Visiter Anvers, la belle Flamande, sur un week-end
Les rues d’Anvers racontent que des navires du monde entier accostent, depuis le Moyen Âge, sur les berges de l'Escaut. Le quartier de Zurenborg est bordé de manoirs éclectiques-néo renaissance, Napoléon en fait le port de guerre le plus important de l'Empire, la zone industrielle est investie aujourd’hui par des designers qui s'en donnent à cœur joie. La silhouette géométrique du MAS est le nouvel emblème de la ville. À chaque fois un art de vivre est inventé lorsque l’on visite Anvers, idéal pour un week-end de dernière minute.
Visiter Anvers, jour 1
9 h — Anvers, deux minutes d’arrêt !
C'est par le train que l’on arrive pour visiter Anvers. La Gare Centrale, inaugurée en 1905, figure dans tous les classements des plus belles du monde. Ses verrières à la parisienne reflètent un temps où les industriels exposaient leur richesse. 80 % des diamants extraits dans le monde se négocient dans trois rues autour de la gare. Venus de Pologne, les Juifs hassidiques ont longtemps dominé le marché́. Les Indiens jaïns règnent aujourd’hui. Les immeubles sont anodins, les micro-échoppes mal éclairées… pour des raisons de sécurité. On ne peut que deviner l’activité́ qui s’y déroule. On file vers l’hôtel.
10 h — Poser ses valises au Botanic Sanctuary Antwerp
C’est le plus récent 5 étoiles « superior » de la ville. En marge du jardin botanique, le terme de sanctuaire n'est pas usurpé. Un sanctuaire urbain et hédoniste, inauguré en 2022 dans un monastère du XIIIe. Avec ses jardins semés d’œuvres d’art, ses salons cosy, son quatuor de restaurants, son église aux colonnades gothiques (consacrée aujourd’hui aux fêtes et aux concerts), sa salle de dégustation de whisky et son bar peint avec du vin de Bourgogne, son apothicairerie qui propose des lotions et des parfums fabriqués selon des recettes anciennes, il souffle une brise baroque, « rubénien ». Les 108 chambres et suites wabi-sabi proposent des murs en plâtre éraflés, des poutres en bois vieillies, des marbres monochromes, des draps légèrement froissés. Certaines sont de la taille d'un appartement, avec jacuzzi, sauna, table de soins, douche tropicale ; cave à vin climatique et purification de l'air.
La piscine du spa, aux allures de serre, invite à tous les superlatifs. La splendeur médiévale de la Flandre renaît. Le Botanic Sanctuary Antwerp est une destination en soi.
Botanic Sanctuary Antwerp
Leopoldstraat 26, 2000 Anvers
Chambres doubles à partir de 355 € hors petit-déjeuner
Suites à partir de 1150 € petit déjeuner inclus
Spa Suite à 4100 €, petit déjeuner inclus.
Mais aussi le Flora
Mi-boudoir, mi-cabinet de curiosités, cet hôtel de poche (sept chambres), ouvert en 2022 à quelques pas du Meir, l'artère commerçante de la ville, est le dessein d’un dandy chic, Pieter Robert, et d’un architecte en vue, Gert Voorjans (on lui doit le musée du Diamant à Anvers et des boutiques Dries Van Noten).
L’idée : revamper une maison de marchand du XVe siècle en mêlant Rococo, éléments du XXe siècle et floraisons soudaines. La décoration est un assemblage de meubles improbables, de tissus sophistiqués, de motifs botaniques. Nils Verkaeren, « l'Indiana Jones de la peinture », a coloré les murs de fresques uniques, là où bon lui semblait. Les chambres donnent sur le jardin. Elles reflètent chacune une pierre précieuse, améthyste, émeraude, agate... Un univers olfactif a été imaginé, une carafe de madère est offerte. L’atmosphère est voluptueuse, le petit déjeuner un assortiment de pains fabriqués sur place, de granola, de confiture de fraise, de saumon.
Hôtel Flora
Korte Nieuwstraat 12, 2000 Anvers
Nuitée à partir de 265 € la chambre, petit déjeuner inclus
3 000 € la nuit (avec petits déjeuners) si l’on privatise la totalité de la maison
10 h — Visiter Anvers : Rubens et bière d'abbaye
Le carillon de Notre-Dame d'Anvers retentit sur Grote Markt (Grand Place). Quatre des plus célèbres tableaux de Peter Paul Rubens nous attendent dans la cathédrale. La Descente de Croix est accrochée là où le maître du baroque le souhaitait. On ne sait plus où donner de la tête. Il y a l’hôtel de ville, classé au patrimoine mondial, les maisons de guildes, la fontaine Brabo (pour un selfie évidemment baroque), le passage du Vlaeykensgang et ses galeries, le musée Plantin-Moretus qui déroule 400 ans d'histoire de livres et d'art de vivre. Des madones à chaque coin de rue… Avec ses pointes, le Palais de Justice a des allures de musée d’art contemporain. Il rend hommage aux voiliers qui apportèrent la prospérité. On reprend son souffle au café De Plek. A l’intérieur de la cathédrale, il accueille fidèles et touristes dans un décor « gothique moderne ». On y sert des bières d'abbaye et de Trappistes.
