Tallinn pour les foodies en 3 adresses incontournables

A Tallinn, l'émergence d'une nouvelle scène culinaire

Capitale de l’Estonie, le plus petit des trois pays baltes, Tallinn n’a historiquement ni culture gastronomique locale, pas plus qu’importée. Il n’y a pas si longtemps encore, il était presque impossible de trouver une table digne de ce nom dans tout le pays. Et aller à Helsinki, de l’autre côté de la Baltique (1h40 de bateau seulement séparent les deux capitales) ou à Riga, à quelques de route n’y changeait rien. La gastronomie était tout simplement absent de cette région du monde.

Mais c’était sans compter sur l’émergence d’un mouvement que l’on appellera vite la Nouvelle Cuisine Nordique. René Redzepi le chef de Noma à Copenhague devient alors l’un des chefs les plus créatifs du monde, entraînant dans son sillage des dizaines de chefs talentueux en Scandinavie mais aussi aux Féroé, en Finlande et même… au Groenland.

C’est dans cette mouvance que s’inscrit l’ouverture de nombreuses tables de qualité dans la charmante capitale balte. Et au-delà de ce courant spécifique du nord de l’Europe, c’est le retour à l’essentiel prôné par des milliers de chefs à travers le monde, le fameux triptyque local/saisonnier/bio, qui influence la jeune garde estonienne.

Pour vous aider à vous y retrouver, nous avons sélectionné pour vous trois adresses incontournables de cette jeune et excitante scène culinaire tallinnoise. Ces trois tables ont en commun la qualité de leur cuisine bien sûr, mais offrent surtout une expérience complète. Le cadre, l’atmosphère, le niveau de service, l’authenticité de la démarche ou encore le rapport qualité-prix font partie des critères que nous avons retenus pour recommander ces restaurants.

1. Leib Resto : le plus bio

Le pitch

Le chef Janno Lepik et Kristjan Peäske, son associé sommelier, deux foodies estoniens convaincus ont ouvert en 2011 cette discrète table en bordure de la vieille ville. Leur credo ? Proposer une cuisine simple et accessible basée uniquement sur des produits locaux, de saison… et presque toujours bios. Ce qu’ils n’aiment pas ? Les plats prétentieux, le service guindé ou les additions trop salées.

L’assiette

Conformément au leitmotiv des deux compères, elle met exclusivement à l’honneur des produits bios, de saison et locaux : de la gourmande salade de canard servie en entrée au sandre de rivière en passant par le filet de bœuf ou le pain perdu en dessert. Une constance dans la cuisine de Janno Lepik : le plaisir de déguster de bons produits mis en avant à travers des compositions simples et bien pensées. Seuls les assaisonnements gagneraient à être plus précis mais rien de grave, rassurez-vous.

On n’oubliera pas, enfin, de goûter le délicieux pain noir (leib en estonien) fait maison et servi à la française.

Le cadre

L’hiver, on prend place dans une charmante salle au joli décor rustico-chic tandis que l’été, c’est dans un vaste jardin, à l’abri du passage de la rue, que Leib installe ses clients. Dans les deux cas, c’est réussi.

Les prix

8 à 10€ pour les entrées, 12 à 21€ pour les plats, 4,50€ à 6€ pour les desserts. Des prix plus que raisonnables pour un rapport qualité-prix sensationnel.

Pour qui ?

Pour tous les amateurs de cuisine gourmande et authentique. Les couples apprécieront le côté romantique des lieux alors que les groupes d’amis pourront profiter des bières maisons pour trinquer. L’atmosphère décontractée du restaurant en fait un lieu ouvert à toutes et à tous.

Le verdict

Pour déjeuner comme pour dîner, hiver comme été, on peut réserver chez Leib les yeux fermés. Bravo à Janno Kristjan et Kristjan Peäske !

2. Neh : le plus bistronomique

Le pitch

Inconnu du public français, le Padäste Manor est l’un des hôtels de luxe les plus célèbres d’Estonie. Ce resort intimiste situé sur l’île de Muhu au large des côtes estoniennes (3h30 de route depuis Tallinn) doit autant sa renommée au charme de son cadre qu’à la qualité de son restaurant gastronomique, Alexander, considérée comme l’une des meilleures tables du pays, si ce n’est de la Baltique !  

