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Mathieu BelayMathieu Belay, Le mercredi 08 mai 2019
Grand angle

On était à Caprices, le festival techno qui fait danser les Alpes suisses

Scène perchée à plus de 2,200 mètres d’altitude, pléiade de DJ stars et public de connaisseurs, bienvenue à Caprices, le festival de musique électronique qui fait danser les Alpes suisses ! À l’occasion de la 16ème édition de l'événement on était à Crans-Montana du 11 au 14 avril dernier. Découverte.
  • La scène MDRNTY, perchée au sommet d'une montagne à 2,200m d'altitude est le joyau du Caprices Festival © David Holderbach
    La scène MDRNTY, perchée au sommet d'une montagne à 2,200m d'altitude est le joyau du Caprices Festival © David Holderbach
  • Le set du duo new-yorkais Bedouin a été l'un des highlights de la journée de samedi © DR
    Le set du duo new-yorkais Bedouin a été l'un des highlights de la journée de samedi © DR
  • Le DJ germano-chilien Ricardo Villalobos fait partie de la grande famille Caprices. Il accompagne le festival depuis ses débuts © David Holderbach
    Le DJ germano-chilien Ricardo Villalobos fait partie de la grande famille Caprices. Il accompagne le festival depuis ses débuts © David Holderbach
  • Le légendaire DJ Sven Väth face à un public conquis © David Holderbach
    Le légendaire DJ Sven Väth face à un public conquis © David Holderbach
  • Comme c'est désormais la coutume, celui que l'on surnomme Papa Sven a clôturé la scène MDRNTY le dimanche en fin de journée © David Holderbach
    Comme c'est désormais la coutume, celui que l'on surnomme Papa Sven a clôturé la scène MDRNTY le dimanche en fin de journée © David Holderbach
  • Le public de Caprices sous le soleil © David Holderbach
    Le public de Caprices sous le soleil © David Holderbach
  • Au sommet des montagnes dominant Crans-Montana, il gèle à l'extérieur de la tente (édition 2018) © David Holderbach
    Au sommet des montagnes dominant Crans-Montana, il gèle à l'extérieur de la tente (édition 2018) © David Holderbach
  • Acid Pauli était l'une des têtes d'affiche de la nouvelle scène Satellite, pour la soirée d'ouverture de Caprices 2019 © David Holderbach
    Acid Pauli était l'une des têtes d'affiche de la nouvelle scène Satellite, pour la soirée d'ouverture de Caprices 2019 © David Holderbach
  • Le public du Caprices Festival © David Holderbach
    Le public du Caprices Festival © David Holderbach
  • Marcel Dettmann, taulier du Berghain à Berlin, a livré un set sans faille le samedi soir © David Holderbach
    Marcel Dettmann, taulier du Berghain à Berlin, a livré un set sans faille le samedi soir © David Holderbach
  • Le duo allemand Pan-Pot était également programmé lors de la seconde nuit 100% techno de la scène The Moon © David Holderbach
    Le duo allemand Pan-Pot était également programmé lors de la seconde nuit 100% techno de la scène The Moon © David Holderbach
  • Caprices Festival se déroule chaque année dans la station valaisanne de Crans-Montana, dans les Alpes suisses © David Holderbach
    Caprices Festival se déroule chaque année dans la station valaisanne de Crans-Montana, dans les Alpes suisses © David Holderbach
Les quelques deux milles personnes encore présentes [...] sont invités à quitter les lieux… en télécabine !

Il est vingt heures passées de quelques minutes. Le soleil se couche sur les cimes alpines enneigées. Les dernières notes de Lost Another Angel de Pig & Dan viennent de résonner, clôturant let set de Sven Väth et par la même occasion l’édition 2019 de la scène MDRNTY (prononcez Modernity). Les quelques deux milles personnes encore présentes lorsque le légendaire DJ allemand tire sa révérence sont invités à quitter les lieux… en télécabine ! Les pistes sont déjà fermées. Entre chien et loup, à plus de 2,200 mètres d’altitude, c’est la seule solution pour rejoindre la station, sept cents mètres en contrebas depuis le sommet du Cry d'Er.