12 h — Des airs de Brooklyn
Groen Kwartier, le « quartier vert », a redonné vie à un hôpital militaire du XIXe siècle. Les bâtiments néoclassiques sont devenus des logements, des boutiques, des cafés. Une ancienne chapelle militaire loge un restaurant 2 étoiles, The Jane. Juste à côté, et plus accessible, il y a celui de l'hôtel August, dans le couloir entourant la chapelle d'un cloître Augustin. Un immanquable lorsque l’on visite Anvers.
Sa carte a été imaginée par le chef néerlandais Nick Bril, le même qu’au Jane. Les plats sont préparés avec des ingrédients bio cultivés localement. Sur le toit du PAKT notamment, un ancien site d'entrepôts industriels où se sont installés des start-ups, des restaurants, une salle de gym, des commerces et un potager où Nick vient s'approvisionner. On se croirait à Brooklyn, ou Berlin, mais c’est bien l'esprit d'Anvers qui flotte.
14 h — Le plus grand musée d'Anvers est de retour
Direction le Tunnel Sainte-Anne. Il plonge sous le fleuve à l'aide de vertigineux escalators en bois des années 1930. Aucun pont ne surplombe l'Escaut, pour ne pas gêner le trafic fluvial. Un aller suffit pour remonter le temps. Si Rubens a laissé son empreinte dans la ville, sa Maison est encore fermée… pour rénovation. On repassera l'été prochain !
Le Musée Royal des Beaux-Arts, le KMSKA, lui, vient de rouvrir après onze ans de travaux. Dépoussiéré, agrandi, réinventé. La collection comprend plus de 650 œuvres et sept siècles de création. Le nouveau concept privilégie une approche par thème. Dans une même salle, des œuvres du XVIe, du XIXe et du XXesiècle dialoguent. Un artiste a réalisé une dizaine de sculptures en forme de clin d'œil aux toiles. Radio-Bart permet de « lire » les œuvres en discutant avec Bart, un employé du musée aveugle.
16 h — On prend un quatre heures et une bolleke…
- Le salon de thé-cuisinette Domestic, maison tout en hauteur, fine et coquette, invite à prolonger le high tea à l’anglaise lors de notre week-end. Pâtisseries et sandwichs briochés dans un décor où moulures, canapés et assiettes riment avec guimauve.
- Normo est connu comme le loup blanc. Ce coffee shop est adepte du slow coffee, technique qui consiste à extraire le café lentement, comme on le faisait jadis. Caffènation a aussi pour ambition de changer le monde du café. Torréfaction légère, saveurs fruitées, grains de saison…
- Depuis 1833, De Koninck brasse des bières à Anvers. La visite dure 1h30 dans un musée à la scénographie interactive. À la fin, on peut goûter des mousses dans des bollekes, acheter des bières et plein d’accessoires. Une partie du lieu sert de résidence à une étonnante boucherie et une fromagerie posée sur des meules.
19 h — Des étoiles plein la tête
Le Botanic Sanctuary Antwerp est le seul hôtel à compter 4 étoiles Michelin à ses tables... au nombre de cinq. Attention de ne pas se tromper lors de la réservation ! Le Bar Bulot et 1238 sont les plus abordables. Classiques de la cuisine de brasserie belge. Le Hertog Jan (doublement étoilé) propose une expérience à 360 €. Le Het Gebaar (une étoile), les créations du chef pâtissier Roger van Damme. On opte pour Fine Fleur, une étoile. La brigade est à l’œuvre derrière des vitres teintées. Une jeune équipe assure le service. La morue est servie avec des câpres et du chou-fleur ; la sole accompagnée de chou frisé, de miso et de shiitake ; le bœuf Wellington relevé́ de chou rouge, de coing et d’épices… La sommelière Melissa propose de jolis accords. La cuisine est raffinée, en toute décontraction. 135 € pour 6 plats, 70 € pour l'accord mets-vin.
