Tout ce qui brille n’est pas Brion

Outre le jeu de mots un peu facile du titre, apprenons avec le chef du restaurant Brio que le « brion », justement, est « la partie arrondie de l'étrave qui fait la liaison avec la quille ». Ou encore, dans le lexique botanique désuet : « la mousse qui pousse sur l'écorce des arbres ». Voilà de quoi savoir où on met les pieds, soit sous ceux d'une table qui fait la part belle au végétal et à la petite pêche durable. De bon augure.

Matière première 

Un emplacement en or, mais un ancien boui-boui chinois cracra, à transformer en restaurant clair, épuré, avec extraction pour Binchotan et cuisine moderne, voilà le brief pas simple mais excitant qu'a reçu l'architecte Nathalie Visnovsky (ex Studio Eschalier) pour son premier projet en solo. Évidemment, les travaux ont révélé leur lot de mauvaises surprises et ont pris du retard, mais au final, le résultat est très réussi. Devanture verte du plus bel effet, banquettes raccord, tables et chaises en bois clair, comptoir accueillant, jolis bouquets de fleurs séchées, colonnes grattées, on sait où on est et on entre en confiance. 

D'autant plus que le chef Geoffrey Lengagne est précédé d'un beau CV, en France comme à l'étranger. Son parcours l’a ainsi conduit aux côtés de Mathieu Viannay à Lyon, de Pierre Gagnaire à Londres et de Thomas Keller à New-York. Sans oublier La Réserve à Paris et une résidence remarquée aux Petites Mains l'été dernier. Aujourd'hui, c'est donc seul qu'il entend relever le défi de séduire Paris, avec une cuisine plus brute, plus personnelle et très contemporaine. 

Effets secondaires

Pour un déjeuner en trois temps ce jour-là, entrée en matière très réussie avec un « Cromesquis de bœuf braisé à la menthe, maquereaux de ligne marinés, radis et oseille ». Un terre-mer qui plonge direct dans le vif du sujet et dans le vif tout court. C'est clair, net, précis et gourmand. On sauce avec joie - et avec un excellent pain de surcroît. Pour le plat et puisque le chef est très porté sur le poisson, on opte pour un « Lieu jaune de ligne, lait ribot au curry vert, jeunes poireaux et pleurotes grillés » des plus convaincants. Là encore, pas de chichi, mais des goûts francs, une belle cuisson du lieu et des accompagnements qui ne jouent pas les figurants. Seul regret, à la place des premières asperges promises et tant attendues on aura eu les derniers poireaux, mais on ne leur en tiendra pas rigueur. 

En un mot, une table charmante, déjà bien en place pour si peu de jours d'ouverture. Surtout qu'il y a fort à parier que le chef en a encore largement sous le pied. À tester au déjeuner pour mieux y revenir au dîner. 

Déjeuner : menu en 3 temps à 36 € (4 temps à 49 €). 
Dîner : à la carte (entrées entre 16 et 21 € /plats entre 26 et 32 € / desserts entre 11 et 16 €), 4 temps à 69 € + accord mets et vins pour 36 €
Alternative végétarienne possible pour chaque menu 

Ce qu'il faut retenir

Ouverte depuis deux semaines tout juste, la première table parisienne du chef Geoffrey Lengagne suscite l'intérêt et l'enthousiasme, aussi bien des foodies de Paris que des gens du quartier. Une table dans l'air du temps, vive et rythmée, déjà parfaite pour le déjeuner.