Manger à Cannes ? 10 bonnes tables
Si la ville de la Cöte d'Azur peut être considérée comme une destination soleil de premier plan, on trouve à Cannes de très bons restaurants, à commencer par celui de Bruno Oger, le chef qui régale chaque année les stars du Festival de Cannes ou de Christian Sinicropi, l’artiste derrière les fourneaux de La Palme d’Or, le rendez-vous incontournable des plus fins palais sur La Croisette.
Mais au-delà de ces grands deux tables d’envergure régionale, si ce n’est nationale, Cannes possède quelques tables qui valent le détour malgré un déficit en jolis bistrots et tables dans l’air du temps. Pour être sûrs de vous régaler à Cannes, c’est ici que ça se passe.1. La Villa Archange : la cuisine magistrale de Bruno Oger
Qui ? Après avoir enchanté les papilles des gastronomes au sein du mythique Oriental à Bangkok, Bruno Oger, ancien disciple du chef trois-étoiles Georges Blanc dont il a été le chef exécutif, est arrivé en 1995 à Cannes où il a apporté deux étoiles au Majestic Barrière (une première). Avant de franchir et le pas pour s’installer chez lui, en 2009, sous l’œil bienveillant de deux chefs triplements étoilés : Georges Blanc et d’Anne-Sophie Pic, les parrains de l’établissement.
Où ? Dans une bâtisse du XVIIIème siècle du Cannet, à quelques kilomètres de Cannes (eh oui, notre adresse préférée n’est pas à Cannes mais dans une commune voisine) et de la frénésie de La Croisette. Sur près de 5 000 mètres carrés de terrain, véritable havre de verdure dans un environnement urbanisé, Bruno Oger a imaginé dans un lieu unique un triptyque où il déploie sa cuisine et son sens affuté de l'hospitalité : La Villa Archange, le gastro intimiste (26 couverts seulement) récompensé de deux étoiles Michelin, Le Bistrot des Anges et l’Ange Bar.
Pourquoi on réserve ? Vu de Paris, Bruno Oger ne fait pas beaucoup parler de lui. Il n’est pas membre du star system culinaire surexposé médiatiquement. Il ne travaille pas dans un palace. Et il n’est même pas installé à Cannes ! Le chef de la Villa Archange se fait donc discret. Et c’est pourtant dans cette adresse bourrée de charme que l’on a pris l’une de nos plus grosses claques gastronomiques de ces derniers mois. Dans sa bastide provençale, Bruno Oger livre un récital de grande cuisine absolument époustouflant.
Les temps forts du menu tout en crescendo imaginé par Bruno Oger ? Les huîtres Gillardeau, concombre menthe et caviar Petrossian, un petit bijou iodé d’une fraîcheur stupéfiante. La grosse langoustine rôtie et sa marinière Riviera ? La rencontre parfaite de sa Bretagne d’origine et de sa Côte d’Azur d’adoption. La pomme noire soufflée au lard de Colonnata et à l’anchois ? Une merveille de technicité et de délicatesse. Mais le plaisir culmine dans un plas exceptionnel, symbolique de la capacité du chef à magnifier le produit avec une aisance folle. Le jarret de veau cuit 24 heures à basse température, morilles et pommes purée au beurre demi-sel est un monument de gourmandise et d’épure gastronomique comme seuls les très grands chefs savent en réaliser. Jusqu’au sucré, là encore superbement réalisé : le « Platinium » à la pomme verte, magique, et les mignardises apportées à table avec trois températures de service différentes !
Partout, Bruno Oger – et son chef pâtissier Sylvain Mathy - font preuve fait d’un sens du raffinement poussé à l’extrême et d’une obsession pour la perfection tout en ne perdant jamais de vue l’essentiel : faire plaisir à leurs hôtes à travers des assiettes techniquement irréprochables et émotionnellement intenses. Du très grand art.
L’addition ? Dès 68€ pour le menu « Déjeuner Découverte » (entrée, plat, dessert), 110€ pour le menu « Archange » (cinq séquences), 150€ pour le menu « Plats signatures » (six séquences autour des grands plats de Bruno Oger) et finalement 210€ pour « La Table des Anges », (le menu signature du chef incluant tous les produits les plus nobles, notamment les huîtres Gillardeau et caviar. Comptez 40 à 80€ de plus pour les accords mets-vins (3 à 4 verres).
Le rapport qualité-prix est tout bonnement excellent.
Le conseil en plus ? Réservez la table d’hôtes du chef, installée au cœur de la cuisine, pour profiter d’un dîner inoubliable.
