Gemellus, singulier pluriel
Les frères jumeaux Le Meur – Maxime en cuisine, Clément au business – ont ouvert leur première affaire il y a deux ans dans le 7ème arrondissement et, ne cherchant pas midi à quatorze heures, ont tout simplement décidé de l'appeler Gemellus. Alors qu'il est déjà temps pour eux d'inaugurer un bis bistrotier nommé « Attabler », retour sur cette table chic et pas si classique qu'elle n'en a l'air.
Cocon coquet
De l'ancienne pizzeria qui était là avant, il ne reste rien ou presque. L'emplacement du four à pizza a été avantageusement remplacé par une belle cave éclairée et l'ensemble de l'espace complètement revu et corrigé à la sauce gastro. Moquette épaisse, murs couleur sable, chaises en velours, plafond à caissons noirs et lustre à pampilles Murano. La touche de modernité et de fantaisie vient se loger dans les détails. En l'occurrence des tables brutes non nappées, une mise en place en cuir du plus bel effet, des tableaux modernes aux murs et cette petite Ferrari au plafond, clin d’œil à la passion du chef pour l'automobile.
C'est cossu, feutré, mais pas aussi lisse que les abords de l'avenue Duquesne ne pourraient le faire accroire. À l'image de la cuisine du chef ?
Artisan saucier, un poil sorcier
Disciple accompli du grand Jean-Pierre Vigato, des restaurants gastronomiques Apicius puis Lapérouse, avant de passer par le George V et L'Affable, Maxime Le Meur est un technicien hors pair, un amoureux des bons produits, mais surtout un excellent saucier. D'ailleurs, il pense tous ses plats en fonction de la sauce élaborée avec soin, et non l'inverse.
Au menu 4 nuances du déjeuner (présenté sous la forme d'un vrai nuancier de couleurs), on retiendra, dans cet esprit, un plat splendide : « Colvert/homard/céleri, bisque tranchée au jus de colvert ». Gourmandise, vivacité, texture, précision des cuissons et bisque de compétition. Tout y est.
À noter que le chef, en plus de son goût sûr pour les jus corsés et les sauces nappantes, maîtrise également parfaitement l'accord terre-mer. C'est même l'un des marqueurs « Le Meur ». Soit la réconciliation dans l'assiette entre les origines bretonnes de Maxime et son apprentissage grenoblois. Un petit voyage qui s'achève de la plus belle des manières avec cette « Noisette / Caramel / Praliné Crème de « pâte à choux » torréfiée », soit une revisite élégante et pleine de légèreté d'un Paris-Brest bistrotier.
Quant à la salle et à la carte des vins, elle est joliment dansée par le charmant Laurent, un directeur de salle comme un directeur de ballet, dans une chorégraphie pleine d'allant et d'à propos, servie sur un plateau souriant. Des plus plaisants. Si cette table chic s'est déjà vue décerner un beau 14,5 par le Gault&Millau, on attend également un signe du guide rouge. Ce serait mérité.
À la carte : entrées aux alentours de 25 €, plats 42 €, desserts 18 €
Menus « Tout en nuances »
Au déjeuner 2 nuances (32 €), 3 (45 €) / 4 (62 €)
Au dîner 5 nuances (80 €) / 7 (100 €)
Ce qu'il faut retenir
Ouvert il y a deux ans, ce Gemellus a su s'affirmer par petites touches, avec la même discrétion que ce 7e arrondissement des grandes avenues et des ministères. Ceci dit, depuis quelques mois, on note une vraie accélération. Le chef pourrait bien se voir récompensé pour sa performance tout en subtilité, tous les jours renouvelée, qui plaît à son public bon chic dans son genre, pas si bourgeois qu'il n'en a l'air. On ne serait pas étonné.
Gemellus
37 avenue Duquesne, 75007 Paris
Ouvert du lundi au vendredi, le midi de 12h00 à 14h00 et le soir de 19h30 à 21h30