Paris : on a testé Fripon, le bistrot qui fait monter Ménilmontant
Note : 8/10 | Le contexte : déjeuner le jeudi 6 janvier 2022, deux convives.
Le pitch | Fripon, une adresse signée Pauline Séné, passée par Top Chef
Il faut avoir la cuisse leste et l’estomac en alerte pour grimper la rue de Ménilmontant jusqu’au numéro 108, où se cache depuis quelques mois l’une des adresses les plus en vue du 20earrondissement. Une lumineuse cantine de marbre blanc vêtue, où la cheffe Pauline Séné, passée par Top Chef, envoie sur nappes blanches des assiettes qui sortent un peu la bistronomie de son ennui.
Avec un arbre généalogique qui la prédestinait à un sourcing des plus méticuleux — père grossiste à Rungis et grands-parents maraîchers — Pauline Séné part d’ores et déjà avec quelque avantages, à laquelle il faudra ajouter une sacrée louche de détermination. Car d’une saison l’autre, l’émission star de M6 déverse sur la scène culinaire parisienne un flot de jeunes chefs qu’il devient difficile de distinguer les uns des autres. En apercevant la devanture en cette froide fin de matinée hivernale, suspens et esprit finaud étaient donc à leur comble.
Dans l’assiette ?
Au premier coup d’œil sur la carte du soir, une enfilade de petites assiettes aux ingrédients entrecoupés d’un slash. Mais il faudra se départir d’une impression de déjà-vu et se laisser aller à commander ces choux de Bruxelles frits / tarama devenus cultes, ce pigeon / endive braisée / crème d’oignons / graines de moutarde / condiment orange, ou encore ce céleri / coques / poire / wakamé / salade d’herbes / émulsion iodée / sablé breton au charbon, diplomate au praliné de sésame noir, coing et orange grillés…
Au déjeuner, une plus classique formule en trois temps, avec ce jour-là un délicieux velouté de butternut, coriandre et noisettes concassées ; lieu nacré parfaitement cuit relevé de graines de moutarde, aneth et capucine ; et en guise de final sucré, une crème de mélilot, pomme tatin et crumble amande.
Dans les verres, une très habile sélection de vins natures aussi pointue qu’éclectique, allant de l’Auvergne à l’Italie et passant par l’Espagne et la Vallée du Rhône.
Dans la salle ?
Un décor signé des architectes Hauvette & Madani, qui parvient à se démarquer du tout-venant, avec une lumineuse salle toute de marbre revêtue, moulures, miroirs d’époque et nappes immaculées.
Le service ?
Gracieux comme une ballerine, prévenant sans être envahissant, disponible malgré une salle pleine à craquer.
Les plats à goûter ?
- Les choux de Bruxelles frits et tarama fumé ;
- Huître à la sauce nuoc-mam et kumquat (chaudement recommandée) ;
- Crème de mélilot, pomme tatin et crumble amande.
Bon à savoir ?
Puisque le diable est dans les détails, on pousse ici le délicieux vice de l’ultra local jusque dans le choix du pain et des fleurs, respectivement glanés chez Elément et Dandelion, tous deux nichés dans la rue Victor Letalle, soit sept minutes à pied montre en main — quatre, si vous attrapez l’autobus 96.
Les prix ?
- Avec une formule de 21 à 25€ au déjeuner, peu d’adresses des alentours peuvent faire jouer la concurrence avec un tel niveau en cuisine ;
- Assiettes 10 à 22€ le soir,
- Verre de vin autour de 7€.
Notre avis en un clin d’œil
Une adresse qui sera sans nul doute bien davantage qu’un feu de paille, avec une identité déjà affirmée. À rebours des tables dont on oublie l’assiette et l’existence, celle-ci aura définitivement marqué nos esprits. Ouvert uniquement en semaine, il est facile d’en faire sa cantine (dès le lundi soir).
Note de la rédaction : 8/10*
* La note reflète l'intégralité de l'expérience (assiette, cadre, atmosphère, service, rapport qualité-prix...) et est relative au positionnement de l'établissement (un excellent bistrot peut se voir attribuer la note de 10/10). Les tables recueillant des notes égales ou inférieures à 5/10 ne font pas l'objet de chroniques.
Fripon
108 Rue de Ménilmontant, 75020 Paris
Du lundi au vendredi de 12h à 14h30 au déjeuner et de 19h30 à 22h30 au dîner.