Visiter Anvers, jour 2
9 h 30 — Matinée shopping
Anvers est le paradis des shopping addicts. La « faute » aux Six d'Anvers, six élèves issus de la promotion 1981 de l'Académie royale des beaux-arts qui ont fait de leur ville une capitale mondiale de la mode. En face du Musée des Beaux-Arts, il y a le Flagship d'Ann Demeulemeester. Non loin, le spectaculaire Modepaleis de Dries van Noten. Les rues adjacentes foisonnent de talents qui entretiennent la légende. L'héritage est encore très présent, ne serait-ce qu'au MOMU, le musée de la Mode, qui leur consacre régulièrement des expositions. Au Vrijdagmarkt 6, on trouve une sélection pointue et vintage de vêtements designés par les Six, depuis bientôt quarante ans.
13 h — Top frites
La boutique est ouverte sur la rue, on peut manger assis à l’intérieur, debout sur des tables hautes à l’extérieur. Des frites upgradées, en barquette ou en cornet, nues ou accompagnées de truffe, fromage, carbonnade flamande, Kimchi ou encore ketchup du chef… Frites Atelier est une baraque sortie tout droit de l’imaginaire de Sergio Herman, alors chef étoilé du restaurant The Jane. On a goûté, les Anversois aussi : elles sont sacrément bonnes, croustillantes à l’extérieur, moelleuses à l’intérieur. Elles se suffisent à elles-mêmes. On ne les prive pas d’une mayo maison dans son pot en céramique. On est loin du fritkot en roulotte. De 3 à 8 € la portion.
14 h — Visiter Anvers, les quais et le MAS
On loue des vélos pour se balader au nord de la ville, à Eilandje. C’est LE nouveau quartier tendance à visiter à Anvers. L’ambiance est portuaire, même si des galeries, des bars, des restaurants fleurissent un peu partout. On croise des cyclistes et du street-art, on mange des fruits de mer et du poisson grillé en sirotant du vin blanc, on regarde les bateaux entrer et sortir du « port intérieur ». Le musée Red Star Line raconte l'histoire des deux millions de migrants partis à la recherche d’une vie meilleure. Les navires de la Red Star reliaient autrefois Anvers à New York.
On passe sous la Maison du Port, siège des autorités portuaires. Posée sur une ancienne caserne de pompiers et signée par l'architecte Zaha Hadid, c’est une proue de navire qui s'élance vers les eaux. Le MAS semble lui flotter. Tour de briques et de verre de 65 mètres de haut, il est devenu l'emblème de la ville. Ce musée, ethnographique, anthropologique et maritime, aux allures de containers empilés, dévoile l'histoire du port d'Anvers, son rapport au monde. Le soleil va se coucher. On monte jusqu'au 11e et dernier étage. La ville est à quelques pas, l’Escaut s’élargit pour devenir mer.
Visiter Anvers : carnet d’adresses gourmandes pour déjeuner et diner
- Fiera (Lange Nieuwstraat 14) est peut-être l'un des plus beaux restaurants d'Anvers. L’espace, récemment rénové, est somptueux ; la vaisselle, la verrerie, les couverts le fruit d'une collaboration avec Ann Demeulemeester. Dans l’assiette, des produits du monde entier, ceux qui s'échangeaient autrefois dans ce lieu.
- Dans le quartier mode, Le Pristine (Lange Gasthuisstraat 13) est la dernière brasserie chic du chef Sergio Herman. Elle allie la cuisine de son terroir, la Zélande, avec des saveurs italiennes. On peut choisir entre le restaurant et un snack-café pour manger juste un petit bout, à côté de fashionistas anversoises.
- Madonna (Leopold de Waelplaats 2), dans l'enceinte du KMSKS, tire son nom du saint patron de la ville. Restaurant et bar gastronomique, c'est l'arrêt idéal avant ou après une visite du musée. Pour les gourmands et les amateurs d’art.
- Dans Eilandje, Vis-van-A (Rijnkaai 100, Hangar 26/27)est le nouveau restaurant du chef Bart De Pooter, ancien chef étoilé du Pastorale. Un bon plan à tout moment de la journée ! Par beau temps, on prend place sur la grande terrasse pour goûter les délices de la mer du Nord.
- Un dernier verre ? Au Marigold (Vrijdagmarkt 18). Les cocktails sont sur mesure… et haut de gamme, fruit de recherches et d'expérimentations poussées. L’intérieur est élégant et minimaliste, l'atmosphère décontractée.
On y va avec le Thalys. Deux heures depuis la gare du Nord. En moyenne 180 € le week-end.
Le bon plan : l'Antwerp City Pass pour explorer la ville. Avec ce pass, on voyage dans toute la ville, sur les bus, les trams, les métros. Et on bénéficie d'une entrée gratuite dans 16 musées. 55 € pour 48 h. À acheter en ligne, à la Gare Centrale ou sur la Grand-Place.
Plus d'informations : visit.antwerpen.be/fr