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Pierre Gunther, Le lundi 03 juillet 2023
Grand angle

De Vienne à Paris en train de nuit dans notre cabine privée

Depuis la réouverture de la ligne directe Paris – Vienne en train de nuit, les voyageurs peuvent monter dans le Nightjet et éprouver à nouveau le plaisir du voyage au long cours entre 3 pays. On l’a fait en cabine individuelle au retour d’une escapade à Vienne.
  • Vienne © Jacek Dylag
    Vienne © Jacek Dylag

Les chemins de fer autrichiens (ÖBB) et la SNCF ont remis en place il y a plus d’un an le train de nuit Nightjet entre Paris et Vienne, l’occasion de s’embarquer 3 fois par semaine dans le sens Paris – Vienne (mardis, vendredis et dimanches) et 3 fois dans l’autre (lundis, jeudis et samedi) pour un voyage qui fleure bon nos vacances de jeunesse et la grande époque des trains de nuit.

Nightjet Autriche © Pierre Gunther

Le Nightjet arrive Gare de l'Est © Pierre Gunther

 

« Ça fait depuis le collège quand j’étais partie à Florence avec ma classe que je n’avais pas pris un train de nuit » entend-on dans le couloir. Un couple d’Américains qui fait un tour d’Europe, une DJ qui revient d’un festival à Linz, une jeune femme qui était à Budapest et un couple de retraités venant de rendre visite à des amis à Vienne, quelques passagers rencontrés au hasard des couloirs et des conversations dans le train de nuit reliant Vienne à Paris, un trajet de 1 400 kilomètres. 

Si les classiques compartiments couchettes de 6 lits et même des sièges sont réservables pour les plus petits budgets, des compartiments privés d’un, deux ou trois lits sont mis à disposition de ceux qui veulent vivre une petite aventure avec tout le confort d’un hôtel. C’est ce que nous avons choisi de retour d’une escapade gourmande à Vienne

  • Accueil dans le Nightjet © Pierre Gunther
    Accueil dans le Nightjet © Pierre Gunther

 

19h46 – Schüss Wien, on découvre sa cabine

Sur le quai, les employés du Nightjet, chemise et veste brune, accueillent les passagers à l’entrée de chaque wagon, une présence plutôt bienvenue pour les voyageurs peu habitués à la disposition des trains de nuit. Le train avance déjà à petite allure alors que nous nous installons dans notre compartiment privé. Pas très grand mais intime, trois sièges bleus en velours qui se transformeront plus tard dans la soirée en lit, une table rétractable et la salle de bain constituent le décor des 15 prochaines heures. Côté salle d’eau, dans les cabines « deluxe », on trouve les toilettes dans un coin, la douche dans l’autre, et le lavabo qui se déplace sur son bras articulé et se range là où l’on n’est pas. Une vraie ingénierie navale, où l’espace est optimisé à 100 %. On fait un peu de place, la valise sous les sièges, la veste sur un cintre, on recharge notre téléphone et un employé de la compagnie, chemise et veston brun, nous offre une petite bouteille de sekt Söhnelin, le crémant autrichien, et un petit kit de survie à notre nuit en train pour une soirée des plus confortables : chaussons, masque de nuit et boules quies, stylo, bouteille d’eau et serviette rafraîchissante, et petites billes de chocolat à grignoter en regardant Vienne qui s’éloigne.

  • Nightjet © Pierre Gunther
  • Nightjet © Pierre Gunther

 

Le soleil du soir rougeoie et illumine la cabine.

20 h 30 — Le voyage au long cours commence

Vienne passée, la campagne défile sous nos yeux et le train passe dans de nombreux tunnels de l’agglomération. On arrive tranquillement à Sankt Pölten où montent quelques autres passagers. Les villages aux clochers baroques ponctuent les champs, le soleil du soir rougeoie et illumine la cabine, un valet nous apporte un feuillet sur lequel nous cochons ce que nous désirons le lendemain pour le petit-déjeuner et nous donne quelques informations utiles sur le compartiment : lumières, douche, climatisation…

La nuit tombe doucement, les autres passagers laissent la porte de leur cabine ouverte ou non, certains pique-niquent, d’autres prennent l’apéritif ou jouent aux cartes en famille. Certains ont commandé un repas à bord du train : spaghetti bolognaise, boulettes de viande et pommes de terre, soupe Goulasch, chili sin carne, wrap au couscous et légumes… le choix est succinct mais plutôt varié. Pour le dessert, on craque pour les fameuses gaufrettes Manner au paquet rose que l’on grignote devant un film, téléchargé en avance, car il n’y a pas de Wifi dans le train.