En deux mots ? Le Festival de Cannes ne s’y est pas trompé en confiant au chef de la Villa Archange la réalisation de ses grands dîners de gala. On est chez Bruno Oger dans les hautes sphères de la gastronomique française. Tout à la fois fasciné par la sophistication de certaines assiettes que par la simplicité – apparente – de très grands plats, on ressort ému et la tête remplie de souvenirs. À n’en pas douter, le chef d’origine bretonne a le talent nécessaire pour aller glaner un jour une troisième étoile.
Adresse : Rue de l’Ouest - 06110 Le Cannet - France
Téléphone : +33.4.92.18.18.28
2. La Palme d’Or : la grande table de La Croisette
Qui ? Christian Sinicropi, Cannois du cru, et désormais à la tête de la plus prestigieuse table cannoise, La Palme d’Or, le restaurant gastronomique doublement étoilé du Martinez. C’est d’ailleurs dans cet hôtel mythique de La Croisette que Christian Sinicropi a débuté sa carrière comme commis en 1989, il avait alors tout juste 18 ans.
Passé par le Louis XV où il a côtoyé Alain Ducasse, il est ensuite retourné au Martinez dans la roue du chef Christian Willer, « l’Alsacien de la Croisette », le grand chef du palace auquel il a finalement succédé.
Où ? Sur La Croisette et face à la mer, au sein du Grand Hyatt Cannes Hôtel Martinez, l’un des trois hôtels mythiques cannois.
Pourquoi on réserve ? Quand Le Figaro Madame demandait à Michel Denisot ses adresses préférées pour dîner à Cannes, il répondait tout de go « La Palme d’Or » au Martinez, le QG cannois de Canal +, évoquant à raison un « un véritable artiste, qui crée également lui-même des assiettes [céramiques] artisanales ». À raison car Christian Sinicropi fait effectivement partie de ces rares chefs sachant créer, misant autant sur l’inventivité de sa cuisine que sur une scénographie hors norme pour électriser les sens.
Le credo du chef ? Travailler un produit (l’araignée de mer, la langoustine, l’huître, l’agneau de lait, le pigeon…) en trois temps et à travers trois axes complémentaires les uns des autres. Un travail créatif et technique colossal qui fait travailler le chef et sa brigade sur plus d’une vingtaine d’entrées et de plats différents, hors desserts. Et partout on retrouve de l’audace et de l’inventivité dans la cuisine de Christian Sinicropi qui n’hésite pas à injecter une bonne dose d’originalité dans ses assiettes, au sens propre comme au sens figuré !
Salle à manger luxueuse à souhait (quelle vue sur La Croisette et la Méditerranée !) et service formel sans être guindé comme dans les plus grandes maisons complètent le tableau. Seul bémol de notre point de vue : l’approche parfois un peu pompeuse (intitulés des plats extrêmement longs, lettre remise façon parchemin pour expliquer la démarche culinaire…). Davantage de simplicité ne serait pas un mal.
L’addition ? Menu déjeuner à 74 € (un produit salé en trois temps, un produit sucré en deux temps, vin et café inclus), menus dégustation à 185 et 205€ par personne. Comptez de 85 à 178€ à la carte pour un produit salé en trois temps. Le rapport qualité-prix du déjeuner est imbattable et, en même temps, il laisse un petit goût de frustration donnant l’impression de survoler la cuisine du chef. Une approche un peu trop superficielle pour être totalement convaincante.
Le conseil en plus ? Demandez l’une des tables près de la fenêtre ou carrément sur la terrasse quand la météo le permet.
En deux mots ? Pour les fans de grandes tables, impossible de faire l’impasse sur La Palme d’Or tant cette adresse incarne à elle seule la haute cuisine méditerranéenne. Le côté palatial des lieux (au cœur de l’un des plus grands hôtels de luxe de La Croisette) aurait pu brider la créativité du chef Christian Sinicropi. Il n’en est rien. Et c’est tant mieux !
Adresse : 73 Boulevard de la Croisette, 06400 Cannes - France,
Téléphone : +33 4 93.90.12.34
3. Restaurant SeaSens. : la table qui monte
Qui ? Arnaud Tabarec, jeune chef jovial et enthousiaste au parcours impeccable (Maison Lameloise et Vieux Puits à Fontjoncouse côté trois-étoiles) qui a poussé son sens de l’aventure jusqu’à Singapour où il sera alors considéré comme l’un des meilleurs chefs de la ville. En 2012, il rejoint le Five Seas qu’il considère volontiers comme « son bébé ».
Où ? Au cinquième et dernier étage du Five Seas Hotel, notre adresse préférée pour dormir à Cannes. Le restaurant dispose d’une jolie sur Le Suquet, la vieille ville cannoise.
