Non, il n'y a pas que des hommes
Certes, hormis les exceptions notables de Clare Smith, Stéphanie Le Quellec et Anne-Sophie Pic, les premières places sont encore trustées par une majorité d'hommes... Et la photo de famille prise en ce 20 novembre au Quai d'Orsay (Paris 7) en dit long sur ce que fût longtemps la haute cuisine – un vrai boys club. Pour autant, les lignes bougent enfin, la Liste s'en fait largement l'écho, et nombre de femmes ont été récompensées lors de ce palmarès 2024.
À commencer par des Françaises hautes en couleurs comme Georgiana Viou, « nouveau talent de l'année » pour Rouge (Nîmes), Eugénie Béziat pour « l'ouverture de l'année » au Ritz avec son restaurant gastronomique Espadon, Anne Coruble en tant que « cheffe pâtissière de l'année » au Peninsula Paris, ou encore Chloé Charles, pour le « prix de la responsabilité éthique et environnementale » avec Lago.
© Mediatome
Non, il n'y a pas que des Français
Avec un tropisme certain et assumé, les cheffes citées à l'instant étaient toutes Françaises, mais l'ensemble du classement et des prix dépasse largement les frontières. Par définition pour le classement, par choix pour les prix spéciaux, qui comportent systématiquement une sélection internationale et une sélection française.
La Liste © Florence Valencourt
On note ainsi un retour en force de l'Asie dans le classement depuis sa réouverture au monde post-Covid, avec deux restaurants premiers ex-aequo : Lung King Heen à Hong-Kong et Sushi Saito à Tokyo. Et, parmi les lauréats des « nouveaux talents de l'année » (toutes régions du monde confondues), sur les six chefs distingués, cinq viennent des États-Unis, du Brésil, de Corée et d'Angleterre.
Non, il n'y a pas toujours les mêmes
C'est patent par exemple avec la remontée spectaculaire du restaurant l'Enclume, de Simon Rogan (Grande Bretagne), qui se hisse à la première place ex-æquo dans le classement de cette année, alors qu'il n'était que trentième précédemment. Mais, c'est vrai aussi dans certaines catégories de prix, notamment pour les « tables à explorer » ou dans le cadre du « prix du changement », qui distingue deux projets très engagés pour cette nouvelle édition : celui du chef Kwame Onwuachi, qui fait revivre la cuisine afro-caribéenne en plein Lincoln Center à New-York. Ainsi que celui d'Anika Madsen en Norvège, qui emmène littéralement ses hôtes en expédition au large et dans une bulle futuriste, où elle sensibilise le gastronome aux enjeux environnementaux
© Mediatome
Pour résumer, un classement peut-être pas parfait, pas exempt non plus de politique - comme tous les autres - mais qui a le mérite de creuser son sujet et de faire émerger de vraies initiatives gastronomiques d'avenir, au travers de celles et ceux qui les portent, et ce partout dans le monde.