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Marion Brun, Le lundi 19 janvier 2015
Grand angle

En Inde du Sud, plongée au cœur du pays des Tamouls

Bordé par le Golfe du Bengale, irréductible Etat traditionnel, le Tamil Nadu, considéré comme le berceau de la civilisation traditionnelle, est réputé pour sa richesse culturelle et ses innombrables temples. Découverte.
  • Frénésie sur les routes indiennes vue depuis un rickshaw | © Marion Brun
    Frénésie sur les routes indiennes vue depuis un rickshaw | © Marion Brun
  • Marchand de café sur une route du Tamil Nadu | © Marion Brun
    Marchand de café sur une route du Tamil Nadu | © Marion Brun
  • Fraîcheur du soir sur le front de mer à Pondichéry | © Marion Brun
    Fraîcheur du soir sur le front de mer à Pondichéry | © Marion Brun
  • Etal de tissage de fleurs dans le marché couvert de Pondichéry | © Marion Brun
    Etal de tissage de fleurs dans le marché couvert de Pondichéry | © Marion Brun

Chennai (anciennement Madras), est notre nouvelle ville d’adoption pour les trois prochains mois de notre circuit en Inde. Il s’agit de la capitale du Tamil Nadu, et accessoirement la cinquième ville la plus peuplée du pays. Très dynamique, elle est économiquement, historiquement et culturellement la ville la plus importante du Sud. Esthétiquement, c’est autre chose…
Peuplée de plus de six millions d’habitants, elle compte plus de centres commerciaux climatisés que de temples à visiter. Amoureux de découverte culturelle, et d’un environnement plus naturel, on comprend rapidement qu’il nous faudra partir en escapade dans la région pour trouver une bouffée d’air frais salutaire.

La première destination est celle du petit village de pêcheurs nommé Mahabalipuram ou encore Maamallapuram - surnommé affectueusement Mahaps - situé à 50 kilomètres au sud de Chennai. Peuplé de seulement 12 000 habitants, il abrite un des sites archéologiques les plus importants d’Inde du Sud.

Après avoir grimpé dans un bus depuis la gare routière de Chennai, un voyage de deux heures en direction du village, permet de découvrir pour la première fois les paysages du Tamil Nadu, où s’égrainent à un rythme régulier, sur le bord de la route, de petits villages. Ce voyage, c’est aussi la découverte de la conduite effrénée des camions, des rickshaws, bus, et autres voitures, se partageant cette étroite route de campagne.

C’est au coucher du soleil que l’on finit par découvrir la grande plage de sable bordée de petits bateaux colorés à peine rentrés de la pêche. A leurs côtés, les filets sont impeccablement rangés, séchant devant les cocotiers et les petits restaurants peints de couleurs éclatantes. S’offre alors une vue inoubliable : les vagues, l’horizon, les temples anciens aux symétries parfaites dont les silhouettes se détachent sur les dernières lueurs du jour. Un vrai moment de grâce.

 

  • Un rickshaw sur la route de campagne entre Chennai et Mahaps | © Marion Brun
  • Sur la côte du Tamil Nadu | © Marion Brun
  • Scène typique : un homme vend du café sur une route du Tamil Nadu | © Marion Brun
  • Les bateaux rentrés de la pêche quotidienne | © Marion Brun
Ce voyage, c’est aussi la découverte de la conduite effrénée des camions, des rickshaws, bus, et autres voitures, se partageant une étroite route.

Premier plongeon dans l'univers hindou, ses innombrables dieux et légendes, en attaquant le lendemain matin la visite des temples sculptés à même la colline. Un petit parcours invite à évoluer entre les Rathas, modestes temples façonnés à même la pierre.

Ces monuments sont d’une esthétique brute et simple, mais pour peu que l’on s’en approche, ils laissent apparaître dans les gravures de nombreux détails racontant chacune des histoires mystiques ayant trait à des métaphores religieuses.
L’un d’entre eux représente la source du Gange, le fleuve sacré de tous les Hindous. Les hommes, les animaux sauvages sont sculptés sur tout le monument et semblent accourir vers l’eau, indispensable élément à toute vie. L’une des histoires les plus fascinantes est celle d’une énorme pierre en forme de boule, tenant en équilibre précaire sur une butte en pente. Nul ne sait comment cette pierre est arrivée là. Nul ne sait comment elle tient depuis autant d’années. La légende veut que les Anglais essayèrent en vain de la détacher en s’aidant de sept éléphants (sic).
Quant aux Hindous, ils proposent une explication plus poétique que plausible : cette pierre serait un petit morceau de beurre laissé tomber négligemment par le dieu Krishna. Lorsqu’il était enfant, Krishna bébé, connu pour sa gourmandise, avait pour habitude de voler le beurre gardé par sa mère.

Fruit du hasard, en retournant sur la plage, on se retrouve nez à nez avec un tournage de film made in Kollywood, le Bollywood du Tamil Nadu. C’est l’occasion de voir une production indienne en direct. Tous les clichés des films de Bollywood y passent : le couple de héros apprêtés, les danseurs aux chorégraphies millimétrées, le groupe d’Européens à la présence improbable...

De retour dans le centre-ville, on fait la rencontre fortuite de Joe et Peter, photographe et réalisateur. Les jeunes Indiens instruits et créatifs sont nombreux à avoir jeté leur dévolu sur ce village. Leur objectif ? Ouvrir des lieux comme ce café, le Fresh’n Hot Coffee, propice aux rencontres entre voyageurs et jeunes Indiens en marge de la culture très traditionnelle du Tamil Nadu.
Joe, Peter, Krishna, Anto, voyagent régulièrement et sont de bons ambassadeurs leur culture. C’est au Rose Corner, un autre restaurant ouvert par la bande que l’on dînera tous ensemble. Un rooftop avec seulement trois tables, de gros coussins pour s’asseoir, du bon poisson grillé et de nouvelles rencontres au menu.

