Le contexte
Dîner au Ratapoil du Faubourg le samedi 28 mars 2015, deux convives.
Le pitch
Septembre 2014. C’est à la date à laquelle Jérôme Aubert, un ancien du cinéma, et son équipe investissent le 72 rue du Faubourg Poissonnière, à quelques encablures des abords déprimants de la Gare du Nord et de la Gare de l’Est, dans une rue du Faubourg Poissonière en pleine mutation gourmande. L’ambition ? Proposer une cuisine de saison, « mettant en valeur les produits et les producteurs » le tout dans un restaurant « simple et convivial ».
Pas de révolution en vue donc, mais une volonté de bien faire évidente pour ce petit nouveau du très en vogue Xème arrondissement.
Dans l’assiette
Si en cuisine Jérôme Aubert n’ambitionne pas de révolutionner la gastronomie, sa carte bouscule, elle, les codes. D’un côté, une petite quinzaine de propositions à mi-chemin entre la portion et le plat - entrées chaudes ou froides, plats ou desserts - à déguster à travers une formule d’une simplicité confondante : 3 plats à 30€, 4 à 40€, 5 à 50 et ainsi de suite. De l’autre côté, 3 plats de saison, « plus copieux » que l’on peut accompagner d’une entrée et/ou d’un dessert.
On opte lors de ce dîner pour une formule hybride : d’une part, un « menu dégustation » décliné sous la forme de quatre assiettes, deux entrées, un plat, un dessert, de l’autre un plat de saison, en l’occurrence la « belle sole de petit bateau (500g) » qui nous faisait de l’œil depuis que l’on a ouvert la carte.
On commence donc par les entrées. D’abord la crème de panais, nombril de venus et œuf parfait. Mélange intéressant du panais et de l’œuf, effectivement cuit à merveille, pour une entrée simple et gourmande qui donne envie d’en savoir plus.
Crème de panais, nombril de venus et œuf parfait
On enchaîne avec le tartare de maigre des côtes corses, shizo, lierre terrestre et sauce végétale. Si la manière de réaliser le tartare surprend de prime abord (le maigre est coupé en gros morceaux), on est séduit par la manière dont le poisson, parfaitement mariné, fond dans la bouche. Dommage que l’ensemble soit un peu trop huileux à notre goût. L’assiette aurait certainement gagné à être un peu plus raffinée.
Tartare de maigre des côtes corses, shizo, lierre terrestre et sauce végétale
Les plats pour continuer. D’un côté, le filet mignon de cochon cuit en basse température, betteraves en coulis et en julienne issu de la carte dégustation. De l’autre, la fameuse sole, servie entière.
Le filet mignon se révèle drôlement tendre, conformément à ce qui nous avait été promis lors de la commande. Le coulis de betterave fonctionne parfaitement avec le porc pour un résultat réussi même si on a le sentiment que le plat est un peu déséquilibré : trop de coulis pour une portion de viande un peu faible (mais soyons réaliste, n’oublions pas que chaque assiette ne coûte que 10€…).
Filet mignon de cochon cuit en basse température, betteraves en coulis et en julienne
La sole, quant à elle, tient toutes ses promesses. Servie entière, elle est non seulement parfaitement fraîche mais également impeccablement cuite, laissant découvrir une chair d’une finesse remarquable. Mention spéciale à l’accompagnement pommes de terres cuites au beurre et champignons sautés qui complète à merveille le poisson. Le plat, simple dans sa forme, nous rappelle avec émotion et gourmandise la sole que nous préparait notre grand-mère le vendredi. Le bonheur.
La belle sole de petit bateau…
… et son accompagnement de pommes de terres et champignons sautés
On achève enfin le dîner par un sabayon minute au vin blanc, agrumes et mangues fraîches (que l’on a oublié de prendre en photo, oups), fondamentalement pas désagréable mais plus oubliable que le reste.
A noter pour finir qu’une belle carte de vins bios permet d’arroser le repas de la manière la plus naturelle qui soit. Comme le souligne le site, Le Ratapoil est aussi « une cave à vins offrant à ses clients la possibilité d’emporter chez soi les flacons naturels sélectionnés par l’équipe. »
Dans la salle
Salle à taille humaine, décoration soignée (murs vert olive, tableaux chinés de toutes les tailles, fleurs omniprésentes) ,éclairage parfaitement tamisé et sens du détail, la salle à manger du Ratapoil est parfaitement chaleureuse et conviviale, une grande réussite en la matière.
Le genre de resto où l’on se sent tellement bien qu’il n’est jamais facile de s’en aller.
Tableaux, fleurs et lumière tamisée : la déco typique de Ratapoil.
Le service
Professionnel, sympathique, rapide, courtois, rien à redire, on est très largement au-dessus des standards parisiens. On aurait simplement apprécié un peu moins de timidité pour nous expliquer plus en détail la carte (oui on est exigeants et on l’assume !).
Les prix
Comme expliqué plus haut, le dîner se décline selon deux formules : la carte dégustation à partir de 30€ pour 3 plats-portions puis 10€ de plus pour chaque assiette additionnelle. Simple comme bonjour. De l’autre la carte tradi où le plat du jour se monnaye entre 25 et 35€. Un bon rapport qualité-prix compte tenu du bon moment que l’on est sûrs de passer au Ratapoil.
Le midi, formules « ardoise » du marché à 18 et 22€ très intéressantes pour ceux qui travaillent dans le quartier.
L'addition pour ce dîner
Notre verdict
Si tout n’est pas (encore) parfait, le Ratapoil séduit par son cadre formidablement chaleureux et sa cuisine sincère, gourmande et inventive. Un néobistrot réussi où l’on retournera avec plaisir.
Pratique
Ratapoil du Faubourg
72 Rue du Faubourg Poissonnière
75010 Paris
Du lundi au samedi, de 12h à 14h30 et de 19h30 à 23h
Le Ratapoil du Faubourg est fermé tous les dimanches
Tél : +33 1 42 46 30 53
Site Web : http://www.ratapoildufaubourg.fr/