Après un premier repas à Maison raconté ici fin 2019, nous y sommes retournés avec délectation en juillet 2023. L'effet wahou, lorsque l'on pénètre la Maison Sota, le premier restaurant parisien du chef japonais Sota Atsumi, est toujours intact. Cette petite maison individuelle, décorée de manière archi contemporaine par l'épouse du chef, impressionne par ses volumes et son intérieur terre rouge, comme si l'on pénétrait dans l'antre mystérieuse d'un alchimiste du XXIe siècle.
L'alchimie a bien lieu à l'étage, avec une cuisine ouverte flanquée d'un long comptoir (où il est très agréable de s'attabler seul et d'assister au ballet des cuisiniers) et dans laquelle crépite un authentique four à bois ainsi qu'une multitude de modes de cuisson hérités des traditions asiatiques. Le menu dégustation unique (70 € au déjeuner en 4 services, 140 € en 7 étapes au dîner) révèle une cuisine sensible et d'une netteté exemplaire avec par exemple ce thon rouge ikéjimé de Saint-Jean-de-Luz servi cru/poivron rouge au feu de bois/jus de rhubarbe/câpres frites/crème fraîche épaisse ou la finesse des produits dans leur simplicité nue. Autre exemple, ce bouquet de feuilles et fleurs à croquer, juste assaisonné de miel, en amuse-bouche. C'est frais, c'est juste, c'est la mise en valeur du produit brut, tout en délicatesse, l'expression d'une sensibilité venue d'Orient couplée au respect le plus strict des matières naturelles.
Et puis il y a l'autre facette du chef, un style de cuisine plus complexe, où l'humain modèle le terroir, parfois de façon préhistorique. Avec par exemple cette admirable pintade cuite entière en croûte de pain salée, découpée, le blanc fumé à l'ancienne au barbecue japonais, servi moelleux et escorté de plusieurs réjouissances : un jus de pomme réduit comme un caramel, un fond de volaille façon soja laqué, un condiment abricot fermenté pour le contraste fruité/sucré/acide et un bouquet de haricots verts, roquette, vinaigrette de pistaches pour le croquant et la gourmandise. Les papilles s'emballent... rarement on aura dégusté si pimpante pintade. Alors que la truite à l'oseille constituait un clin d’œil habile à la famille Troisgros, autrefois formatrice de Sota Atsumi, on terminera en apothéose ce repas à Maison par une pêche melba réinventée en feu d'artifice. Pas d'étoile encore... mais les gens du Michelin peuvent-il souligner ou comprendre une si singulière expérience ?
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3 rue Saint-Hubert
75011 Paris