Lafayettes’s by Mory Sacko, héros des deux mondes
Pourquoi évoquer le Marquis et Général dans ces lignes ? Tout simplement parce que c'est ce qui lui servit de dernière demeure à Paris, qu'ont choisie Benjamin Patou (Moma Group) et Mory Sacko pour sceller leur complicité professionnelle et recevoir le nouveau monde de la gastronomie.
Mory et Moma
Si le chef Mory Sacko est sur toutes les lèvres des (gastronomes) branchés et en Une des plus prestigieux magazines, entouré d'une aura cool que beaucoup de ses pairs lui envient - Il est même égérie pour Louis Vuitton à ses heures perdues ! - on ne l'attendait certainement pas dans le rôle de faire-valoir pour l'un des deux groupes qui ont mis le Paris gastro-festif en coupe réglée. Fort heureusement, il n'en est rien. Le chef étoilé (pour son restaurant parisien MoSuKe), comme à son habitude, réussit un grand écart là où d'autres se seraient cassé la figure. Surtout, son implication à tous niveaux est réelle, de la carte au choix de la vaisselle, en passant par l'ambiance voulue sous ses hauts plafonds. Quant au groupe dirigé par Benjamin Patou, on souhaite vivement que cette collaboration suggère un tournant, soit une attention tout aussi grande portée à la cuisine qu'au faste environnant.
Quant au faste justement, il est confié au décorateur espagnol Lázaro Rosa-Violán, et le résultat confine à la munificence, somme toute de bon aloi dans un hôtel particulier érigé en 1728 par l'architecte de Louis XV, Antoine Mazin. Splendide parquet, miroirs et portes d'origine... Que viennent chahuter des chaises contemporaines et des lustres imposants. De même que cette tapisserie d'Aubusson qui cohabite avec des œuvres beaucoup plus abstraites. Choc des époques, choc des mondes, choc des cultures, pour un résultat des plus réussis dans la petite rue d'Anjou, qui n'en avait pas vu autant depuis bien longtemps...
Cuisine chic et voyageuse
Dans la jolie vaisselle dépareillée, choisie avec soin par le chef lui-même, la cuisine propose elle aussi une partition à la rencontre de plusieurs mondes, voyageuse et surprenante, dans un quartier peu habitué à tant d'originalité. Le chef Mory Sacko, qui mariait déjà influences africaines et inspirations japonaises chez MoSuKe, prend le parti ici de croiser l'esprit brasserie parisienne à son héritage africain, sans s'interdire quelques enjambées vers la Louisiane créole.
Parmi les trouvailles à la carte, le « corn chowder » feuilleté, sorte de VGE sauce Lafayette's pile dans l'esprit qu'on attend du lieu. Idem avec cette revisite du pâté en croûte façon Yassa, réalisée en complicité avec la maison Vérot et accompagné de pickles bien épicés. Côté plats, on délaissera le cheeseburger et l'entrecôte qu'on aurait préféré ne même pas trouver là, pour se concentrer sur le « bar braisé entier, cuit en feuille de bananier, sauce chien » ou surtout le « curry de patate douce, citron vert, basilic, riz parfumé ». Parmi les desserts, on retrouve la signature de Mory Sacko, soit la ganache de chocolat amer, glace vanille. Ne pas se fier à l'intitulé, c'est une diablerie.
Carte à partir de 100 € pour un menu entrée-plat-dessert. Beaucoup plus si vous vous laissez aller à plonger le nez dans la carte des vins (800 références).
Ce qu'il faut retenir
En un mot, ce Lafayette's est le repaire d'hiver parfait pour les cols blancs du quartier, qui ont envie de voyager dans l'assiette sans se départir du luxe auquel ils sont habitués et surtout, qui ont la chance de pouvoir faire passer leur repas en note de frais.
LAFAYETTE'S
8, rue d'Anjou, 75008 Paris
Ouvert du lundi au vendredi pour le déjeuner, et le dîner.
Fermé le samedi pour le déjeuner et le dimanche toute la journée.
lafayettes-restaurant.com