Pour faire la fête, oubliez la Croatie, régulièrement présentée comme la destination clubbing qui remplacera Ibiza, c’est à Malte que ça se passe désormais. Comme le soulignait la publication britannique DJ Mag dans un excellent article sur le sujet, de multiples indices laissent penser que le minuscule État insulaire (316km2 de superficie, à peine plus de la moitié de celle d’Ibiza) situé entre les côtes siciliennes et la Tunisie, a le potentiel pour s’imposer comme l’une des destinations qui comptent à l’avenir pour faire la fête. On vous explique pourquoi en 5 raisons. En concluant avec quelques bémols !
-
L’île a un historique en matière de musiques électroniques
Comme le souligne DJ Mag, Malte un riche historique avec la dance music. Pas besoin d’attendre l’explosion de la techno à la fin des années 2000 pour voir des événements d’envergure s’organiser sur la petite île. Les vieux de la vieille se rappellent notamment de raves épiques où se produisait le légendaire Carl Cox devant plus de 4,000 personne. Rapporté à la taille de l’île à l’époque (environ 375,000 habitants), cela équivaudrait à avoir près de 700,000 personnes en France participant à une teuf ! Certes, le comparatif n’a pas vraiment de sens en tant que tel mais cela donne une idée de l’ampleur de ces soirées pionnières.
-
Les festivals s’y multiplient
Difficile de ne pas être impressionné par le nombre d’évènements organisés sur la petite île méditerranéenne, et ce dès le tout le début de la saison. Cette saison, les hostilités ont commencé dès le mois d’avril (du 13 au 16) avec le déjà très réputé Lost & Found dont la curation est assurée par la DJ et animatrice radio irlandaise (sur BB1) Annie Mac. Elle avait notamment convié à l’édition 2017 de son festival Armand van Helden, Jamie Jones, Andy C, Seth Throxler, The Black Madonna, Kölsch, Andrea Oliva, Dusky, Jackmaster ou encore Butch. Du lourd donc.
Mais au-delà de ce festival pionnier, de nombreux autres évènements majeurs viennent émailler la saison estivale maltaise, parmi lesquels :
- IMS Malta, du 7 au 9 juillet 2017 : un forum professionnel destiné aux acteurs de l’industrie de la dance music ponctué de trois nuits de fêtes avec des grands noms tels que Sven Väth, Agoria, Todd Terry, Technasia, Richy Ahmed…
- Sunscape Malta, du 7 au 9 juillet 2017 : un festival underground et pluridisciplinaire sur la petite île de Gozo avec Tube & Berger, General Levy, OTT Live, Radikal Guru…
- Creamfields Malta, les 14 et 15 août 2017 : Steve Aoki, Tinie Tempah, Danny Howard, Klingande, Mambo Brothers… pour les amateurs d'EDM uniquement.
- Glitch Festival, les 7 et 8 septembre 2017 : un grand raout techno en compagnie de certains des meilleurs DJs du monde dans leurs catégories respectives (Jon Hopkins, Maceo Plex, Ben Klock, Marcel Dettmann, Recondite, Mr. G…). L'un des tout meilleurs festivals techno d'Europe à la rentrée.
-
Des infrastructures pour faire la teuf tout au long de l’été, au-delà des festivals
C’est l’un des principaux reproches faits à la Croatie : si la destination a su se doter en quelques années de festivals de classe mondiale (Sonus, Dimensions, Hideout, Outlook, Dekmantel Selectors ou les plus mainstream Defected ou Ultra), elle est encore très loin de l’envergure d’Ibiza en termes de clubbing. Rappelons tout de même qu’Ibiza propose des soirées à des milliers – quand ce n’est pas des dizaines de milliers - de clubbeurs 7 jours sur 7 sur plus de 4 mois d’affilée.
Alors certes, Malte est encore loin du compte en la matière mais la présence d’un lieu comme le Uno Village – qui accueille désormais un certain nombre de festivals listés ci-dessus – avec une programmation ultra solide tout au long de l’été est plus qu’encourageante pour la suite des évènements. Sont ainsi attendus derrière les platines de ce club à ciel ouvert cet été Armin Van Buuren, Sven Väth, Agoria, Todd Terry, Richy Ahmed, Nic Fanciulli, Jackmaster, Lost Frequencies, Joris Voorn… De quoi propulser Uno Village parmi les clubs les plus réputés d'Europe.
-
Les atouts d’Ibiza, sans – encore – tous ses désavantages
L’air est désormais bien connu de tous, Ibiza, « c’était mieux avant ». En cause, notamment, la commercialisation à outrance de l’Île Blanche et les excès de ses superclubs. « Alors que Ibiza devient de plus en plus chère, il est probable que toute île de la Méditerranée qui a un sens commercial et culturel ouvrira ses portes à un marché touristique de la musique » explique ainsi Mark Lawrence de l’Association for Electronic Music (AFEM). Il ajoute que « Malte est capable d’être plus qu’une destination pour les festivals ». Ce qui de facto en fait une destination potentiellement capable de rivaliser avec Ibiza. Sur le papier du moins.
-
Une île moins chère et facilement accessible
Mark Lawrence souligne enfin que La Valette, qui sera Capitale Européenne de la Culture en 2018, pourrait faire de Malte « the next big thing », faisant basculer l’image vieillissante du tourisme sur l’île vers celle d’un public plus jeune, plus branché. Bref, plus fêtard. DJ Mag abonde en précisant que l’île est déjà très correctement reliée depuis Londres (4 vols quotidien en saison), que les prix des boissons y sont particulièrement bon marché (2€ la bière, à peine plus pour un hard) et que… l’on y parle anglais ! Voilà qui explique certainement en grande partie pourquoi le public actuel des fêtes et festivals maltais est essentiellement britannique.
Cela dit, la France n'est pas en reste avec au moins un vol quotidien réalisé en codeshare par Air France et Air Malta depuis Paris CDG. Transavia dessert également Malte en saison.
Ce qu'il faut retenir
Si les dernières années montrent un net frémissement de la culture dance music à Malte, une île qui a beaucoup d'atouts à faire valoir comme nous l'avons vu ci-dessus, il devrait se passer encore un moment avant que le petit État insulaire au large des côtes sicilienne ne puisse rivaliser avec La Mecque du clubbing qu'est Ibiza. Au même titre que la Croatie, Las Vegas ou Dubaï, trois destinations qui n’ont pas que peu de chance de détrôner un jour Ibiza sur le terrain de l’underground electronic music. Car quoi qu’en disent les Cassandre, l’Île Blanche, a encore de beaux jours devant elle, comme en témoigne la vitalité de sa scène actuelle. À ce jour, aucune île ou ville dans le monde ne semble pouvoir d'ailleur concurrencer le légendaire territoire baléarique d'un point quantitatif comme qualitatif. Sans même évoquer, au-delà des aspects purements musicaux et festivals les multiples charmes qui font la réputation de l'île depuis désormais plus d'un demi-siècle.
Mais, ne serait-ce que pour la diversité de la scène électro européenne, le développement d’une « alternative » à Malte, dans l’esprit de qui existe de manière encore relativement embryonnaire à Mykonos, serait une excellente nouvelle pour les amateurs du genre.