Paris : Abstinence, un restaurant tout sauf frugal signé Lucas Felzine
Note : 8/10 |Le contexte : dîner le 17 février 2022, deux convives.
Le pitch | Une nouvelle adresse où faire bombance Rive gauche
L’avenue de la Motte-Piquet trouve désormais sa place sur le radar des foodies grâce au chef Lucas Felzine qui signe une carte voyageuse au nouveau restaurant Abstinence, la seconde adresse de Guillaume Benard (après Fitzgerald et avant Vesper ouvert en début d'année). Dans la droite ligne de ses expériences passées aux côtés de William Ledeuil, passionné des saveurs de l’Asie du Sud-Est, à l’Arpège et au Shangri-La puis dans son propre restaurant UMA de cuisine nikkei, Lucas Felzine voyage du Japon à l’Amérique Latine pour mettre en valeur des produits bien français.
Dans l'assiette ? Une cuisine de partage à cheval sur trois continents
Le midi, une carte percutante de trois entrées, trois plats et trois desserts et un menu du jour qui varie au fil des saisons. Le soir, l’ambiance se tamise et les convives s’attablent autour d’assiettes à partager, alignant toutes des associations surprenantes. En ce moment, la Burrata de bufflonne se marie à la piquante n’duya et à la poire, les ravioles végétariennes se gonflent de matcha et nori, arrosées d’un bouillon miso, et on fait un sort au tataki de truite à la betterave et cranberries, dans une assiette aussi fraîche que graphique.
Les épices et les saveurs inconnues s'alignent dans les assiettes — sumac, tomatillo, leche del tigre, navet Kabu, camomille, tamarillo, jus au sapin — mais toujours avec simplicité et lisibilité, chaque assiette ne dépassant pas trois ou quatre saveurs principales.
La spécialité du chef ? Sans doute la poitrine de cochon croustillante, sriracha. Cuit à basse température, le cochon est tendre et fondant à souhait, contrastant avec sa peau craquante et légèrement piquante grâce à la sauce thaï. Autre réussite, les Saint-Jacques en coquille laquées au miso, camomille et amande, qui incarne la subtilité et l’équilibre, ou encore le Faux-Filet Argentin, tamarillo et jus au sapin, qui réunit un fruit méconnu et un arbre que l’on croise plus souvent dans les Vosges que dans les assiettes.
En dessert, on finit sur un kouign-amann aérien (mais tout de même beurré, c'est ce qu'on lui demande), nappé minute de caramel soja et d’une glace golden late au curcuma. La rencontre inattendue de la Bretagne et de l'Inde.
Dans la salle ? Ambiance new-yorkaise et spectacle constant
Derrière les grandes baies vitrées de sa verrière, une salle qui a de l'allure, intimiste et tamisée d’une cinquantaine de couverts, dont douze places perchées autour d’un grand comptoir en marbre des Pyrénées, où les shakers et la cuisine ouverte jouent les acteurs principaux. C’est le studio Lizée-Hugot qui a pensé le décor, à la croisée d’un diner époque Le Parrain et de l’attention française pour les matériaux nobles.
Le service ?
Hyper attentif, tout en étant charmant et décontracté.
Les plats à goûter ?
La poitrine de cochon croustillante, sriracha susmentionnée, le kouign-amann pour les bec sucrés et les cocktails signatures pour ouvrir les agapes.
Bon à savoir ?
On recommande entre deux et trois assiettes par personnes pour découvrir la carte.
Les prix ?
- Amuse-bouche et entrées entre 12 et 18€ ;
- Plats entre 18 et 25 :
- Desserts à 12 ou 13€ ;
- Cocktails entre 13 et 21€, vins au verre entre 9 et 12€
Notre avis en un clin d’œil ?
Un cadre vivant à la new-yorkaise et une cuisine « fusion » dans ce qu'elle a de plus noble, explorant les produits du terroir français, travaillant l’équilibre nippon et habillant le tout des couleurs de l’Amérique latine, avec quelques prises de risque assumées. Une carte de cocktails experts loin d’être à la traîne. De quoi réveiller le 15e arrondissement, souvent considéré comme un désert gastronomique !
Note de la rédaction : 8/10*
* La note reflète l'intégralité de l'expérience (assiette, cadre, atmosphère, service, rapport qualité-prix...) et est relative au positionnement de l'établissement (un excellent bistrot peut se voir attribuer la note de 10/10). Les tables recueillant des notes égales ou inférieures à 5/10 ne font pas l'objet de chroniques.
Abstinence
47 Avenue de la Motte-Picquet, Paris 15e
Ouvert tous les jours au déjeuner et au dîner.
Site Web d’Abstinence | Instagram