On a testé MANKO, la table parisienne de Gastón Acurio, star de la gastronomie péruvienne
Le contexte
Dîner le 31 mars 2016, deux couverts.
Le pitch
Censé ouvrir à l’automne 2015, l’ouverture de MANKO avait été repoussée à 2016 suscitant inquiétude et sueurs froides chez les fans de Gastón Acurio. Il faut dire que l’arrivée du chef qui a popularisé la cuisine péruvienne partout dans le monde (ce « Ducasse péruvien » est à la tête d’un empire de plus d’une quarantaine de restaurants de par le monde) était très attendu par ses fans. Jamais le chef n’avait osé s’attaquer à la France et encore moins à Paris, la capitale mondiale de la gastronomie.
Heureusement, l’interminable attente s’achevait début février. Gastón Acurio, associé pour l’occasion au spécialiste de la nuit parisienne Benjamin Patou (créateur de MOMA GROUP, à la tête d’établissements comme le Bus Palladium, L’Arc Paris ou le Victoria 1836) et à Garou dévoilaient MANKO sur la très chic avenue Montaigne, sous le fameux Théâtre des Champs-Elysées déjà surmonté de la chic Maison Blanche.
Plus qu’un simple restaurant, MANKO se rêve en un concept complet et inédit : restaurant de cuisine péruvienne ouvert midi et soir, bar à cocktail chic pour noctambules élégants et cabaret fantasmagorique dans la lignée des mythiques adresses parisiennes d’antan. Un lieu ambitieux qui pose une question essentielle à laquelle nous allons tâcher de répondre : est-ce que le buzz qui a entouré l’ouverture de MANKO était bien justifié ?
Dans la salle
Une fois n’est pas coutume, nous commençons par la salle. Au-delà d’être un simple restaurant, MANKO se définit comme un lieu où l’on viendra tour à tour déjeuner pour affaires, siroter un cocktail, dîner entre amis ou faire la fête jusque tard dans la nuit dans la très intime salle de cabaret. Loin d’être accessoire, le décor fait littéralement MANKO et inversement.
Et pour le coup, on peut dire que le travail réalisé par Laura Gonzalez, architecte parisienne stakhanoviste (32 ans, 200 projets) fait mouche. Pour ceux qui étaient familiers de cet espace, situé sous le Théâtre des Champs-Elysées, difficile de reconnaître l’ancienne salle des ventes Drouot Montaigne en poussant la porte de MANKO. Ambiance tamisée, design chaleureux et chatoyant (dorures, bleu inca, vert profond), détails soignés, l’espace fait instantanément voyager. Le lieu, immense pour les standards parisiens, rappelle Londres ou New York. Difficile de savoir comment tout cela vieillira mais pour le moment, et c’est l’essentiel, le charme opère.
Seul regret : certains spots, un peu trop puissants à notre goût, au-dessus des tables du restaurant. Au moins, on voit ce que l’on a dans notre assiette mais on aurait préféré davantage de douceur dans l'éclairage.
Dans l’assiette
On en vient donc à l’essentiel : l’assiette. Si en ce jeudi soir, le cabaret était encore fermé, le restaurant était lui naturellement ouvert et faisait le plein. Les 100 places assises du restaurant ? Toutes occupées, tout comme la mezzanine à réserver pour dîner entre copains.
Une foule nombreuse, apprêtée, un brin m’as-tu-vu (on est dans le Triangle d’or, ne l’oublions pas) était venue déguster la cuisine péruvienne imaginée par Gastón Acurio et mise en musique par Ruben Escudero, chef résident espagnol qui a évidemment fait ses classes auprès du maître péruvien.
C’est pour nous l’occasion de retrouver les saveurs que l’on avait connues au Pérou : les formidables ceviches, leurs cousins les tiraditos (contrairement aux ceviches, ils ne contiennent pas d’oignons et le poisson, cru, est coupé en lamelle façon sashimi au lieu d'être en petits cubes), les salades péruviennes, le poulpe grillé ou le Lomo Saltado, un excellent filet de bœuf sauté au wok délicieusement accompagné de sauces soja, oignons, tomates, coriandre et pommes frites à la peau (le Pérou est le pays d’origine de la pomme de terre, on y dénombre pas moins de 2 000 variétés de « patates » !).
Sans oublier les remarquables burgers végétariens aux steaks de quinoa. Un plat qui nous aurait habituellement laissé sceptique mais fonctionnant à merveille ici.
À lire également, « Pourquoi la cuisine péruvienne cartonne », un excellent article de Slate sur la gastronomie du Pérou
Explosions de couleurs et de saveurs, assiettes à partager dans la plus grande convivialité, l’exotisme de la cuisine de Gastón Acurio fait elle aussi voyager, apportant au cœur de Paris un exotisme bienvenu. Les recettes et la créativité du chef payent, c’est un fait, mais c’est sans incontestablement l’exécution (beaux produits, cuissons impeccables, assaisonnements précis) qui permet à MANKO de jouer dans la cour des grands.
Si certains clients semblaient un peu désarçonnés par cette cuisine bigarrée et métissée ne ressemblant à aucune autre, on ne peut que saluer la capacité de MANKO à démocratiser la très enthousiasmante gastronomie péruvienne, encore trop peu connue en France !
À lire également : les 15 nouveaux restaurants parisiens à ne manquer en 2016.
Le service
Emmené par l’irremplaçable Tony Gomez, roi de la nuit parisienne, ancien de L’Étoile, du Queen, du Castel et du Fouquet’s (rien que ça), le service, essentiellement assuré par des serveuses à la silhouette élancée qui ne dépareilleraient pas dans les établissements Costes, est très Triangle d'or. Ce qui ne l’empêche pas d’être toujours efficace, souriant et… pédagogique ! Eh oui, la cuisine péruvienne mérite quelques explications pour être comprise et appréciée de tous.
Mis à part quelques réglages à effectuer pour éviter l’embouteillage au moment du coup de feu (il semblerait que tout le monde se soit donné le mot pour arriver à 21 heures précises...), tout va bien donc !
L’addition
À la carte, comptez environ 35 € à midi et 55 € le soir. Une formule déjeuner entrée/plat ou plat/dessert à 28€ et entrée, plat, dessert à 36€ (hors boissons) est proposée le midi tandis que le soir, on retrouve un menu dégustation, à partager et en six séquences à 65€, par tête. Cocktails à partir de 14€.
Rien d’extravagant donc, pour un rapport qualité-prix plutôt meilleur que la moyenne à Paris, sans même parler du cadre. Une bonne surprise alors que l’association d’un grand nom de la cuisine à la situation sur l’avenue Montaigne nous faisait craindre une explosion de l’addition.
Notre verdict
Décor éblouissant, cuisine péruvienne séduisante, superbe bar pour enchaîner après le dîner, cocktails réussis (on ne manquera pas le fameux Pisco Sour), MANKO fait des débuts plus que prometteurs sur la scène parisienne. Il y a encore ça et là quelques légers ajustements à effectuer pour être 100% au point mais en attendant, on réserve sans se poser plus de questions pour s’offrir à peu de frais une escapade au Pérou.
Pour notre part, il ne nous reste plus qu’à revenir pour découvrir le show du cabaret !
PRATIQUEE
MANKO
15 avenue Montaigne - 75008 PARIS
Ouvert du lundi au samedi, midi et soir de 11h à 2h (Fermeture le dimanche). Ouverture du cabaret les vendredi et samedi soir.
Téléphone / Réservations : + 33 (0)1 82 28 00 15