connu des Québécois. Adepte des classiques revisités, sa carte prolonge l’expo du moment dans les assiettes. Ces temps-ci, une mousse de tomates ancestrales, prosciutto d’ici et micropousses de roquette ; un boudin noir poêlé, darphin de pommes de terre aux oignons rouges et gastrique au miel d’Anicet ; une crème brûlée à la lavande… Si la tourtière, les cretons, les fèves au lard, la poutine (assiette de frites recouvertes de cheddar et de sauce brune, qui rend parait-il insensible au froid !) sont des totems de la cuisine québécoise, des chefs ont décidé de marier les traditions des cabanes à sucre à l’élégance de la gastronomie française. Twister le terroir et ses souvenirs d’enfance comme on dit à « Top Chef ».
15 h- On « magasine » avenue Cartier
A 3 minutes (à pied) du MNBAQ et du Café Québecor, l’avenue Cartier est illuminée de 34 lampadaires aux abat-jours monumentaux ornés de reproductions d’œuvres du Musée. Nous sommes à Montcalm. Architecture britannique et esprit de village. Il y a un boucher, une librairie, une boulangerie, un dépanneur (l’épicier du coin). Quelques épiceries fines aussi… Des bistros chaleureux côtoient de jolies boutiques et des magasins à petits prix ; des crêpes et des croque-monsieur quelques bonnes tables comme le Petits Creux, un bar à vins Corse, Le Mezzé, une taverne grecque ou encore le Bistro B, le resto branché du Français François Blais.
19 h – On dine au Champlain, sous les ors du Frontenac
Des tapisseries, des blasons, des colonnes, du doré partout… Au plafond, une sculpture représente le fleuve qui coule devant les grandes fenêtres de la véranda. Le décor du Champlain, conçu par l’agence new-yorkaise Rockwell, fait son effet quand on passe 3 jours à Québec. Il est à l’image de l’institution qui l’abrite. Quatre celliers, contenant chacun quelques 1 300 bouteilles, divisent l’espace. Depuis le printemps dernier, un nouveau chef a pris les rênes des cuisines, Gabriel Molleur-Langevin. Son menu Découverte (90 ou 127 €) est un hommage à l’île d’Orléans, à Charlevoix, au caractère patrimonial du Frontenac : thon rouge de Gaspésie, dashi aux petits fruits, prune ; homard grillé, mousse de maïs, marjolaine, filet de cerf du Québec, sauce grand veneur, chanterelles ; bavarois à la fraise, dacquoise au tournesol, pin et poivre clavalier. La cave est à la hauteur. Grands crus classés et options plus accessibles, au verre et à la bouteille, accords mets et vins. La vie de château !
3 jours à Québec - Jour 2
On « trotte sur la banquise ». A bord d’un bac qui passe d’une rive à l’autre, on s’offre un panorama de la ville. On les appelle joliment « traversiers ». La vie est rythmée par le grand fleuve. Il parcourt plus de 1 000 kilomètres depuis Montréal pour atteindre l'océan. D’amples marées l’agitent.
On dit des Québécois qu’ils sont nés avec des patins aux pieds. 96 patinoires extérieures invitent familles et champions de hockey. Ce sport coule dans les veines de tout canadien ! Celle de la place D'Youville, près de la porte Saint-Jean, est un rendez-vous favori.
Jadis le canot était le seul moyen de traverser le fleuve. Il est devenu un jeu d’hiver immanquable. 8,60 m de long, 100 kg, 5 personnes à bord dont un capitaine. On « trotte sur la banquise », on rame sur l’eau, on fait la course. La plus célèbre est celle du Carnaval, en février. Un carnaval en hiver ? Eh oui, avec ses sculptures de glace et de neige, ses rues transformées en glissades, ses fêtes carnavalesques, son défilé de nuit, ses danseurs, ses musiciens, ses manipulateurs et ses cracheurs de feu, ses chars illuminés… et Bonhomme.
On chausse des skis de fond, direction les plaines d’Abraham. Un peu plus loin, c’est la chute Montmorency. 83 m de haut, 30 de plus que ses voisines du Niagara. Les plus téméraires y pratiquent l’escalade de glace, avec crampons et piolets.
On part pêcher la truite au Village Nordik, dans le Bassin Louise du port. On nous fournit l’attirail, on nous dirige vers des trous creusés dans la glace, on attend que le poisson morde… Au final, des truites de grosseur appréciable. Attention, pas plus de trois par personne !
13 h - Trois adresses pour « tirer une bûche »
Il est temps de s’assoir dans une bonne adresse de Québec, de se réchauffer, de festiner.