  • Nightjet Autriche © Pierre Gunther
  • Kit d'accueil Nightjet © Pierre Gunther

 

21h15 — Les gares défilent et se ressemblent la nuit

Nous arrivons à Linz par le sud sous un ciel rosé, puis Salzburg vers 22h30. Le responsable de notre wagon a aimablement déplié le lit et nous a donné 3 oreillers. Parfait pour regarder un film ou lire le temps de s’endormir. Un contrôle des passeports expéditifs à la frontière autrichienne-allemande stoppe le train quelques minutes, pure formalité, et nous sombrons tranquillement dans les bras de Morphée, bercé par le roulement du train.

 

8 h — Le petit-déjeuner, meilleur moment de la journée

La lumière filtre à peine à travers le store. Un contrôle sur le téléphone, nous sommes quelque part dans la Meuse, un peu avant Commercy. Le temps de flemmarder encore un peu en ouvrant le volet, on ouvre la fenêtre et l’odeur du matin à la campagne et de l’été pénètre dans notre compartiment. Le petit-déjeuner arrive sur un plateau, au sens propre, vers 9 heures, avec ce que nous avions demandé la veille : thé noir au lait, deux petits pains accompagnés de fromage, saucisse, fromage à tartiner aux herbes et un yaourt au müesli. Pas d’inquiétude chers becs sucrés, confiture, pâte à tartiner, miel et yaourt aux fruits sont aussi de la partie. C’est toujours dans le lit que l’on petit-déjeune face aux premières vignes de Champagne qui grimpent sur les collines aux alentours de Château-Thierry, où le train stationne d’ailleurs un bon quart d’heure, imprévu du voyage que l’on savoure presque lorsque l’on n’est pas pressé. 

  • Nightjet Autriche © Pierre Gunther
    Nightjet Autriche © Pierre Gunther

10 h — L’épreuve de la douche

Dans le Nightjet, on peut bénéficier d’une cabine privée avec douche et toilettes, le grand luxe ! Nous arrivons dans peu de temps, et c’est le moment d’essayer notre petite cabine. On se déshabille en essayant de ne pas tomber au moment où un TER passe devant notre fenêtre, et hop, à la douche. La température est réglable, le débit puissant, comme dans une vraie douche, parfait pour se débarbouiller et arriver frais et dispo de bon matin. 

La banlieue parisienne défile déjà sous nos yeux, nous faisons la course avec les RER et arrivons bientôt Gare de l’Est, porte de l’Europe Centrale et la plus belle gare de Paris dirons les Alsaciens et les Lorrains. 

 

Bilan — Retrouver le plaisir du voyage en train de nuit

C’est sûr, 15h15, c’est long, mais finalement, le plaisir du voyage n’en est que décuplé et notre long week-end à Vienne n’en a été que plus savoureux. C’est sans compter la satisfaction d’avoir économisé près de 400 kg de CO2 par rapport au même trajet en avion, et d’avoir testé le seul train de nuit qui dessert un autre pays depuis la France. Cependant, il faut le reconnaître, le trajet en train de nuit ne s’adresse qu’aux plus patients et aux passionnés du rail, les cabines individuelles avec douche dépassant la plupart du temps les 300 € par personne aller simple. Pas de quoi convertir les aficionados de l’avion certes, mais la garantie d’une expérience pas banale et hors du temps.

  • Plus d'informations sur les villes autrichiennes sur austria.info : musées, sites touristiques, parcs, hôtels, etc.
 

 

    Pratique

    Les cabines privées sont « standards » et « deluxe », simple, double ou triple. Tandis que la classe standard comprend un compartiment avec lavabo, set de literie et petit-déjeuner, la classe « deluxe » proposera en plus une petite salle de bain privée avec douche, lavabo et toilette, ainsi qu’un set de literie et de toilette, petit-déjeuner et restauration sur commande.

    Informations et réservations sur Nightjet.com (ÖBB)