Cette rave exceptionnelle, marquée par de longues prestations du trio français Apollonia puis de « Papa Sven » (trois heures chacun), est sans aucun doute l’un des points d’orgue de la 16ème édition de Caprices, l’un des festivals les plus réputés organisés par nos voisins helvétiques. Pour comprendre comment l’événement s’est imposé comme une référence au fil des années, remportant le titre de Best International Festival 2018 aux DJ Awards organisés chaque année à Ibiza, un retour en arrière s’impose.

  • Vue sur les sommets depuis la scène MDRNTY © YONDER.fr
  • Une festivalière pose devant le paysage alpin au sommet de la montagne où la scène MDRNTY a élu résidence © David Holderbach

 

Avec un lieu décalé, une programmation de qualité et une production soignée, Caprices ne tarde pas à décoller.

 

Des stars de la pop et du rock...

Aux débuts des années 2000, Maxime Léonard et sa bande de potes font un pari un peu fou. Pour redynamiser la station où ils ont grandi, Crans-Montana au cœur du Valais francophone, ils vont imaginer l’un des premiers festivals de musique d’envergure à la montagne. « On était parmi les premiers à le faire » se souvient celui qu’on le surnomme Max.

Avec un lieu décalé, une programmation de qualité et une production soignée, Caprices ne tarde pas à décoller. Les plus grands noms de la pop, du rock ou du hip-hop défilent sur la grande scène posée au pied des départs de pistes, à 1,500 mètres d’altitude. De Björk à Deep Purple, d’Iggy Pop à The Weeknd. Et la musique électronique dans tout ça ? Bien que marginale, elle est présente depuis les premières éditions du festival. « Dès 2003, des DJs comme Carl Craig ou Luciano nous ont suivis. À l’époque, ils ne drainaient pas du tout le même public qu'aujourd'hui. Leur public était nettement plus confidentiel » rappelle Maxime Léonard.

À l’occasion de sa dixième édition en 2013, Caprices attire jusqu’à 60,000 festivaliers venus assister aux shows des grands noms de la musique (Pete Doherty, Björk, M, The Killers, Fatboy Slim, Nas, Portishead…) pendant pas moins de neuf jours.
 

  • Ricardo Villalobos, habitué du festival depuis ses débuts, était encore une fois l’une des têtes d’affiche de la scène MDRNTY © David Holderbach
Quelle plus belle vitrine pour Caprices que le décor grandiose de cette scène posée au beau milieu des montagnes suisses ?

 

...à un festival 100% consacré à la musique électronique

C’est aussi à ce moment de l’histoire du festival que germera l’idée de se recentrer sur la musique électronique, la véritable passion de l’équipe fondatrice du festival. Pour Maxime Léonard, cette transition s’est faite naturellement. « Après 2,000 concerts, on sentait un essoufflement, la fin d’un cycle avec certains groupes de rock ». Dans le même temps, le public effectuant le déplacement à Caprices spécifiquement pour son impeccable sélection de DJs (Sven Väth, Luciano, Ricardo Villalobos, Paco Osuna, Carl Craig...) n’a cessé de croître. Pour la plupart, des teufeurs expérimentés ravis de trouver à Crans-Montana un pendant hivernal à Ibiza.

En 2015, Caprices entame sa mue. 50% des artistes bookés sont classés dans la catégorique "musique électronique". L’année suivante, c’est l’intégralité de la programmation qui est consacrée au genre musical. Un risque insensé alors que le festival s’était construit sur sa direction artistique éclectique ? « Il y a toujours une part de risque lorsque l’on prend une décision aussi importante ». Le patron de Caprices en convient.

Il relativise dans la foulée. « Tout a été très positif dès que l’on a pris ce virage » rappelant que l’équipe s'appuyait sur du concret pour se montrer optimiste : une communauté fidèle fédérée autour du concept de fête électronique à la montagne et le succès « du feu de dieu » de MDRNTY. Quelle plus belle vitrine pour Caprices que le décor grandiose de cette scène posée au beau milieu des montagnes suisses, où se relaient les meilleurs DJs du monde ?