- Au Clocher penché : rue Saint Joseph, l’adresse est membre du programme « Aliments du Québec au menu ». Le décor est simple, épuré, avec des touches de bois et des ardoises sur les murs qui lui donnent une allure de bistro chic. Ambiance relax et cuisine du marché bien faite. On déguste des viandes, du boudin fait maison, du poisson d’arrivage, du fromage frais en faisselle … des assiettes végétariennes.
- Au Arvi : mur de briques, touches de bleu foncé et de marbre blanc. Trente places assises et une devise : « Ici, la frontière entre la cuisine et la table est abolie ». Au centre de la salle, la cuisine accueille les clients. Une même personne prend la commande, prépare le plat, assure le service, fait office de sommelier, dessert. Sur la carte, les intitulés sont minimalistes : caille, estragon, cochon ; chou, cameline, chanterelle ; bœuf, mole, doubeurre. Trois jours sont nécessaires pour préparer le foie gras, brioche, bouleau. Un menu dégustation cinq services végétarien est spectaculaire.
- Chez Boulay : un bistro boréal sur la rue Saint-Jean. Si le décor s’inscrit dans une tendance contemporaine (quatuor brique-cuir-pierre-métal), la cuisine puise dans la nature et le garde-manger du nord québécois : baies, fleurs sauvages, poissons, gibier, plantes potagères. On commence par des champignons confits, nougatine de cèpes et lichen des caribous. On poursuit par des côtes de bison braisées et laquées au sirop de bouleau, cœur de quenouilles, baies d’amélanchier fumées. On finit par une tarte à l'argousier meringuée, crème anglaise au thuya. La carte est généreuse en vins du Québec, les cocktails offrent des alcools parfumés de fleur de sureau et de thé du labrador.
Jour 3 à Québec
Wendake, en territoire autochtone. S’inspirer de l’art de vivre des premières nations, découvrir leurs traditions, partager leur héritage culturel, est un devoir de mémoire. Depuis des temps immémoriaux, les Hurons-Wendat ont occupé l’estuaire et la vallée du Saint-Laurent. Le Grand Chef Donnacona accueillit Jacques Cartier lors de son périple à la recherche des Indes. Wendake est aujourd’hui une communauté enclavée dans la ville de Québec, le berceau de leur culture.
Un boutique hôtel baptisé Premières Nations est aussi un site muséal. Une collection de 350 pièces complète des expositions temporaires. La rivière akiawenrahk (Saint-Charles) fait face à 55 chambres et suites. Des éléments de décoration évoquent les peuples autochtones : teintes de bois, de rouge, pierre des champs… Les saisons sont mises en valeur. Les architectes de l’agence québécoise LemayMichaud ont conservé la forme elliptique des maisons, les palissades traditionnelles entourant les villages, une structure évoque un tipi. Les Hurons-Wendat y ont veillé.
Le soir venu, Onhwa' Lumina propose un cheminement enchanté en forêt. Un kilomètre combinant installations lumineuses, scénographiques et sonores. Dans une maison longue, autour d’un feu, on se fait conter des légendes, bien loin de la ville ! L'immersion ne saurait être complète sans une initiation gourmande. On se dirige vers le restaurant de l’hôtel, La Traite. La carte célèbre l'abondance de la nature : soupe aux graines de citrouille et poireaux ; homard cuit au gin de bleuets sauvages, gelée de sapin, œufs de poisson volant ; omble chevalier poêlé́, salicorne confite, courge croquante, fenouil mariné, chanvre et canneberges acidulées à l’agastache…
22 h - Un dernier verre pour étirer la soirée
Le Québec s’est pris de passion pour les micro-brasseries. Une adresse : La Barberie. Pionnière en la matière (c’était il y a près de trente ans), La Barberie est devenue une institution.
Chez Justine… un goût d’interdit : rue Saint-Paul, dans le quartier du Vieux-Port, une façade est habillée de rideaux noirs opaques. Pas d’enseigne. Nous sommes Chez Justine, un de ces bars clandestins qui fleurissaient dans les années 1920, à l’époque de la prohibition et des arrière-boutiques qu’on appelait « speakeasy ». Chez Justine reproduit l’ambiance de ces cachettes : fauteuils capitonnés, lueur tamisée de lampes à incandescence, photos en noir et blanc, musique rétro à souhait. Au bar, des absinthes, des gins, d’anciens cocktails remis à la mode. Un Corpse Reviver, un Naked & Famous, un Amaretto Sour décadent… Aussi bons que les verres sont beaux. Justine est la tenancière d’une maison close qui jadis occupait la place.
Le décalage horaire avec la France est de – 6h. La monnaie est le dollar canadien (CAD). 1 euro = 1,49 CAD
Air Canada dessert quotidiennement Québec (avec escale à Montréal) à partir de 422 € A/R
Plus d’information : www.bonjourquebec.com/fr-fr