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Pierre GuntherPierre Gunther, Le mardi 01 octobre 2024
Hôtels de legende

Notre avis sur l’Hôtel Pitrizza : icône cachée de la Costa Smeralda

Cette grande dame de la Costa Smeralda, construit dans les années 1960 par feu le prince Aga Khan, était en avance sur son temps en matière de conception durable, et respire encore un doux parfum de pin et de dolce vita.
  • Notre avis sur l’Hôtel Pitrizza : icône cachée de la Costa Smeralda © Pierre Gunther
    Notre avis sur l’Hôtel Pitrizza : icône cachée de la Costa Smeralda © Pierre Gunther

Le pitch | Une histoire de nature et de jet-set

À l’aube des années 1960, la Costa Smeralda ne portait pas encore son nom actuel. On la connaissait comme i Monti di Mola, une terre sauvage, une côte déserte et indomptée, couverte de genévriers et de rochers, sans route ni accès à la mer. Les habitants, depuis des siècles, avaient tourné le dos à la mer, hantés par les souvenirs de pirates et de raids qui avaient autrefois balayé ces côtes. Dans cette terre sauvage, les fermes rurales – les stazzi – se fondaient dans le paysage rocheux, invisibles, presque oubliées, à l’abri des incursions venues du large. Pourtant, c’est dans ce coin méconnu du nord de la Sardaigne, dans la région de la Gallura, que s’écrira une nouvelle page de l’histoire du tourisme de luxe, portée par la vision audacieuse de quelques pionniers fascinés par cette nature encore vierge.

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
    Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
     

C’est sur cette bande de terre que l’histoire moderne de la Costa Smeralda débute. En 1960, John Duncan Miller, ancien correspondant du Times à Washington, navigue au large de la Sardaigne et découvre la beauté cristalline des eaux et l’austérité fascinante du rivage. À son retour à Londres, il ne cesse de vanter la beauté de ces territoires lors de ses conversations dans les cercles financiers. Parmi ses auditeurs se trouve un jeune prince de 25 ans, Karim Aga Khan IV, récemment devenu Imam des Ismaéliens. Cet érudit, diplômé de Harvard,  autant passionné par les courses de chevaux que par l’histoire, se rend sur place et tombe sous le charme de cette côte préservée. Fasciné par la nature intacte, l'Aga Khan a alors l'idée ambitieuse de transformer ce coin oublié de la Sardaigne en un sanctuaire de luxe, où la nature et l'architecture se répondraient dans un dialogue harmonieux. Le 14 mars 1962, à Olbia, il fonde le Consorzio Costa Smeralda avec quelques associés, parmi lesquels John Duncan Miller, Patrick Guinness et René Podbielski. Ce projet colossal, qui allait bientôt devenir l'une des destinations les plus prisées d'Europe, reposait sur un principe fondamental : préserver l'intégrité du territoire tout en créant des infrastructures modernes et élégantes.

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
    Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

 

Sous la direction d'architectes visionnaires comme Michele Busiri Vici, Jacques Couëlle et Luigi Vietti, les premiers hôtels de la Costa Smeralda prennent forme. Chacun d'entre eux puise son inspiration dans l’architecture méditerranéenne et vernaculaire sarde, avec pour consigne de l’Aga Khan de « revenir à la tradition d'une communauté insulaire inconnue, avec un folklore, un art et des coutumes extraordinaires ». Busiri Vici, reconnu pour son approche respectueuse de l’environnement, mêle les influences des Baléares, des Cyclades, de la Tunisie, pour créer une architecture méditerranéenne fluide, intégrant harmonieusement le bâti dans le relief. Jacques Couëlle, ami de Dali et Picasso, adopte une approche plus sculpturale et organique, en imaginant des structures qui semblent taillées dans le roc. Luigi Vietti quant à lui, architecte du Pitrizza, allie élégance et discrétion en s’inspirant des stazzi, ces habitations rurales en pierre granitique.

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

 

L’hôtel de Sardaigne Pitrizza, bijou caché de la côte, se distingue par sa construction en granit, directement inspirée des stazzi, conçu non pas comme un bâtiment massif mais comme un ensemble de volumes dispersés dans la nature. Le choix audacieux de la pierre, omniprésente, lui confère une dimension presque nuragique, en écho aux constructions primitives de l’île. Critiqué à l’époque pour son style sévère, cet hôtel se distingue pourtant par son intégration subtile dans le paysage environnant, jusqu’à presque s’effacer dans le relief. Sa piscine, célèbre pour s’étendre entre les rochers et se confondre avec les eaux azur de la mer, est devenue une icône de l’audace architecturale.

