On inaugure aujourd’hui un nouveau format d’article consacré aux restaurants que nous avons l’occasion – la chance – de tester. Le principe ? Des photos prises pendant le repas, une approche claire et exhaustive en 5 points et un avis, forcément un peu subjectif mais toujours équilibré, sur le restaurant en question.
On démarre cette nouvelle série avec Agapé, table bien connue du 17ème arrondissement parisien, emmenée en salle par un ancien de L’Arpège, Laurent Lapaire. Côté cuisine, on retrouve le jeune Mathieu Sagardoytho, succèdant au Japonais Omiya Toshitaka qui avait convaincu les critiques lors de son passage du restaurant de la rue Jouffroy d'Abbans.
Le contexte
Dîner à Agapé le lundi 16 février 2015, deux convives.
Dans l’assiette
Quatre entrées, quatre plats principaux, trois desserts et deux menus dégustation, la carte d’Agapé, volontairement courte, donne immédiatement confiance et on doit dire que le résultat est à la hauteur des espérances… et de l’étoile attribuée par le Guide Michelin.
Notre choix s’étant porté sur une commande à la carte (entrée, plat, dessert), nous avons eu l’opportunité de goûter deux plats, deux entrées et deux desserts.
On ouvre donc le repas sur une superbe noix de veau fumée au bois de hêtre, huître et chou-fleur, plat signature de la maison chaudement recommandé par Laurent Lapaire lui-même. Très graphique, on aurait pu craindre que cette entrée ne soit pas à la hauteur gustativement. Il n’en est rien. Le veau est d’une finesse extrême, la sophistication du plat surprend (en particulier l’huître façon chips croquante), les saveurs sont précises, l’ensemble très équilibré. Une très grande entrée.
Du côté de l’œuf florentine, jambon et parmesan, on est très certainement un cran en-dessous, techniquement parlant du moins, mais le plaisir de plonger sa mouillette dans un œuf gastronomique l’emporte sur la raison.
La noix de veau fumée, une entrée aussi visuelle que délicieuse.
On enchaîne avec deux plats venus de la mer. Les Saint-Jacques de la Trinité-sur-Mer accompagnés d’une purée de butternut, noix et comté millésimé sont à la hauteur des excellentes entrées bien que les Saint-Jacques auraient certainement gagné à être très légèrement moins cuites.
Les Saint-Jacques : un excellent plat qui aurait pu être encore meilleur avec une cuisson optimisée.
Quant au rouget des côtes de Noirmoutier, fenouil, carottes à l’orange et fruit de la passion, il est parfaitement cuit mais c’est cette fois le jus de bouillabaisse, servi en abondance dans l’assiette qui laisse sceptique et gâche quelque peu le dressage, pourtant très réussi initialement.
Le rouget, d'une fraîcheur exemplaire et parfaitement cuit. On aurait tout de même apprécié un peu plus de finesse dans le dressage.
On a le sentiment d’avoir baissé d’un ton par rapport aux premières assiettes, mais est-ce vraiment étonnant compte tenu de l’excellence des entrées servies ?
Le dîner s’achève naturellement avec les desserts. Si le chocolat grand cru « Madong » tout en praliné et feuilletine ne se distingue pas par son originalité, il a le mérite d’allier précision de l’exécution et finesse des saveurs. On ne pourra pas en dire autant du Mont-Blanc revisité, qui s’il ne déçoit pas gustativement, paraît un peu primitif pour une table de ce niveau.
Le chocolat grand cru Madong : très bon et efficace à défaut d'être vraiment original.
Le Mont-Blanc revisité, seule assiette un peu plus décevante du dîner.
Dans la salle
Petite déception côté salle. On apprécie les efforts faits pour donner au lieu un cachet original et contemporain malgré son aspect très classique. Malheureusement ces derniers sont gâchés par l’éclairage (trop jaune, il donne un aspect vieillot à la salle et ne met absolument pas en valeur les plats) ou par certains détails de décoration, comme ces rideaux au style hors d’âge isolant la salle de la rue.
L’espace entre les tables est quant à lui satisfaisant pour les standards parisiens même si on aimerait, évidemment, bénéficier de plus d’intimité.
On notera enfin la présence de toilettes japonaises Toto ultra-modernes : une vraie surprise à Paris.
Le service
Le service joue la carte du formel décontracté avec plus ou moins de réussite. L’aspect formel est terni par de nombreuses petites erreurs (retard dans le service du pain, de l’eau ou du vin que l’on finira par aller chercher soi-même faute d’avoir été servi, inversion dans l’attribution des plats...). Quant au côté décontracté, il sonne parfois un peu creux faute de spontanéité. Plus agaçant, l’impression que le service est parfois à deux vitesses, certaines tables semblant avoir un traitement de faveur.
Enfin, de nombreux clients se plaignent dans leurs avis (TripAdvisor, La Fourchette) de l’insistance du maître d’hôtel à proposer des coupes de champagne ou de la truffe en supplément (50€ les 10 grammes). De notre point de vue, rien de choquant dans ces pratiques qui sont la norme dans les tables gastronomiques françaises.
En résumé, pas de catastrophe côté service mais pas non plus de satisfaction particulière.
Les prix
25 à 39€ pour les entrées, 48 à 57€ pour les plats, 16 à 19€ pour les desserts. Comptez 99 à 129€ pour les deux menues dégustations. Des prix classiques pour un restaurant de cette catégorie.
On regrettera tout de même de ne pas pouvoir de trouver de bonnes bouteilles de vin à moins de 50/60€, mais encore une fois, il s'agit de la norme pour les restaurants de cette catégorie.
En revanche, la bonne nouvelle est qu’Agapé propose très fréquemment une réduction de 30% sur la carte (hors menus, hors boissons) aux clients réservant par La Fourchette, ce qui permet de bénéficier d’un rapport qualité-prix vraiment compétitif. Tout comme la formule déjeuner à 39€, idéale pour goûter à la belle cuisine de Mathieu Sagardoytho sans se ruiner.
Notre verdict
Des entrées de classe mondiale et des plats dignes de l’étoile attribués au restaurant : l’assiette est à la hauteur des espérances malgré quelques réserves sur les desserts.
On est en revanche plus sceptique sur la salle, le service et plus généralement l’atmosphère se dégageant du restaurant, un peu compassée à notre goût.
En synthèse, une table que l’on recommande en priorité aux fans de gastronomie, plus sensibles à la qualité des plats qu’à l’expérience globale, un peu décevante de notre point de vue.
Pratique
Agapé
51 Rue Jouffroy d'Abbans
Paris 17ème
Ouvert du lundi au vendredi de 12h à 14h30 et de 20h à 22h30
Tél : 01 42 27 20 18
Site Web : http://www.agape-paris.fr/