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Interview de Nicolas Saltiel : une passion hôtelière portée par l’expérience et l’authenticité
Yonder : Bonjour Nicolas. D’où vient votre passion pour l’hôtellerie ?
Nicolas Saltiel : Elle vient surtout de mes voyages, durant lesquels j’ai eu la chance de séjourner dans des hôtels de toutes gammes. J’ai été fasciné par le travail des équipes et par l’ambiance unique de chaque établissement.
Y : Quels sont les hôtels qui vous ont marqué ?
N.S. : Il y en a plusieurs. Le Plaza, l'hôtel de New York, face à Central Park, est mythique pour moi. À Orlando, Disney World m’a marqué car j'ai séjourné dans un hôtel avec une mise en scène exceptionnelle en plein milieu du parc. C’est de là que je me suis dit que la mise en scène dans un hôtel est primordiale. Toujours dans les pays anglo-saxons, le Chiltern Firehouse, un 5 étoiles dans le quartier de Marylebone à Londres décoré par Andre Balazs qui est peut-être celui où je me sens le mieux.
Un autre souvenir marquant est celui de La Colombe d'Or à Saint-Paul-de-Vence, un hôtel vraiment légendaire, et aussi la Villa Gallici, un hôtel 5 étoiles à Aix-en-Provence. J’ai été impressionné par le sens du détail, c’était comme un roman : une piscine, un jardin superbe, mais surtout, un doorman extraordinaire qui m’a accueilli avec un sketch théâtral inoubliable.
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Nicolas Saltiel © CDSE
Y : Quels sont les hôtels que vous préférez aujourd’hui ?
N.S. : Mes goûts ont évolué. Aujourd’hui, je préfère les hôtels axés sur l’expérience humaine. Le Château Marmont à Los Angeles est un exemple parfait : il réunit histoire, ambiance et rencontres.
J’apprécie aussi les hôtels du groupe Aman, notamment l’Amangiri en Utah, l’un des plus beaux hôtels que j’ai visités. Ce qui me touche chez Aman, c’est son histoire : un Italien à Phuket en Thaïlande construit une maison avec quelques chambres, et cela évolue en un concept exceptionnel. Chaque Aman s’intègre parfaitement à son environnement, comme au Sri Lanka. J’essaie de suivre cette philosophie à plus petite échelle.
Y : Comment abordez-vous la décoration d’un hôtel ?
N.S. : À La Ponche, notre hôtel de Saint-Tropez, le défi était de réinventer une adresse iconique tout en respectant son histoire. Ce lieu a vu Brigitte Bardot se marier et son bar a accueilli Boris Vian. Le projet nécessitait une direction artistique forte, capable de préserver l’âme du lieu tout en le modernisant. Nous avons travaillé sur chaque détail, jusqu’aux logos : une trentaine ont été revisités et adaptés. Cette approche a permis de redonner vie à l’hôtel et de dynamiser le quartier.
Y : D’où vous vient votre passion pour la décoration ?
N.S. : Elle est là depuis toujours. En visitant des hôtels, j’ai développé un intérêt pour les espaces et leur aménagement. J’ai même envisagé une carrière d’architecte d’intérieur.
Y : Quelles sont vos influences en matière de décoration ?
N.S. : J’aime m’imprégner de l’histoire d’un lieu avant de le réinterpréter. Je privilégie avant tout la sobriété et les matériaux nobles. Par exemple, à l’Hôtel Hana, nous avons marié la paille au plafond et la pierre de lave pour les tables du restaurant, créant une harmonie unique.
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Hôtel hana © Stephan Julliard
Y : Avec quels décorateurs avez-vous collaboré historiquement ?
N.S. : Chaque hôtel raconte une histoire unique, donc je travaille avec des décorateurs différents. Je privilégie les jeunes talents pour leur première expérience dans l’hôtellerie. Pour l’hôtel de Paris Monsieur Aristide, Marion Collard, architecte d’intérieur, a excellé en créant une ambiance qui donne l’impression d’une maison déjà vécue.
Y : Quelle a été votre collaboration préférée ?
N.S. : J’ai adoré travailler avec Anouska Hempel, une femme fascinante par son parcours et son charisme... Également avec avec Laura Gonzalez et Fabrizio Casiraghi. Fabrizio a parfaitement capté l’esprit d’une maison de vacances italienne familiale, ce qui a donné un résultat magnifique.
Y : À quel point vous impliquez-vous dans la décoration des hôtels ?
N.S. : Je suis très investi, du concept à l’exécution. Je participe à la conception des espaces, j’élabore les plans et je suis attentif à chaque détail. J’accompagne même les décorateurs pour Monsieur Aristide pour chiner les pièces. Pour moi, c’est le détail qui fait la différence.
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Nicolas Saltiel et Marion Collard
Y : Quels sont vos projets à venir ?
N.S. : Nous préparons l’ouverture de La Folie Barbizon au printemps 2025, un hôtel de 21 chambres et résidence d’artistes, situé au pied de la forêt de Fontainebleau. Marion Collard et Sarah Valente, fondatrice de la Greenline Foundation, sont associées au projet. Entre 20 et 25 artistes interviendront pour créer des espaces uniques.
À la fin de 2025, nous inaugurerons également le Bus Palladium, un hôtel cinq étoiles de 35 chambres avec un restaurant et, au sous-sol, une salle de concert de 200 places. Ce sera une expérience musicale forte et inattendue. À l’avenir, je vise d’autres régions, comme la Bourgogne ou le Sud-Ouest, et des destinations internationales comme l’Espagne, la Grèce ou l’Italie, avec l’objectif d’ouvrir un ou deux hôtels par an, toujours uniques et humains.
Y : Parmi tous vos hôtels, lequel est votre favori ?
N.S. : J’ai un attachement particulier pour L’Hôtel de la Ponche et Monsieur Aristide, à Paris.
Y : A part vos hôtels, quelles sont vos adresses parisiennes préférées ?
N.S. : Pour les restaurants de Paris, j’aime Sugaar, dans le 6e arrondissement et Shana, dans le 2e pour leur cuisine délicieuse. J’ai aussi beaucoup apprécié Le Tagine, un restaurant marocain dans le 11e, avec un couscous exceptionnel. En bistrots, je recommande Fontaine de Mars et Voltaire.