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
    Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
     

Loin des regards, le Pitrizza attire rapidement l’entourage du prince et les grands noms de la jet-set internationale, de la mode et du cinéma, de Gianni Versace à Giorgio Armani. Bettina Graziani, compagne de l’Aga Khan après sa séparation de Rita Hayworth, est mannequin pour Dior, Balmain et Givenchy. La Costa devient le refuge des supermodels des années 80 et 90 Naomi Campbell, Cindy Crawford ou Claudia Schiffer, une enclave où l’intimité et le raffinement sont les maîtres-mots. Cet hôtel, à la fois caché et légendaire, a également marqué l’histoire du cinéma en apparaissant dans le film culte de James Bond, L’Espion qui m’aimait en 1977, alors que Roger Moore et Barbara Bach, incarnant la mystérieuse Anya Amasova, plongent dans la mer au volant de leur Lotus Esprit blanche depuis le ponton de l’hôtel.

Un hôtel avec un tel passé doit continuellement se réinventer et se perfectionner, et le Pitrizza se prépare à un nouveau défi. En 2026, après deux saisons hivernales de travaux menés par Gilles & Boisier, il entreprendra une nouvelle métamorphose en devenant Cheval Blanc Pitrizza, par le groupe LVMH. In bocca al lupo, Pitrizza !

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

 

Comment est l’hôtel ?

Construit selon la vision avant-gardiste de l’architecte Luigi Vietti, l’Hotel Pitrizza s’intègre harmonieusement dans le paysage sauvage de la Costa Smeralda, en respectant des principes d’architecture qui, déjà dans les années 1960, préfiguraient les notions écologiques modernes. Les bâtiments en granit, coiffés de toits végétalisés, se fondent dans l’environnement, rendant hommage aux traditions locales et à la beauté brute de la région. La réception, le restaurant, ainsi que les chambres historiques conservent cet esprit d’authenticité, tout en offrant le confort contemporain et discret attendu d’un hôtel de ce calibre. À l’Hôtel Pitrizza, chaque moment est une invitation à goûter à la dolce vita. Le petit-déjeuner avec vue sur les eaux cristallines, une après-midi sur les transats de la plage privée, un Bellini sur la terrasse bercé par le chant des cigales, une brasse dans la piscine d'eau salée sculptée par les rochers de granit... sont autant d’expériences qui incarnent l’essence de cet endroit idyllique, tout en garantissant une intimité précieuse à chacun des résidents.

Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

 

Le restaurant de l'hôtel, dirigé par un chef en provenance du célèbre hôtel de Venise Gritti, propose une cuisine raffinée, mêlant saveurs méditerranéennes et ingrédients locaux, dont les gâteaux au miel ou au fromage typiquement sardes : acciuleddi, casgiatini, seadas…. Le service, à la fois attentionné et légèrement désuet, évoque l’époque où l’élégance et le charme étaient au cœur de l’hospitalité.
 
  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
    Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

Et les chambres ?

On compte 49 chambres et suites et 16 villas qui ponctuent la colline, de la pinède à la plage. Dans les hébergements les plus anciens en granit de la Gallura, règne une délicieuse atmosphère rétro rappelant une époque révolue. Petites terrasses, pergolas mangées par les bougainvilliers, murs peints à la chaux blanche et broderies renvoient à la culture insulaire. Les nouvelles villas, plus en hauteur, s’inspirent de la pensée originale de l’architecte Luigi Vietti et déclinent un look frais somptueusement aménagé de tissus Loro Piana, de meubles d'artisans locaux, ferronneries splendides, céramiques, plafonds en bois de genévrier… Et chacune jouit d’une piscine privée avec vue sur la Méditerranée.

Le conseil en plus ?

Outre le farniente, un séjour au Pitrizza est l’occasion de visiter les alentours, dont le charmant village de San Pantaleo, accroché dans les montagnes avec de nombreux cafés, restaurants et boutiques d’artisanat. Pour le dîner, direction le restaurant Pilastru et son menu unique à partir de produits du domaine. Un peu d’histoire ? On visite les sites archéologiques d’Arzachena — Tomba dei Giganti Li Lólghi, Necropoli di Li Muri, Nuraghe Albucciu — dont certains remontent à plus de 6 000 ans.

  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther
  • Hôtel Pitrizza © Pierre Gunther

 

Ce qu’il faut retenir ?

Réunissant l’eau émeraude, le granit de la Gallura et la jet-set du monde entier depuis 1963, l’hôtel Pitrizza respire la chaleur et l’élégance de l’hospitalité italienne, tout en accueillant de nouvelles villas et un nouveau management LVMH.

Les 5 choses que l’on a aimées à l'Hôtel Pitrizza

  • Embarquer directement depuis le ponton de l’hôtel pour une croisière en catamaran autour de l’archipel de la Maddalena,
  • Nager jusqu’à la zatterra qui flotte face à la plage et se laisser bercer par les vagues,
  • Se faire un café dans sa villa et cueillir une figue gorgée de soleil sur sa terrasse,
  • Commander une pizza au feu de bois sur son transat,
  • Profiter de sa piscine privée chauffée, à l’abri des regards, en revenant du dîner.
Pratique

Hotel Pitrizza

65 chambres et suites à partir de 600 € la nuit

Via la Banchina di Pitrizza, 07021 Liscia di Vacca SS, Italie

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