On continue la tournée des bars par un verre au Shanti Café. Au programme, une terrasse offrant une vue imprenable sur la mer et des cocktail faits maison par Krishna (pas le dieu, cette fois). On enchaîne avec une fête improvisée sur la plage à quelques mètres de là : installés autour d’un grand feu de joie, on est rapidement rejoints par d’autres locaux ou voyageurs, armés de Mridangams, la tabla de l’Inde du Sud. Les discussions sont accompagnées par de complexes mais enchanteurs rythmes indiens. Le tout sous un ciel étoilé comme il est rare d’en voir en Occident et à deux pas du Temple du Rivage, fier, du haut de ses 2 000 ans.

Les jeunes Indiens instruits et créatifs sont nombreux à avoir jeté leur dévolu sur ce village.
  • Un Ratha, temple hindou à Mahaps | © Marion Brun
  • Détails d’un temple Ratha | © Marion Brun
  • Vue des paysages du Tamil Nadu depuis la colline de Mahaps | © Marion Brun
  • Sur la plage, un film made in Kollywood est en train d’être tourné | © Marion Brun

Le lendemain, on poursuit la découverte de la région en rejoignant Pondichéry, à 100 kilomètres au sud de Mahaps. La ville est traditionnellement considérée comme le plus important comptoir du commerce colonial français. Encore aujourd’hui, une large communauté francophone vit dans cette charmante ville, où son quartier français rappelle de façon surprenante la France. A l’inverse du brouhaha indien, on retrouve des rues calmes, arborées et paisibles, comme dans un petit centre-ville de province.

Pour découvrir Pondichéry, il faut aimer se perdre et déambuler dans les rues, découvrir les petits marchants de soieries, pashminas, saaris... En passant devant un temple, on aperçoit le gardien des lieux : un éléphant bénissant qui le souhaite, moyennant quelques roupies. Ou encore le fameux Ashram de Sri Aurobindo, l’un des centres de méditations et de Yoga les plus connus d’Inde, petit havre de paix fleuri et silencieux.

Autre lieu incontournable, le marché couvert de Pondichéry. Les marchés indiens sont en règle générale un vrai bonheur à visiter. Ils sont le poumon de la cité, lieux de rencontres et d’échanges, emprunts de tradition. On y découvre les habitudes culinaires du pays et le rythme de ses repas. Comme par exemple ici, un grand espace couvert d'une large bâche bleue, divisé en un dédale de petites allées, laissant la part belle à des couleurs et des odeurs enivrantes.  

  • Un éléphant bénit la population d’un coup de trompe, à l’entrée d’un temple | © Marion Brun
  • Une Indienne découpe le poisson au marché couvert de Pondichéry | © Marion Brun
  • Etal de crevettes dans un marché couvert de Pondichéry | © Marion Brun
  • Dans le marché couvert de Pondichéry, un étal de légumes et plantes aromatiques | © Marion Brun
Pondichéry est traditionnellement considéré comme le plus important comptoir du commerce colonial français.

Découvrir Pondichéry pendant la fête des moissons Pongal, l’une des célébration les plus importantes d'Inde du Sud, est une formidable opportunité. Durant cette période, représentant le début d’une nouvelle vie, d’une période propice, les gens décorent leurs intérieurs et le pas de leurs portes par des kolams, dessins plus ou moins complexes faits à la craie sur le sol. C’est ici que l’on fait la rencontre d’un couple nous invitant à participer chez eux à la célébration de Pongal.
Accueillis dans une jolie maison à l’extérieur du centre-ville, décorée très sobrement, on remarque un petit autel installé dans l’entrée, contrastant avec la sobriété de l’habitation. Ce dernier a droit à une faste décoration en l’honneur de huit dieux hindous.

Au centre de cet autel se trouve un petit étalage d’offrandes que la famille remplace régulièrement par des fruits frais ou des mets homemade. On assiste alors à plusieurs rites et prières réalisés par nos hôtes à l’intérieur et l’extérieur de la maison. L’encens brûle à mesure que se déroule la cérémonie avant que l'on soit invités à partager un plat sucré traditionnel pour cette fête : du riz bouilli avec du lait frais, mélangé à du sucre brun. C’est avec le fameux tikka, le point rouge sur le front, que l’on partira. De vrais initiés !

Armé du tikka, le fameux point rouge sur le front, on prend finalement congé de la famille en les remerciant chaleureusement. Cet accueil et cette bienveillance envers les voyageurs sont systématiques en Inde, rendant le voyage encore plus merveilleux.
On termine le séjour en profitant de la fraîcheur du soir qui s’installe sur la promenade en bord de mer, arpentée par les autochtones. Un calme particulièrement rare pour l’Inde règne ici..Une agréable pause avant de rentrer dans la ferveur citadine de Chennai.

  • Kolam : décoration à la craie pour Pongal | © Marion Brun
  • Kolam : décoration à la craie pour Pongal | © Marion Brun
  • Autel pour les divinités | © Marion Brun
  • Promenade dans la fraîcheur du soir à Pondichéry | © Marion Brun
Y aller

Si la ville n'est pas reliée directement depuis la France, de nombreux vols internes la desservent depuis les grandes villes indiennes, comme Mumbai ou New Delhi. La compagnie indienne Jet Airways offre ainsi de nombreuses correspondances via Mumbai et les grands hubs locaux pour à peine plus de 400 € en période creuse.

Quelques compagnies européennes, comme British Airways ou Lufthansa, proposent également des vols directs depuis l'Europe (Londres ou Francfort).

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