En savoir plus sur l'histoire de Caprices Festival dans un documentaire réalisé à l'occasion des 15 ans du festival.
 

« Avec Luciano, Ricardo Villalobos ,Sonja Moonear [...], on a pris des enceintes sur nos épaules et on est montés faire un after dans le restaurant d’altitude d’une amie ».

 

La scène MDRNTY perchée à 2,200m d'altitude, icône de Caprices

La naissance de cette scène est devenue l’icône de Caprices est le fruit du hasard. Ou presque. Maxime Léonard raconte. « C’est parti d’une idée fun il y a treize ans. Avec Luciano, Ricardo Villalobos ,Sonja Moonear et Guillaume Coutu Dumont, on a pris des enceintes sur nos épaules et on est montés faire un after dans le restaurant d’altitude d’une amie. En étant là-haut, à faire la fête devant un tel paysage, en pleine journée et sous le soleil, on s’est dit ’wow’, on tient quelque chose ».

L’année suivante, l’after improvisé entre potes se transforme en véritable scène. Quelques principes simples sont gardés pour ne pas perdre l’ADN originel de l’idée. La structure est transparente pour que le public puisse admirer les vues à 360° sur les Alpes, sans quitter le dancefloor. Les fêtes s’y font de jour, sous la lumière du soleil. La scénographie reste aussi épurée que possible. La star ici, c’est la montagne. Et la proximité entre le DJ et les danseurs est renforcée à son maximum.

C’est sur cette scène spectaculaire et unique en son genre qu’ont eu lieu les trois teufs les plus mémorables de l’édition 2019 de Caprices. Le vendredi, Raresh, Margaret Dygas et l’inoxydable Ricardo Villalobos enchantaient les amateurs de musique minimale. Changement radical d’ambiance le vendredi avec les sonorités chaudes et groovys d’Audiofly, Bedouin ou Behrouz, tous habitués à faire vibrer les foules de Burning Man. Avant un finish en beauté le dimanche à travers les sets éclectiques, tout en énergie et mélodie, d’Apollonia et de Sven Väth. Le taulier du label Cocoon s'est imposé comme l’une des mascottes de Caprices. Un festival qu’il clôture avec un enthousiasme intact depuis de nombreuses années. Pour le public souvent venu de loin (plus d’un festivalier a fait le voyage d’un pays étranger, parfois de l’autre bout du monde), l’expérience hors du commun est au rendez-vous.
 

Après avoir tutoyé les sommets pendant la journée, difficile de retoucher terre le soir venu.

 

The Moon et Satellite, les scènes nocturnes

Si la fête se poursuit la nuit dans la station, l’intensité et l’excitation de la journée sont moins palpables. The Moon a pourtant de quoi impressionner. Capacité de 5,000 personnes, soundsystem surpuissant, show visuel léché, les conditions sont idéales pour que les têtes d’affiche programmées (Peggy Gou, Seth Troxler, Black Coffee et Jamie Jones le vendredi ; Pan-Pot, DVS1, Marcel Dettmann et Len Faki pour le line-up 100% techno du samedi soir) délivrent des sessions de haut vol. Ce que réussiront d’ailleurs à la perfection Black Coffee ou Marcel Dettmann dans des registres très différents. Mais après avoir tutoyé les sommets pendant la journée, difficile de retoucher terre le soir venu. Fût-ce-t-elle à 1,500 mètres d’altitude…

C’est donc vers l’intimiste scène Satellite dévoilée pour la première fois cette année, qu’une partie des connaisseurs se tourne pour danser jusqu’au petit matin. Plus underground et à taille humaine, elle était le meilleur complément nocturne au pic émotionnel de la déjà mythique scène MDRNTY.
 

  • The Moon est la grande scène nocturne du Caprices Festival © David Holderbach
 


PRATIQUE

Retrouvez plus de détails pratiques (line-up complet, tarifs, etc.) sur Caprices Festival 2019, dans notre article publié en amont de l'évènement.