Pourquoi on réserve ? Arnaud Tabarec a peut-être perdu son étoile suite à sa séparation avec le chef pâtissier Jérôme Oliveira (que l’on retrouve désormais au rez-de-chaussée de l’hôtel, dans son propre espace), cela ne l’empêche en rien de rester sur une dynamique positive et créative. Sachant travailler avec autant d’aisance le maquereau que le homard, la volaille de Bresse que l’œuf, il s’autorise quelques touches d’exotisme bienvenues, n’hésitant pas à introduire subtilement les saveurs asiatiques qui ont baigné son séjour singapourien. Le plat à ne pas rater ? Son « Œuf de Poule Bio Cuit à 63° » signature au lard de Patrick Duler, champignons shimejis et jus de viande. Tout simplement formidable.
S’il reste à Arnaud Tabarec des marges de progression (certaines de ses compositions mériteraient d’être épurées tant gustativement que visuellement ; le sucré est encore un niveau en deçà du reste) on sent tout le potentiel du jeune chef derrière ces assiettes précises, créatives, toujours séduisantes et parfois réellement enthousiasmantes. Devrait-il récupérer son étoile ? On est convaincu que oui !
L’addition ? Entrées de 25 à 35€, plats de 32 à 49€ (hors homard), desserts de 18 à 20€. Les menus se négocient entre 65 et 115€. Un rapport qualité-prix tout à fait honnête (à l’exception des desserts, un poil chers).
Le conseil en plus ? Ne pas rater l’œuf signature, la grande fierté du chef !
En deux mots ? S’il y a ça et là quelques réglages, le SeaSens sous la houlette du très sympathique Arnaud Tabarec a tout le potentiel pour s’imposer sur le terme comme l’une des plus belles tables cannoises. C’est en tout cas tout le bonheur qu’on lui souhaite.
Adresse : 1 rue Notre Dame, 06400 Cannes - France
Téléphone : +33 4 63 36 05 05
Les autres tables recommandées (mais non testées par nos soins) :
- Le Park 45 (au Grand Hôtel Cannes, 45 Boulevard de la Croisette) : c’est avec La Palme d’Or, le seul restaurant étoilé Michelin de Cannes (la Villa Archange de Bruno Oger n’étant pas à Cannes mais au Cannet). Le chef Sébastien Broda y revisite la cuisine méridionale avec inventivité et légèreté pour le plus grand plaisir des Cannois attachés à cette adresse gastronomique accessible.
- Da Laura (7 Rue Du Vingt-Quatre Août) : c’est la trattoria que tout le monde aime à Cannes, les locaux autant que les habitués de la destination. Ambiance conviviale, service sympathique et cucina autentica comme en Italie. Une valeur sûre.
- Fred L’Ecailler (7 Place de l'Étang) : tout au bout de La Croisette côté Palm Beach, ce restaurant de poissons avec terrasse a la cote auprès d’une clientèle de fidèles. Au menu, très bons poissons grillés et pas de chichis. L’équipe du Grand Journal de Canal + en a longtemps fait son QG informel.
- Bistro Les Canailles (12 rue Jean Daumas) : une table appréciée des Cannois tant pour sa cuisine bistrotière de bon aloi (foie gras poêlé, œufs cocotte, suprême de pintade, tartares, aïoli de morue) que pour son atmosphère décontractée (ne vous fiez pas au décorum – tables nappées – qui laisse imaginer une table gastronomique).
- YO’MO Lounge (25 rue Hoche, Cannes) : cuisine de tout le bassin méditerranéen (Liban, Grèce, Italie) servie dans un joli cadre mêlant mobilier vintage et éléments contemporains. Pas de véritable surprise culinaire mais définitivement un endroit où passer un agréable moment.
- La Toque d’Or (11 rue Louis Blanc) : une table gastronomique influencée par les saveurs asiatiques et plébiscitée par les Cannois sous la houlette de deux jeunes chefs passionnés. Le décor est un peu daté mais les goûts sont au rendez-vous.
- Le Mantel (22 r. St-Antoine) : si vous souhaitez dîner au cœur du pittoresque quartier du Suquet, le Mantel est certainement la meilleure option. Cuisine provençale de bonne facture et cuisine ouverte. Décor également un brin daté mais on va dire que cela fait partie du charme.
Au-delà de La Croisette, ses palaces et ses boutiques de luxe, Cannes se révèle être une destination tout à fait charmante pour un week-end. Pour retrouver les meilleures adresses de la ville, découvrez notre article 72 heures à Cannes.