Neh est la version urbaine – et décontractée - d’Alexander avec aux commandes le même chef, le franco-danois Yves Le Lay, aussi sympathique que talentueux. En hiver, lorsque le manoir est fermé, il passe le plus clair de son temps à Tallinn derrière les fourneaux de Neh comme en salle, pour le plus grand plaisir des foodies locaux.

L’assiette

La carte courte imaginée par Yves Le Lay gravite autour de produits locaux et de saison. En hiver, on retrouvera ainsi à la carte du bœuf (filet ou joue), de la poitrine de porc, du sandre ou de la caille. Côté accompagnements, les baies et les champignons se taillent la part du lion.

Comme chez Leib, on retrouve une certaine forme de simplicité et de sincérité dans l’assiette qui ne peut que séduire. La caille est par exemple servie entière, à décortiquer soi-même plutôt que désossée. Sans chichis et diablement bon.

Le cadre

Il est surprenant. Du moins, au premier abord. Qui s’attendrait à trouver l’une des meilleures tables de la ville coincée entre une station-service et un magasin d’alcool, le tout à deux pas du port ? Pourtant, derrière ce lieu a priori peu engageant se cache des intérieurs chaleureux et conviviaux, particulièrement agréables pour les froides soirées d’hiver.

Mention spéciale au service, aussi efficace que souriant. Bien des restaurants français devraient s’en inspirer.

Les prix

7 à 13€ pour les entrées, 12 à 24€ pour les plats, 7€ pour les desserts : plus de doutes, on peut très bien manger en Estonien sans se ruiner !

Pour qui ?

Avec ses allures de néo bistrot chic et festif, Neh séduit un public gourmet et exigeant, toutes classes d’âge confondues.

Le verdict

Si vous souhaitez échapper aux adresses touristiques de la vieille ville, Neh est sans aucun doute l’adresse à ne pas manquer. Si vous souhaitez tout simplement découvrir une cuisine typique et contemporaine, gourmande et sans prétentions, Neh est aussi fait pour vous.

Si vous avez la chance d’être 4 ou 5, n’hésitez pas à réserver la table du chef, disposée en hauteur face à la cuisine d’Yves Le Lay et de sa brigade. L’occasion de voir le maître des lieux en action… et de tailler la bavette avec lui.

3. Cru : le plus gastronomique

Le pitch

Installé dans la très passante Viru, la rue reliant la vieille ville à la ville nouvelle, Cru est à la fois un boutique hotel de charme et un restaurant gastronomique. Si l’hôtel est confortable et charmant, c’est surtout par son restaurant que Cru se distingue. Derrière les vitres donnant se cache en effet l’une des plus belles tables de Tallinn, emmenée par le talentueux Dmitri Haljukov qui a fièrement représenté l’Estonie aux Bocuse d’Or 2015.

L’assiette

Des trois adresses que nous recommandons, les assiettes sortant des cuisines de Dmitri Haljukov sont les plus abouties, aussi bien visuellement que gustativement. Des produits, pour la plupart locaux et le plus souvent excellents, aux recettes en passant par les cuissons et les assaisonnements, tout est appétissant, convaincant, précis.

Le chevreuil qu’il nous a été donné de goûter vaut, par exemple, bien des plats de restaurants étoilés !

Le cadre

Plus classique et aussi plus formel, il n’en reste pas moins chic et confortable pour déjeuner mais surtout pour dîner, l’éclairage tamisé de l’élégante salle à manger donnant un cachet romantique au restaurant.
L’été on pourra profiter des terrasses du restaurant pour manger al fresco.

Seul le service, professionnel mais un peu distant, nous a moins enthousiasmés.

Les prix

8 à 15€ pour les entrées, 12 à 24€ pour les plats, 6 à 7€ pour les desserts. On est très légèrement plus cher que chez Leib ou Neh mais le rapport qualité-prix est indéniablement fantastique.

Pour qui ?

Le soir, le restaurant séduira les couples à la recherche d’une ambiance romantique tandis qu’au déjeuner – ou en terrasse – l’atmosphère se fait plus mélangée.

Le verdict

La cuisine de Dmitri Haljukov fait à elle seule de Cru une table incontournable de la capitale estonienne. Tous les gourmets pourront s’y précipiter sans hésiter.