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Cédric AubertCédric Aubert, Le mardi 19 mai 2015
Grand angle

Parc National Conguillío, rendez-vous en terre préhistorique

On le surnomme « le parc des parapluies ». Encore peu connu des voyageurs et entouré par deux des plus importants sommets du Chili, il abrite la plus grande réserve de biosphère d’Araucarias millénaires, ces conifères que l’on ne trouve que dans les Andes.
  • Un Araucaria sur le sentier du Sierra Nevada | © Cédric Aubert
    Un Araucaria sur le sentier du Sierra Nevada | © Cédric Aubert
  • Danse du Condor | © Cédric Aubert
    Danse du Condor | © Cédric Aubert
  • Parc National Conguillío © Cédric Aubert
    Parc National Conguillío © Cédric Aubert
L’ensemble forme un paysage d’un autre monde, hors du temps, dominé par la cime aux neiges éternelles du Llaima.

Janvier, le plein été le long de notre itinéraire au Chili. 48 degrés, une terre noir charbon, une route chaotique de roches volcaniques et d’amas de basalte : un parcours obligatoire à passer pour accéder au Parc National Conguillio. L’activité continue du volcan à proximité influence depuis des milliers d’années la morphologie des lieux, donnant naissance à des lacs, des lagons, des rivières intérieures qui affectent à leur tour la faune et la flore du parc. La magie de l’endroit réside dans l’éternel renouvellement de l’écosystème, l’adaptation et la transformation des organismes vivants. L’ensemble forme un paysage d’un autre monde, hors du temps, dominé par la cime aux neiges éternelles du Llaima.

Le grand lac Conguillio se situe à une demi-heure de voiture de l’entrée du parc. Les départs des principales balades et treks se font d’ici. Il est d’une beauté déconcertante avec son rivage de sable noir. Les couleurs s’éveillent et s’enflamment par tous les temps dans son eau glaciale et translucide. La forêt qui l’entoure est clairsemée et dense à la fois, le tronc des arbres est recouvert d’un lichen vert appelé aussi barbe de la montagne. Etrange décor aux deux visages, pur produit chilien propre à la région de la cordillère des Andes dominée par les volcans qui assurent une frontière naturelle avec l’Argentine.

Vue à 360° sur le volcan Llaima depuis le Sierra Nevada | © Cédric Aubert

Vue à 360° sur le volcan Llaima depuis le Sierra Nevada | © Cédric Aubert

 

A la nuit tombée, l’endroit devient mystérieux. Le ciel prend le relai, d’un noir profond et peuplé de millions d’étoiles, il offre au visiteur attentif un spectacle rare et précieux sous l’oeil bienveillant d’une lune si lumineuse qu’on la confondrait presque avec le soleil.

Le roi des lieux c’est l’Araucaria. Il a d’ailleurs donné son nom à la région, l’Araucania, aux peuples indigènes, les Araucanos et a été déclaré arbre national. Ressemblant à un parapluie ouvert, il est perché le long des crêtes et domine tout. L’Araucaria madre, le plus ancien du parc, a 1800 ans. 50 mètres de hauteur et plus de deux mètres de diamètre, imposant, impressionnant, presque irréel.

  • Par 48°C, une pause est nécessaire pour le moteur | © Cédric Aubert
    Par 48°C, une pause est nécessaire pour le moteur | © Cédric Aubert



Si l’Araucaria est un roi, le volcan Llaima, qui signifie veine sanguine en mapudungun (langue amérindienne), ne peut être qu’un dieu. Il culmine à 3 125 mètres et régit, par son activité, la vie du parc de façon déterminante. Les avertissements sont nombreux sur les sentiers de randonnée. Des panneaux informent des zones de danger d’éruption, du niveau de risque et de la marche à suivre en cas d’urgence. Deuxième volcan le plus actif du pays, sa dernière éruption date de janvier 2008.

  • Parc National Conguillío © Cédric Aubert
  • Parc National Conguillío © Cédric Aubert

 

Conguillio est un lieu à part oscillant entre l’hostilité de ses volcans actifs et la sérénité de ses lacs intérieurs à l’eau translucide

Parmi les douze sentiers de randonnée disponibles, trois d’entre eux méritent une attention particulière :

  • Le lagon Captren : le chemin domine le lagon entier sur deux kilomètres. La randonnée est lumineuse, abordable pour tous. Le sentier est encombré des     restes de lave de la dernière éruption du volcan Llaima et confère à l’endroit une atmosphère dramatique. Sur place, un lac vieux de moins d’un siècle jouxte le lagon. Le lieu est un sanctuaire pour les oiseaux du parc. La baignade est donc interdite mais la pêche à la mouche est autorisée.
  • Sur le point de croiser un puma | © Cédric Aubert
    Sur le point de croiser un puma | © Cédric Aubert

 

  • Le Sierra Nevada : une randonnée spectaculaire débouchant au sommet du Sierra Nevada, un volcan endormi, à 2 554 mètres. Arrivé au pic, on découvre les huit volcans avoisinant et on admire le balai des condors dans les airs. La vue sur le volcan Llaima, le lac Conguillio et les crêtes surplombant le lac est imprenable. Il faut compter cinq à six heures de marche parfois ardue. En 2014, un couple de randonneurs partis avant 6h du matin ont eu la chance de croiser un puma. Allongé au soleil non loin du sommet, la rencontre n’a duré qu’une fraction de seconde, à peine le temps pour les voyageurs de comprendre ce qu’ils voyaient et pour le félin de quitter les lieux. Surnommé le lion des montagnes, il est sauvage et se fait rarement apercevoir.

 

  • Le lagon Arcoiris : relativement petit, son eau de couleur émeraude donne l’impression de regarder à travers un prisme. On peut y apercevoir le pic de Magellan, un parent de « Woody Woodpecker ». Cet oiseau endémique du Chili, le plus grand de son espèce, à la crête rouge et au cri semblable à un éclat de rire. Le contraste entre végétation et débris volcaniques est abrupte. Le chemin continue à travers « la vallée de la lune », la zone est sèche, désolée et incroyable, tout droit sortie d’un livre de science-fiction.

Danse du Condor | © Cédric Aubert


Danse du Condor | © Cédric Aubert


Le parc national Conguillio est un lieu à part oscillant entre l’hostilité de ses volcans actifs et la sérénité de ses lacs intérieurs à l’eau translucide. Il s’étend sur 60 000 hectares et offre la combinaison parfaite entre solitude, paysages surprenants et terrains de trek. « Sous les volcans, à côté des glaciers, entre les grands lacs, le parfum, le silence, la complexité de la forêt chilienne atteint son apogée » aimait à dire Pablo Neruda pour le décrire.

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